Faire l'aventure / Fabienne
Kanor. - Paris : JC Lattès, 2014. -
363 p. ; 21 cm.
ISBN
978-2-7096-4363-4
|
A
Tenerife comme à Lampedusa, entre Afrique et Europe, deux
flux
se croisent : touristes venus du nord trouver chaleur,
divertissement et plaisirs faciles ; migrants du sud
poussés par la nécessité et aspirant
à de
meilleurs conditions de vie en Europe qu'ils perçoivent
comme
une terre promise.
C'est le
vaste décor d'une histoire
d'espoirs et d'amours contrariées. A l'adolescence,
Marème et Biram ont rêvé d'une Europe
brillante et
accueillante. Chacun de son côté a
quitté le
Sénégal, déterminé
à
infléchir le destin, à faire l'aventure.
Mais le chemin de Marème s'est enlisé
à Rome dans
la routine d'un mariage médiocre, pendant que Biram
affrontait
constamment obstacles et désillusions.
Les deux
chemins
se croisent un jour, en Sicile. Mais il est trop tard, et la rencontre
restera sans suite — belle promesse
déçue,
à l'image de l'impossible solidarité entre
Afrique et
Europe.
❙ |
Née
en 1970 à Orléans de parents martiniquais,
Fabienne Kanor
a fait des études de lettres modernes, sociolinguistique et
communication avant de travailler pour la
télévision, la
radio et la presse écrite. |
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EXTRAIT |
La
dernière fois que j'ai mis les pieds à Las
Palmas,
c'était pour assister à un enterrement. On
était
une dizaine dans le cimetière. Des copains, un imam et les
représentants d'une association qui défend les
droits des
migrants. Normalement, quand quelqu'un décède
chez nous,
on fait sa toilette pour le purifier et l'imam récite la
Prière des Morts. Tout le monde prie devant le cercueil
ouvert
pour rendre hommage au défunt et à sa famille.
Mais cette
fois-là, c'était différent. Personne
ne parlait
parce que personne ne connaissait les noms des deux gars qui
étaient morts. En me promenant dans le cimetière,
j'ai
remarqué que certaines tombes étaient nues. Pas
de nom,
pas de Always
in our memory, pas
de Tu
familia. Absolument
rien dessus. Ce jour-là, j'ai su que c'était
là-dedans qu'on fourrait les cadavres des aventuriers
lorsqu'on
ignorait comment ils s'appelaient. Cette histoire-là,
personne
ne la connaît au Sénégal.
Là-bas, quand un
jeune qui a pris la pirogue disparaît, on dit qu'il a atterri
au
Brésil ou au Cap-Vert. Même les mamans, elles
croient
ça, et dès que le téléphone
sonne et que
ça grésille, elles pensent que c'est leur fils
qui
appelle et qu'il est loin. Les gens de chez moi rêvent
beaucoup.
On nous a toujours appris que si Dieu a créé
l'homme pour
vingt jours, c'est pour vingt jours seulement. Mais quand
même,
quitter son pays en héros et mourir comme un chien, c'est
pas un
destin.
☐
Tenerife, pp. 221-222 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « D'eaux
douces », Paris : Gallimard (Continents noirs), 2003
- « Humus »,
Paris : Gallimard (Continents
noirs), 2006
— Prix RFO 2007
- « Les
chiens ne font pas des chats », Paris :
Gallimard (Continents noirs), 2008
- « Anticorps », Paris : Gallimard (Continents noirs),
2010
- « Je
ne suis pas un homme qui pleure », Paris :
JC Lattès, 2016
|
Sur le site « île en
île » : dossier Fabienne
Kanor |
- Pietro
Bartolo et Lidia Tilotta, « Les larmes de sel », Paris :
JC Lattès, 2017
- Tahar Bekri,
« Lampedusa »
in Murier triste dans
le printemps arabe, Neuilly-sur-Seine : Al
Manar, 2016
- Patrick
Chamoiseau, « Frères
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- Philippe
Claudel, « L'archipel
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- Louis-Philippe
Dalembert, « Mur
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Paris : Sabine Wespieser, 2019
- Ananda Devi,
« Ceux du large », Paris : Bruno Doucey, 2017
- Davide Enia,
« La loi de la mer »,
Paris : Albin Michel, 2018
- Fabrizio
Gatti, « Bilal : sur la route des
clandestins », Paris : Liana
Levi, 2008
- Maylis de
Kerangal, « A ce stade de la
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- Emma-Jane
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- Antonin
Richard, « Ce matin la mer est calme, journal d'un marin
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- José
Saramago, « Le Cahier :
textes écrits pour le blog, septembre 2008-mars 2009 »,
Paris : Le Cherche midi, 2010
- Mohamed
Mbougar Sarr, « Silence du chœur », Paris : Présence africaine,
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- Eric Valmir,
« Pêcheurs d'hommes »,
Paris : Robert Laffont, 2018
- Jean
Ziegler, « Lesbos, la honte de
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|
- Le Monde, 6-7
octobre 2019, Cécile Duflot : A Lesbos, un mort de trop et une
honte pour l'Europe
- ActuaLitté, 9
juillet 2018, Andrea Camilleri : Autour de Salvini, des relents
fascistes façon Mussolini
- Festival Etonnants Voyageurs,
20 mai 2018 : Construire un principe
d'hospitalité opposable aux états
- Le Monde, 13
octobre 2016, Leoluca
Orlando maire de Palerme : “ J'ai honte
d'être européen ”
- Le Monde, 23
janvier 2016, Maryline Baumard : Giusi Nicolini, Antigone moderne
- Le Monde, 9
octobre 2013, Fabrizio Gatti : Lampedusa doit être
candidate au prix Nobel de la paix 2014
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mise-à-jour : 9 juin 2021 |
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