Les
îles enchantées / Herman Melville ; suivi
de
L'archipel des Galápagos / Charles Darwin ; trad.
de
l'anglais par Michel L.-N. Imbert. - Marseille : Le Mot et le
reste, 2015. - 190 p. : ill. ;
21 cm.
ISBN
978-2-360541-73-7
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Le
parti-pris de cet ouvrage est de confronter Darwin et Melville
précisément en dépit de ce qui les
sépare
et d'envisager ces textes … non pas isolément
mais comme des récits en archipel à l'image des
îles Galápagos.
☐ Postface, p. 159 |
Chaque
traduction projette un éclairage nouveau sur une
œuvre.
Dans cette tâche, Michel Imbert explore les affleurements
dans le
texte de Melville des lectures qui ont accompagné la
rédaction des Îles
enchantées
et, tout particulièrement, celles d'un autre visiteur des
îles Galápagos, Charles Darwin. Melville s'est
arrêté dans l'archipel en 1841 alors qu'il
était
embarqué sur le baleinier Acushnet ;
Darwin à bord du Beagle
l'y avait précédé en 1835. Le Journal
de Darwin a été publié en 1839 puis en
1845 dans
une forme enrichie. Les courts récits de Melville sont, eux,
publiés une première fois dans un
périodique en
1854 avant d'être réunis en un volume deux ans
plus tard.
En juxtaposant les deux
œuvres et en soulignant les échos qui courent de
l'une à l'autre, entre correspondances
et discordances,
Michel Imbert montre le romancier aux prises autant avec les souvenirs
de sa brève escale qu'avec une bibliothèque d'une
rare
ampleur. Darwin en effet n'est pas seul en cause : les dix esquisses
de Melville renvoient implicitement ou explicitement à de
nombreux récits de voyages, mais également
à
Edmund Spenser (cité en exergue de chaque esquisse),
à
Shakespeare, à Milton, à Washington Irving ou
Fenimore Cooper
— et encore à la Bible ou à la
pensée
politique de Thomas Jefferson. Prendre en compte la charge
portée par ces différents courants
élargit
d'autant l'horizon de ces Îles
enchantées.
On
peut enfin chercher ce qui dans l'œuvre de Melville met en
jeu,
au-delà de l'anecdote, une forme de
“ pensée
en archipel ”. Les Îles
enchantées ont-elles leur place dans l'archipel
de Mardi ?
Peuvent-elles faire pendant aux îles Marquises
— Typee —
où l'Acushnet
a fait escale après son
départ des Galápagos. Contraste, jeu de
miroir ?
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Charles Darwin |
Herman Melville |
Le Beagle
a fait le tour de l'île Chatham et a jeté l'ancre
dans
plusieurs baies. J'ai passé une nuit à terre,
dans une
partie de l'île où il y a un nombre extraordinaire
de
petits cônes noirs tronqués ; j'en ai
compté
soixante, tous surmontés par des cratères plus ou
moins
parfaits. Presque tous consistaient simplement en un anneau de
résidus rouges ou de scories liés par un
ciment ;
ces cônes ne s'élèvent guère
qu'à une
hauteur de 50 à 100 pieds au-dessus de la plaine de
lave ;
aucun d'eux ne donne de signes d'activité
récente. La
surface entière de cette partie de l'île semble
imprégnée de vapeurs souterraines comme si elle
était un tamis ; par endroits, la lave, encore
malléable, s'est boursouflée au point de former
de
grosses bulles ; ailleurs, le sommet des cavernes ainsi
formées s'est écroulé et on voit au
milieu un
puits circulaire aux parois escarpées. La forme
régulière de ces nombrerux cratères
donnait au
pays un aspect artificiel qui m'a rappelé vivement ces zones
du
Staffordshire où il y a beaucoup de haut-fourneaux.
☐ L'archipel des
Galápagos, pp. 95-96 |
En
beaucoup d'endroits, la côte est bordée de rochers
ou plus
exactement de scories formant de petits monticules, des amas de
matières noirâtres ou verdâtres
semblables aux
résidus des hauts-fourneaux ; elles forment ici et
là des failles et des grottes obscures, dans lesquelles la
mer
s'engouffre, écumant furieusement, tandis qu'au-dessus
d'elles
planent des volutes de brume d'un gris blafard, traversés
par
des vols d'oiseaux fantomatiques, qui, par leurs cris stridents,
ajoutent encore au sinistre vacarme. Si calme que soit la mer, il n'est
point de repos pour ces rochers fouettés par les vagues, ni
pour
le vagues qui les fouettent, même lorsque l'océan
au large
est parfaitement calme. Les jours où le ciel est couvert et
la
chaleur oppressante, comme c'est souvent le cas dans cette
région humide de l'équateur, on peut voir ces
masses
sombres vitrifiées, surgir pour un grand nombre d'entre
elles,
au milieu des brisants et des tourbillons blancs aux endroits
dangereux, non loin du rivage. Le spectacle qui s'offre à la
vue
est absolument plutonien. Dans nul autre monde qu'un monde
déchu, pareilles terres ne sauraient exister.
☐ Première esquisse, pp. 9-10 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- La
première section indique les éditions originales
du recueil de Melville puis les éditions courantes de
différentes traductions françaises ;
- La seconde
section renvoie à la présentation d'autres
œuvres de Melville et de Darwin sur le site d'information des
littératures insulaires ;
- La
troisième section (élaborée
à partir des notes et de la postface de Michel L.-N. Imbert)
présente quelques unes des sources d'inspiration,
avouées ou non, de Melville ; par
commodité, les éditions retenues ne sont pas
nécessairement celles utilisées par Melville. Le
choix de ces références est
nécessairement incomplet ;
- Enfin, la
quatrième section propose d'autres regards sur les
îles Galápagos (contemporains de Melville,
antérieurs ou postérieurs à son
œuvre).
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- «
The Encantadas, or Enchanted isles » sous le pseudonyme de
Salvator R. Tarnmoor, Putnam's
monthly magazine, mars, avril, mai 1854
- «
The Piazza tales » [The Piazza - Bartleby - Benito Cereno -
The
lightning-rod man - The Encantadas, or Enchanted isles - The
bell-tower], New York : Dix, Edwards, & Co., 1856
- «
Bartleby (suivi de) Les îles enchantées (et de) Le
campanile » trad. par Michèle Causse, postface de
Gilles
Deleuze, Paris : Flammarion (GF, 502), 1989
- «
Les îles
enchantées » trad. par
Bernard Hoepffner, Paris : Éd. Mille et une nuits (Mille et une nuits, 148), 1997
- «
Les Encantadas, ou îles enchantées »
trad. par Pierre Leyris, Paris : Gallimard (Folio, 4391), 2006
- «
Les Encantadas, ou Îles enchantées » in Billy Budd, matelot &
autres récits maritimes trad. par
Jérôme Vidal et Charlotte Nordmann,
Paris :
Amsterdam, 2007
- « Les
Encantadas », in L'intégrale des
nouvelles éd. et trad. par Christian Garcin et
Thierry Gillyboeuf, Le Bouscat : Finitude, 2021
|
- Herman
Melville, « À
bord », Bordeaux : Finitude, 2004
- Herman
Melville, « Carnets de voyage (1856-1857) »,
Paris : Mercure de France, 1993
- Herman
Melville, « Mardi, et le voyage qui y mena »,
Paris : Gallimard (Folio classique, 5278), 2011
- Herman
Melville, « Moby Dick »
éd. illustrée par Rockwell Kent, New
York : The Modern library, 2000
- Herman
Melville, « Moby Dick »
trad. et préfacé par Armel Guerne,
Paris : Phébus, 2005
- Herman
Melville, « Moby Dick
[suivi de] Pierre ou les
ambiguïtés » éd.
publiée sous la direction de Philippe Jaworski,
Paris :
Gallimard (La Pléiade), 2006
- Herman
Melville, « Moi et ma
cheminée », Paris :
Allia, 2008
- Herman
Melville, « Omoo »,
Paris : Gallimard (L'Imaginaire, 629), 2012
- Herman
Melville, « Taïpi »,
Paris : Gallimard, 1952, 1997
- Herman
Melville, « Taïpi »
ill. de Jacques Boullaire, trad. d'Anne Belley-Rocca,
Papeete : Le Motu, 2009
|
- James
Burney, « A chronological history of the discoveries
in the
South sea or Pacific ocean » (5 vol.),
London : G.
& W. Nicol, 1803-1817
- James
Colnett, « A voyage to the South Atlantic and round
Cape
Horn into the Pacific ocean », London :
printed for the
author by W. Bennett, 1798
- James
Fenimore Cooper, « The crater, or Vulcan's
peak : a
tale of the Pacific », New York : Burgess,
Stringer
& co., 1847 ; « Le cratère, ou le
Robinson américain » trad. par
Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret, Genève :
Slatkine, 1980
- William
Dampier, « A new voyage round the world », London :
James Knapton, 1697
- Charles
Darwin, « Journal of researches into the natural
history and
geology of the countries visited during the voyage of H.M.S. Beagle
round the world » (second edition, corrected, with
additions), London : John Murray (Colonial and home library, XII), 1845
- Daniel
Defoe, « Vie
et aventures de Robinson Crusoé »
trad. de Pétrus Borel, Paris : P.O.L, 1993
- Amasa
Delano, « Voyages
of commerce and discovery » ed.
by Eleanor Roosevelt Seagraves, Stockbridge (Mass.) :
Berkshire
House publishers, 1994
- William
Hacke (ed.), « Capt. Cowley's voyage round the
world », London : James Knapton, 1699
- Washington
Irving, « The phantom island » in
Chronicles
of Wolfert's Roost, and other papers, New York :
G. P. Putnam, 1855
- John
Milton, « Paradise lost », London
: S. Simmons, 1674
- Benjamin
Morrell, « A
narrative of four voyages to the South Sea, north and south Pacific
Ocean, Chinese Sea, Ethiopic and southern Atlantic Ocean, Indian and
Antarctic Ocean, from the year 1822 to 1831 », New
York : J. & J. Harper, 1832
- David
Porter, « Journal of a cruise made to the Pacific
ocean, by
captain David Porter, in the United States frigate Essex, in the years
1812, 1813, and 1814 », Philadelphia :
Bradford and
Inskeep, 1815
- William
Shakespeare, « La Tempête »
éd. de Pierre Leyris et Henri Evans, Paris : Le
Club français du livre, Paris, 1968
- Edmund
Spenser, « The faerie queene »,
London : William Ponsonbie, 1590, 1596
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d'autres
regards sur les îles Galápagos
- Charles Darwin,
« Journal
de bord [Diary] du voyage du Beagle (1831-1836) »,
Paris : Honoré Champion (Classiques : essais), 2012
- Peter R. Grant and B. Rosemary Grant,
« 40 years
of evolution : Darwin's finches on Daphne Major island »,
Princeton (New Jersey) : Princeton university press, 2014
- Christophe Grenier, « Conservation contre
nature : les îles Galápagos »,
Paris : IRD Éditions (Latitudes 23), 2000
- Diane de Margerie, « Isola, retour des
îles Galapagos »,
Paris : Pauvert, 2003
- Georges Simenon, « Ceux de la soif »,
Paris : Gallimard (Folio policier, 100), 1999
- Kurt Vonnegut, « Galápagos »,
Paris : Grasset (Les Cahiers rouges, 198), 1994
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mise-à-jour : 3
novembre 2022 |
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