Refuges / Annelise Heurtier. - Bruxelles : Casterman, 2015. - 233 p. ; 22 cm. ISBN 978-2-2030-9109-2
|
NOTE
DE L'ÉDITEUR :
Été
2006. À l'occasion des grandes vacances, Mila, jeune italienne
de 17 ans, revient avec ses parents sur l'île de Lampedusa, dans
la grande maison familiale un peu défraîchie où
elle n'est plus revenue depuis ses dix ans. L'ambiance est pesante,
hantée par le souvenir obsédant du petit frère de
Mila, Manuele, emporté par la maladie alors qu'il n'avait que
quelques mois. Pourtant Milla parvient peu à peu à
retrouver de l'allant, grâce aux décors enchanteurs de
l'île et à la présence réconfortante de
Paola, une étudiante rayonnante un peu plus âgée
qu'elle, qui l'a prise sous son aile.
Lampedusa, que l'on
surnomme “ l'île du Salut ”,
démontre une fois de plus les vertus bénéfiques de
ses atmosphères paradisiaques. Mais du paradis à l'enfer,
tout n'est peut-être qu'affaire de perspective. Car à
quelques kilomètres seulement, c'est un tout autre drame qui se
joue : entassés dans un Zodiac misérable, fugitifs
de leur propre pays après avoir risqué mille morts et
enduré mille souffrances, une demi-douzaine de jeunes
Erythréens dont les voix et les souvenirs ponctuent l'histoire
de Mila jouent leur existence sur une mer
déchainée … ❙ | Annelise
Heurtier est née en 1979 dans la région lyonnaise. Elle
écrit pour les premiers lecteurs et les adolescents. Souvent
inspirée de faits réels, ses textes sont autant de
prétextes au voyage et à la découverte culturelle.
En 2014, elle vit à Tahiti avec son ami et ses enfants. |
|
EXTRAIT |
À
quelques kilomètres de là, la chapelle du sanctuaire de
Porto Salvo bruissait déjà de prières
chuchotées avec force et du cliquetis des pièces tombant
dans le tronc à côté du porte-cierge en laiton
sculpté.
La vie s'était à nouveau
fracassée sur l'île du Salut. Et les exhalaisons de ce
petit matin d'été étaient glacées.
Pendant la nuit, Guido Pambianchi, capitaine du chalutier Altaïr III, avait repéré un Zodiac à la dérive. Ses hommes et lui l'avaient accosté.
Dans
le bateau abandonné, la lumière de leur projecteur avait
dessiné le contour de sept silhouettes. Trois étaient
inconscientes, mais vivantes. Un jeune homme à demi
couché sur le caoutchouc du Zodiac, portant un fin bracelet de
laiton au poignet droit. Un couple encore enlacé, les bras
repliés sur le ventre de la jeune fille. Un ventre
légèrement arrondi autour d'une esquisse de vie.
Malgré
des désaccords musclés au sein de son équipage,
Guido Pambianchi n'avait pas hésité longtemps avant de
prendre sa décision […]. Il s'agissait d'êtres
humains. Qu'on ne vienne pas lui dire que la loi (1) avait quoi que ce
soit à voir avec ça.
Les trois rescapés
furent évacués à l'hôpital de Palerme sans
que l'on connaisse leur histoire, ou simplement leur prénom.
☐ pp. 227-228
(1) | Votée
en 2002, la loi Bossi-Fini opère un durcissement des conditions
d'accueil des migrants en Italie. Entre autres mesures, elle conduit
à la mise en place de poursuites judiciaires pour toute
personne, notamment les pêcheurs, qui, recueillant un migrant, se
retrouve de fait complice d'immigration illégale. — NdA |
|
|
COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Pietro Bartolo et Lidia Tilotta, « Les larmes de sel », Paris : JC Lattès, 2017
- Tahar Bekri,
« Lampedusa »
in Murier triste dans
le printemps arabe, Neuilly-sur-Seine : Al
Manar, 2016
- Louis-Philippe
Dalembert, « Mur
Méditerranée »,
Paris : Sabine Wespieser, 2019
- Emma-Jane
Kirby, « L'opticien
de Lampedusa », Ste
Marguerite-sur-Mer : Les Équateurs, 2016
|
|
|
|
mise-à-jour : 18 août 2020 |
|
|
|
|