Tahar Bekri

Mûrier triste dans le printemps arabe

Al Manar

Neuilly-sur-Seine, 2016
bibliothèque insulaire
   
Méditerranée

parutions 2016

Mûrier triste dans le printemps arabe / Tahar Bekri ; ill. de Jean-Michel Marchetti. - Neuilly-sur-Seine : Al Manar, 2016. - 71 p. : ill. ; 22 cm.
ISBN 978-2-36426-064-1
Mais fixe tes yeux dans le gouffre
car nous nous approchons
de la rivière de sang
où bouillent tous ceux
qui ont fait violence aux autres

Dante, L'Enfer, Chant XI — cité en épigraphe, p. 7

Tahar Bekri n'a pas oublié son enfance et l'enchantement des
matins d'albâtre dans la palmeraie de Gabès. Puis il a connu les cachots de Bourguiba et l'exil politique en France — après avoir traversé la Méditerranée en sécurité … C'était hier, avant le printemps arabe et les milliers d'enfants, de femmes et d'hommes déterminés à tout risquer pour traverser le canal de Sicile en espérant voir s'ouvrir les portes des villes repues sur la terre d'Europe.
Répondant à une invitation du peintre et sculpteur Marco Nereo Rotelli en charge d'un projet artistique sur l'île de Lampedusa, Tahar Bekri exprime son désespoir à la pensée de ses sœurs et frères noyés dans l'indifférence pour avoir rêvé d'une vie meilleure. Le poème intitulé Lampedusa est une adresse vibrante de rage — et de l'espoir d'un ressaisissement — à tous les Européens qui trahissent leurs valeurs : fraternité, charité chrétienne (!), humanisme …

Fruit d'une errance autour du monde, le recueil s'attarde sur les lieux où prospère le déni d'humanité — quand les nantis oublient ceux à qui manque l'essentiel, le limon / fertile et fraternel. D'autres îles ont leur place dans cette traversée de la Nuit : Cuba, Haïti, ou la Martinique d'Aimé Césaire. Aimé Césaire,
“ Volcan noir pour féconder la terre toute la terre
“ Palmier debout pour bercer la mer ”.
EXTRAIT Lampedusa

Si ta main se ferme comme la pierre
Si ton olivier fait peur aux oiseaux
Si ta porte est un rideau de fer
Si ta cloche est sourde aux cris de la mer
Si l'horizon remplit ton cœur d'épouvantails
Si ta carabine tire sur les radeaux de fortune

Comment peux-tu honorer la terre ?

Si ton cactus ne sait donner que des épines
Si ton muret est une frontière pour les rapaces
Si ta vigne ne partage pas ses raisins
Si ton rivage vomit les corps anonymes
Si ton cimetière ne vaut pas une prière
Si ton rêve est une mouette empaillée

Comment peux-tu aimer la liberté ?

p. 37
COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • Tahar Bekri, « Le cœur rompu aux océans », Paris : L'Harmattan (Ecritures arabes), 1988
  • Tahar Bekri, « Les songes impatients », Montréal : L'Hexagone (En tous lieux), 1997 ; Nancy : Aspect (Da capo), 2004
  • Tahar Bekri, « La brûlante rumeur de la mer », Neuilly-sur-Seine : Al Manar (Poésie du Maghreb), 2004
  • Tahar Bekri, « Le livre du souvenir », Tunis : Elyzad, 2007, 2016
  • Tahar Bekri, « La nostalgie des rosiers sauvages » ill. d'Annick Le Thoër, Neuilly-sur-Seine : Al Manar (Poésie), 2014
  • Tahar Bekri, « Mûrier triste dans le printemps arabe » ill. de Jean-Michel Marchetti, Neuilly-sur-Seine : Al Manar, 2016
  • Tahar Bekri, « Par-delà les lueurs » ill. d'Annick Le Thoër, Neuilly-sur-Seine : Al Manar (Poésie), 2021
  • Najib Redouane (dir.), « Tahar Bekri », Paris : L'Harmattan (Autour des écrivains maghrébins), 2003
  • Emna Tounsi et Mustapha Trabelsi (dir.), « La géopoétique de l'œuvre de Tahar Bekri », Sfax : Med Ali (Laridiame), 2020
site internet de Tahar Bekri
  • Pietro Bartolo et Lidia Tilotta, « Les larmes de sel », Paris : JC Lattès, 2017
  • Patrick Chamoiseau, « Frères migrants », Paris : Seuil, 2017
  • Philippe Claudel, « L'archipel du Chien », Paris : Stock, 2018
  • Louis-Philippe Dalembert, « Mur Méditerranée », Paris : Sabine Wespieser, 2019
  • Ananda Devi, « Ceux du large », Paris : Bruno Doucey, 2017
  • Davide Enia, « La loi de la mer », Paris : Albin Michel, 2018
  • Fabrizio Gatti, « Bilal : sur la route des clandestins », Paris : Liana Levi, 2008
  • Annelise Heurtier, « Refuges », Bruxelles : Casterman, 2015
  • Fabienne Kanor, « Faire l'aventure », Paris : JC Lattès, 2014
  • Maylis de Kerangal, « A ce stade de la nuit », Paris : Gallimard, 2015
  • Emma-Jane Kirby, « L'opticien de Lampedusa », Ste Marguerite-sur-Mer : Les Équateurs, 2016
  • Antonin Richard, « Ce matin la mer est calme, journal d'un marin sauveteur en Méditerranée », Ronchin : Les Etaques, 2020
  • José Saramago, « Le Cahier : textes écrits pour le blog, septembre 2008-mars 2009 », Paris : Le Cherche midi, 2010
  • Mohamed Mbougar Sarr, « Silence du chœur », Paris : Présence africaine, 2017
  • Eric Valmir, « Pêcheurs d'hommes », Paris : Robert Laffont, 2018
  • Jean Ziegler, « Lesbos, la honte de l'Europe », Paris : Seuil, 2020

mise-à-jour : 28 octobre 2021
Tahar Bekri, poète tunisien
honoré par l'Académie française (2019)
Tahar Bekri : Mûrier triste dans le printemps arabe
ill. de couverture : Jean-Michel Marchetti
   ACCUEIL
   BIBLIOTHÈQUE INSULAIRE
   LETTRES DES ÎLES
   ALBUM : IMAGES DES ÎLES
   ÉVÉNEMENTS

   OPINIONS

   CONTACT


ÉDITEURS
PRESSE
BLOGS
SALONS ET PRIX