Le livre du souvenir / Tahar
Bekri. - Tunis : Elyzad, 2007. - 233 p. ;
21 cm.
ISBN
9973-58-006-0
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Si
je suis de terre elle est toute mon pays
Et
tous les humains sont mes proches.
☐ Abou
al-Arab Assiquili, poète arabe de Sicile, XIe siècle
cité
en épigraphe, p. 9 |
À
Palerme où il débarque au fil d'une
itinérance
ponctuée d'escales insulaires
— Haïti en
compagnie de Jean Métellus, Madagascar, la Martinique
où
Aimé Césaire s'apprête à
fêter ses
quatre-vingt-treize ans, Venise) —, Tahar Bekri ne
peut que
donner à son livre
du souvenir une
portée nouvelle, élargie, plus dense et plus
riche. Sur
cette terre de rencontre et de confrontation entre islam et
chrétienté, les impressions du visiteur se
fondent dans
un dialogue engagé depuis plus de dix siècles.
Ici,
êtres et lieux avivent à chaque pas la
mémoire de
cette « histoire tissée comme une toile
où
chaque dynastie, chaque pouvoir a voulu marquer son passage, non sans
tenter d'effacer le souvenir de l'autre » (p. 187). Si les
traces
laissées par l'homme n'y suffisaient pas, c'est la nature
qui
contraindrait le visiteur à poursuivre l'échange
— comment ne pas répondre à
l'appel de ces
palmiers, de ces magnolias ? « Ce sont les
mêmes
arbres que l'on voit à Tunis »
(p. 186).
De
Palerme à Messine, orangers, mandariniers, pins, palmiers,
figuiers de Barbarie bordent la voie de chemin de fer ; le
voyage
se fait dans le temps autant que dans l'espace :
« Ce
jardin qui s'étale à perte de vue est un pan du
paradis.
Je comprends mieux la poésie arabe de Sicile. Heureux de
traverser cette
lumière … »
(p. 193).
❙ |
Poète
né en 1951 à Gabès, en Tunisie, Tahar
Bekri
écrit en français et en arabe. Il a
publié une
vingtaine d'ouvrages (poésie, essais, livres d'art). Son
œuvre est traduite dans différentes langues. Il
vit
à Paris où il est maître de
conférences
à l'université de Paris X-Nanterre. |
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EXTRAIT |
Sicile, Palerme
4 février 2006
Dans la nuit
apaisée
comme un désir de caresse
La rose épanouie
ouvre ses pétales
brûlée de tendresse
Être à Palerme, c'est poursuivre un
voyage dans
l'Histoire, naviguer dans la mémoire, lointaine et
proche !
J'ai le sentiment très fort que cette terre ne m'est pas
étrangère. À cause,
peut-être, de tous ces
poètes arabes qui ont décrit ses paysages,
chanté
ses jardins, qui me l'ont rendue familière. La
poésie
d'Ibn Hamdis est bouleversante par sa nostalgie de la Sicile qu'il
quitte sur le chemin de l'exil vers Sfax, ensuite vers l'Andalousie, un
peu plus tard. Terre quittée dans la douleur et les larmes,
au
moment de la reconquête chrétienne, terre
aimée,
terre regrettée. (…) Et si l'Andalou, Ibn Jubayr
(1145-1217) dans sa Rihla,
sa
relation de voyage, a des mots très durs à
l'égard
de la chrétienté qui reprend la Sicile, les
poètes
comme Abou al-Arab Assiquili, Ibn Qalaquès al-Iskandari,
eux,
n'ont cessé de chanter l'île, le bonheur d'y vivre.
Enfin, je suis à Palerme.
☐ pp. 183-184 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Le
livre du souvenir : dans la beauté du monde et sa
fureur » nouvelle édition
augmentée, Tunis :
Elyzad (Elyzad poche), 2016
|
- « Le
cœur rompu aux océans »,
Paris : L'Harmattan (Ecritures
arabes), 1988
- « Les
songes impatients », Montréal :
L'Hexagone (En tous lieux), 1997 ; Nancy : Aspect (Da capo),
2004
- « La
brûlante rumeur de la mer »,
Neuilly-sur-Seine : Al Manar (Poésie
du Maghreb), 2004
- « La
nostalgie des rosiers sauvages » ill. d'Annick Le
Thoër, Neuilly-sur-Seine : Al Manar (Poésie),
2014
- «
Mûrier
triste dans le printemps arabe » ill. de
Jean-Michel Marchetti, Neuilly-sur-Seine : Al Manar, 2016
- « Par-delà les lueurs » ill. d'Annick Le
Thoër, Neuilly-sur-Seine : Al Manar (Poésie),
2021
|
- Najib
Redouane (dir.), « Tahar Bekri »,
Paris :
L'Harmattan (Autour des écrivains maghrébins),
2003
- Emna
Tounsi et Mustapha Trabelsi (dir.), « La
géopoétique de l'œuvre de Tahar
Bekri »,
Sfax : Med Ali (Laridiame), 2020
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site internet de Tahar Bekri |
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mise-à-jour : 28 octobre 2021 |
Tahar
Bekri, poète tunisien
honoré par l'Académie française (2019) |
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ill.
de couverture : Annick Le Thoër |
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