Les
larmes de sel / Pietro Bartolo et Lidia Tilotta ;
avec la
collaboration de Giacomo Bartolo ; trad. de l'italien par Mac
Lesage. - Paris : JC Lattès, 2017. -
235 p. ;
21 cm.
ISBN 978-2-7096-5972-7
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Lampedusa,
entre la Sicile et la côte africaine, est à
l'avant-poste
dans le combat sans fin mené pour arracher aux trafiquants
et
aux dangers de la mer les femmes les hommes et les enfants qui fuient
la mort et la misère en Afrique. Sur l'île, on
ignore la
différence entre migrants
économiques et réfugiés !
L'humanité et l'urgence commandent — de tendre la
main
à qui se noie, de nourrir, d'héberger, de soigner
et si
possible de réconforter : “ il
est hors de
question d'abandonner quelqu'un à la merci des flots. C'est
inenvisageable. Telle est la loi de la mer, et nul ne peut
l'enfreindre. Voilà pourquoi les pêcheurs ont
refusé d'obéir quand l'État italien a
interdit de
prendre des migrants à bord d'un bateau. Ce qui leur a valu
de
finir au tribunal ” (p. 130).
Le témoignage de Pietro Bartolo donne la mesure de l'ampleur
de la tâche — en vingt-cinq ans près de trois cent
mille personnes ont été examinées,
secourues et soignées dans
l'île (p. 194) — et celle des
énergies
déployées pour y répondre jour
après jour.
En 2008, sur un promontoire qui fait face à la mer, a
été érigée une Porte de l'Europe
“ sculpture qui symbolise la main tendue des
Lampedusains
à ceux qui tentent [la] longue
traversée ”
(p. 169). Dans l'île se maintiennent
l'humanité et
l'honneur d'un continent dont les dirigeants, et une trop grande part
de la population, se complaisent dans l'indifférence, au
mieux
et, au pire, dans un monstrueux déni de
responsabilité.
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NOTE
DE L'ÉDITEUR :
L'histoire de Pietro Bartolo se mêle aux destins
désespérés et bouleversants de
nombreux migrants
qui, fuyant la guerre ou la faim, ont survécu à
un
terrible voyage à travers le désert
malgré les
agressions et les brutalités, puis ont vu mourir leurs
proches
en mer, mais ne se résignent pas et aspirent avec
détermination à recommencer une nouvelle vie en
Europe.
Il y a
aussi ceux qui arrivent dans des sacs verts. Et parmi ceux-ci des
enfants …
Voici
les histoires d'Hassan et de son frère paralysé,
de Sama
et de son chat, de Mustafa et de la petite Favour et de tant d'autres
héros … Autant d'histoires poignantes
qui se
plantent irrémédiablement dans nos
cœurs.
La
souffrance du médecin Pietro Bartolo, son sentiment
d'impuissance parfois, sa rage toujours, son effarement, son
désarroi deviennent les nôtres, tout comme sa joie
et sa
stupeur devant la force invincible de la vie.
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EXTRAIT |
Un
jour, une journaliste m'a raconté que, à une
époque où la Méditerranée
n'était
pas encore à feu et à sang, elle
s'était rendue de
l'autre côté de la mer, dans des villages perdus
au milieu
de nulle part, pour recueillir et rapporter l'histoire des familles que
ces jeunes avaient laissé derrière eux. Des
familles qui
vivaient dans des maisons faites de briques et de boue,
obligées
d'attendre des jours, des semaines et parfois des mois avant de
recevoir des nouvelles des leurs. Des familles qui, bien souvent,
n'avaient plus que les photos, accrochées les unes
à
côté des autres sur les murs en torchis, des
visages
souriants de ces gamins qui avaient terminé leur voyage au
fond
d'un cercueil. Des photos qui faisaient fondre en larmes des femmes
très jeunes, restées seules avec leur
bébé,
et des mères qui avaient vu leurs enfants partir du jour au
lendemain.
Dans
ces villages fantômes, il ne restait que des vieux, des
femmes et
des enfants. Comme si la guerre était passée par
là. Mais la guerre n'avait rien à voir
là-dedans,
il ne s'agissait que de pauvreté absolue, une
misère qui
empêchait les habitants de ces régions de nourrir
leurs
enfants. Alors qu'on ne vienne pas me parler de la prétendue
différence entre migrants économiques et
réfugiés. Car ce raisonnement, dont les
médias se
font l'écho, a le don de me mettre en colère.
Dans
ces villages, il y avait aussi des gens fiers de raconter que leurs
enfants avaient eu raison de tenter l'aventure, car ils
étaient
parvenus à s'offrir une existence meilleure. Dans certains
cas,
ils étaient même revenus pour
« reverser » cet
« investissement » et en faire
profiter leurs
proches.
Je vois beaucoup de ces jeunes sur le quai. J'en croise
au centre d'accueil, mais aussi au village. Chaque fois qu'ils sortent
se promener, ils veillent toujours à ne pas
déranger les
gens, à ne pas créer de problèmes.
Surtout quand
ils vont à la plage. (…) Comment
font-ils pour ne
pas haïr cette mer où ils ont passé des
heures
terribles ? Cette mer qui a englouti leurs amis, leurs
proches,
qui les a emportés loin de leur terre natale ?
(…)
En réalité, c'est aussi cette mer qui les a
sauvés
de la mort, de la guerre et de la famine, en leur reconnant de
l'espoir.
☐ pp.
69-71 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Lacrime
di sale », Milano : Mondadori, 2016
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- Tahar Bekri,
« Lampedusa »
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octobre 2019, Cécile Duflot : A Lesbos, un mort de trop et une
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juillet 2018, Andrea Camilleri : Autour de Salvini, des relents
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- Festival Etonnants Voyageurs,
20 mai 2018 : Construire un principe
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- Le Monde, 13
octobre 2016, Leoluca
Orlando maire de Palerme : “ J'ai honte
d'être européen ”
- Le Monde, 23
janvier 2016, Maryline Baumard : Giusi Nicolini, Antigone moderne
- Le Monde, 9
octobre 2013, Fabrizio Gatti : Lampedusa doit être
candidate au prix Nobel de la paix 2014
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mise-à-jour
: 9 juin 2021 |
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