Océan
Indien / textes réunis et présentés
par Serge
Meitinger et J.-C. Carpanin Marimoutou. - Paris : Omnibus,
1998. -
XX-1096 p. ; 20 cm.
ISBN
2-258-04918-0
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Parny
(…) est Créole en France et Parisien à
Bourbon,
toujours
étranger à ses contemporains, mais
fidèle à lui-même.
☐ Catriona
Seth, « Evariste
Parny (1753-1814) : Créole,
révolutionnaire, académicien », p. 294 |
Evariste
Parny est né en 1753 à La Réunion
où il a vécu dix ans avant d'embarquer
pour la France. Il n'a jamais mis le pied à Madagascar, mais
au temps de sa jeunesse créole il n'a pas
manqué d'occasions de rencontre avec le monde
malgache :
les esclaves originaires de la Grande Île étaient
nombreux
à La Réunion.
Les Chansons madécasses
ont été écrites pendant ou
immédiatement
après le second et dernier retour de Parny sur son
île
natale (1786-1787). Ces courts poèmes en prose
— qui
comptent parmi les premiers du genre dans la littérature
française — expriment une vraie nostalgie
du monde
des îles. On y trouve une violente charge anticoloniale, dans
une
tonalité proche du Supplément au voyage
de Bougainville de Diderot, et
l'éloge d'une civilisation primitive, raffinée et
empreinte de sensualité.
Très
appréciées du vivant de leur auteur, Les Chansons madécasses
ont retenu plus tard l'attention de Baudelaire. Mais c'est à
Maurice Ravel qu'elles doivent une seconde vie. Le compositeur a mis en
musique la cinquième et la douzième
chansons,
avant de compléter le cycle en y ajoutant la
huitième chanson.
Suite aux premières
représentations du cycle (1926), des
“ patriotes ” ont violemment
critiqué les
sentiments exprimés par le
poète et le
musicien. Plus récemment, les Chansons
madécasses ont
été traduites en créole
réunionnais (par
Axel et Robert Gauvin) et en malgache (par Serge Rodin).
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EXTRAITS |
Chanson
5
Méfiez-vous des blancs, habitants du rivage. Du
temps de
nos pères, des blancs descendirent dans cette
île ;
on leur dit : Voilà des terres ; que vos
femmes les
cultivent. Soyez justes, soyez bons, et devenez nos frères.
Les
blancs promirent, et cependant ils faisaient des retranchements. Un
fort menaçant s'éleva ; le tonnerre fut
renfermé dans des bouches d'airain ; leurs
prêtres
voulurent nous donner un Dieu que nous ne connaissions pas ;
ils
parlèrent enfin d'obéissance et
d'esclavage :
plutôt la mort ! Le carnage fut long et
terrible ; mais malgré la foudre qu'ils vomissaient
et qui
écrasait des armées entières, ils
furent tous
exterminés. Méfiez-vous des blancs.
(…)
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Chanson
8
Il est doux de se coucher durant la chaleur sous un arbre
touffu,
et d'attendre que le vent du soir amène la
fraîcheur.
Femmes,
approchez. Tandis que je me repose ici sous un arbre touffu, occupez
mon oreille par vos accents prolongés ;
répétez la chanson de la jeune fille, lorsque ses
doigts
tressent la natte ou lorsqu'assise auprès du riz, elle
chasse
les oiseaux avides.
Le
chant plaît à mon âme ; la
danse est pour moi
presque aussi douce qu'un baiser. Que vos pas soient lents, qu'ils
imitent les attitudes du plaisir et l'abandon de la volupté.
Le
vent du soir se lève ; la lune commence
à briller au
travers des arbres de la montagne. Allez, et préparez le
repas.
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Chanson
12
(…)
Elle
vient. J'ai reconnu la respiration précipitée que
donne
une marche rapide ; j'entends le froissement de la pagne qui
l'enveloppe : c'est elle, c'est Nahandove, la belle
Nahandove !
Reprends
haleine, ma jeune amie ; repose-toi sur mes genoux. Que ton
regard
est enchanteur ! que le mouvement de ton sein est vif et
délicieux sous la main qui le presse ! Tu souris,
Nahandove, ô belle Nahandove !
Tes
baisers pénètrent jusqu'à
l'âme ; tes
caresses brûlent tous mes sens : arrête,
ou je vais
mourir. Meurt-on de volupté, Nahandove, ô belle
Nahandove ?
(…)
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- «
Chansons madécasses » [trad. en
français par M. le
chevalier de P…], Londres et Paris : chez Hardouin
et Gattey,
1787
|
- « Chansons
madécasses », in Je vous écris d'un
pays lointain, Paris : Fario (La
Bibliothèque des impardonnables, 5), 2017
- « Chansons
madécasses » in Œuvres
complètes éd. par
Gwenaëlle Boucher (vol. 3), Paris :
L'Harmattan, 2010
- « Chansons
madécasses »,
Saint-Pierre-d'Oléron : Opoto, 2009
- « Chansons
madécasses = Douz shanté
Madégaskar » tradïksion en
kréol
rényoné, Axel èk Robert Gauvin, Saint
Denis (La
Réunion) : UDIR (Bor-an-bor), 2005
- « Hira
malagasy » Chansons
madécasses trad. en malgache par Serge-Henri
Rodin, Saint-Denis (La Réunion) : Grand
océan, 2002
- « Chansons
madécasses » ill. par Cyrille Bartolini,
Fontfroide : Fata Morgana (Bibliothèque
artistique et littéraire),
2001
|
- Catriona
Seth, « Evariste Parny
(1753-1814) : Créole,
révolutionnaire,
académicien », Paris : Hermann,
2014
|
♫ LA MUSIQUE SUR LE SITE DES LITTÉRATURES
INSULAIRES ♫
La
musique est encore insuffisamment représentée sur
le site
des
littératures insulaires. Ne sont
rappelés ici que les
références d'ouvrages déjà
présentés (ou qui le seront prochainement).
|
- Mimi
Barthélémy, « Dis-moi des chansons
d'Haïti », Paris :
Kanjil, 2007, 2010
- François
Bensignor (dir.), « Kaneka, musique en
mouvement », Nouméa : Poemart,
ADCK, 2013
- Philippe
Blay, « L'opéra de Loti, L'île du rêve
de
Reynaldo Hahn », in Supplément au
Mariage de Loti,
Papeete : Sté
des Études Océaniennes
(Bulletin, 185-287), 2000
- Etienne
Bours, « La musique irlandaise »,
Paris : Fayard (Les Chemins de la musique), 2015
- Alejo
Carpentier, « Chasse
à l'homme », Paris :
Gallimard (La Croix du sud, 19), 1958
- Philippe-Jean
Catinchi, « Polyphonies corses »,
Arles : Actes sud, 1999
- Antoine
Ciosi, « Chants
d'une terre - Canti di una terra : 40
ans de chanson corse », Ajaccio :
DCL éditions,
2002
- Jean-Yves Clément, « Le retour de Majorque, Journal de Frédéric Chopin », Paris : Le Passeur, 2022
- Christophe Corbier, Vassiliki Mavroidakou-Castellana et
Panagiota Anagnostou (dir.), « Le voyage des musiciens : deux siècles
d'échanges franco-grecs », Paris : In Fine, 2021
- Jude
Duranty, « Zouki : d'ici
danse », Matoury (Guyane) : Ibis rouge, 2007
- Laurent
Feneyrou (dir.), « Silences de l'oracle :
autour de
l'œuvre de Salvatore Sciarrino »,
Paris : Centre
de documentation de la musique contemporaine, 2013
- Jean-Louis
Florentz, « Enchantements
et merveilles, aux sources de mon
œuvre », Lyon :
Symétrie, 2008
- Emmanuel
Genvrin, « Séga
Tremblad », Paris :
L'Harmattan (Théâtre des 5 continents), 2000
- Stéphane
Héaume, « Dernière valse
à Venise », Paris :
Serge Safran, 2017
- Felipe
Hernández, « La partition »,
Lagrasse : Verdier, 2008
- Adrien
Le Bihan, « George
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- Isabelle
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et la musique cubaine », Paris :
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- Yu
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Réunion) : Azalées, 2006
- Eduardo
Manet, « Maestro ! »,
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- Michèle
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- Richard Wagner, « Ma vie » vol. III — 1850-1864, Paris : Plon, 1912
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mise-à-jour
: 6 octobre 2022 |
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