3e édition du Prix du
Livre Insulaire (Ouessant 2001)
Grand Prix des
îles du Ponant |
Conservation contre
nature : les îles Galápagos / Christophe
Grenier ; préface de Roland Pourtier. -
Paris : IRD Éditions, 2000. -
375 p. : ill., cartes ; 25 cm. -
(Latitudes 23).
ISBN 2-7099-1451-4
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| Voici
un excellent ouvrage qui permet enfin de disposer d'une étude de
cas globale sur l'archipel le plus médiatisé, mais aussi
le plus mal connu de la planète.
☐ François Doumenge, Cahiers de géographie du Québec, 45, 125, septembre 2001 |
NOTE
DE L'ÉDITEUR :
L'archipel des Galápagos, classé “ patrimoine naturel de
l'humanité ”, abrite un parc national
prestigieux qui bénéficie d'aides internationales
considérables. Destiné à faciliter les
recherches naturalistes, censé servir de modèle
à de nouvelles formes de valorisation touristique plus
respectueuses de l'environnement (écotourisme), ce parc est
aujourd'hui l'objet de nombreuses critiques. Le
développement des réseaux touristiques et
migratoires a accéléré le rattachement
de l'archipel au territoire équatorien et au
marché mondial. La nature “ protégée ”
est devenue un espace soumis aux exigences de rentabilité
d'un monde caractérisé par la marchandisation et
l'uniformisation des lieux. Cette “ conservation
contre nature ” a des conséquences
catastrophiques pour les écosystèmes et les
habitants de l'archipel. Au-delà de l'étude d'une
région emblématique, l'auteur mène une
réflexion sur la place de l'homme dans la nature,
véritable plaidoyer en faveur de la préservation
de la géodiversité. Son ouvrage novateur et
stimulant s'adresse à tous les acteurs soucieux de l'avenir
de notre planète.
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DAVID POUILLOUX :
Dans un livre sans concession aux allures d'enquête, le
géographe Christophe Grenier dresse un bilan accablant de
l'état de conservation de la nature aux Galápagos.
Cet
archipel est constitué de treize îles principales et d'une
kyrielle d'îlots. Ces confettis de roches volcaniques
émergent du Pacifique à un millier de kilomètres
de la côte équatorienne.
Depuis environ trois
millions d'années, des oiseaux, des radeaux
végétaux et les vents y ont apporté la vie sous
forme de graines et de petits animaux terrestres. Coupés du
continent, chaque nouvelle plante ou nouvel animal a
évolué au fil du temps dans des biotopes
séparés (les îles) et donné naissance
à diverses espèces par spéciation
géographique. […] L'isolement des Galápagos a fait
de ce lieu exceptionnel l'un des meilleurs endroits au monde pour
comprendre l'histoire naturelle. Mais jusqu'à quand ?
“ Dans les années 50, un bateau venait du continent
tous les six mois, raconte Christophe Grenier. Quatre cargos
ravitailleurs font désormais l'aller-retour chaque
mois ”. Le trafic aérien a plus que
décuplé : un vol par semaine en 1975, une quinzaine
aujourd'hui !
[…]
☐ « Etat d'urgence aux Galapagos », Sciences et Vie, 1003, avril 2001 [en ligne]
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SOMMAIRE
(résumé) |
Préface
de Roland Pourtier
Introduction : Des îles ou la
planète ?
Une nature convoitée dans un espace
ouvert
- La
découverte de la nature des Galápagos
- L'espace
ouvert
- Des
îles
« naturalisées » par
le Nord
Le rattachement au monde
- La
mainmise du tourisme de réseau sur les Galápagos
- L'intégration
des Galápagos à l'Équateur
- La
continentalisation du milieu insulaire
L'échec de la conservation
- Un
parc national à l'encan
- Les
réseaux conservationnistes contre les territoires
Conclusion : De la
conservation de la nature à la préservation de la
géodiversité
Références
Glossaire des termes équatoriens
Résumé / Abstract / Resumen
Table des cartes, figures et tableaux
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EXTRAIT |
Nous sommes arrivés à un
stade de l'histoire où la dichotomie
nature/humanité a été
abolie : il n'y a plus de
« nature » mais une seule Terre,
sur laquelle l'humanité a le pouvoir de faire
disparaître, sinon toute forme de vie, au moins la plus
grande partie des espèces, dont elle-même. Il ne
s'agit donc plus de « conserver la
nature », mais de sauvegarder la
biosphère, et nous avec, en commençant sans doute
par certains lieux qualifiés de
« Patrimoine de
l'humanité », dont les
Galápagos.
Cela implique d'abord de s'opposer à
tout ce qui tend à diminuer la singularité du
lieu à protéger, et donc à en
réduire l'accessibilité : en diminuant
les flux de migrants, de touristes, d'argent, d'espèces, de
produits marins, etc. qui circulent dans les réseaux reliant
les Galápagos au système Monde, voire en
déconnectant partiellement les îles de celui-ci.
Cela suppose donc de réhabiliter le politique, puisqu'il
s'agit d'établir des barrières filtrantes,
contrôlées par des pouvoirs publics, entre le lieu
à protéger et le reste du monde. Aux
Galápagos, la sauvegarde d'un patrimoine de
l'humanité doit être de la
responsabilité d'une institution internationale
dotée de moyens non seulement financiers, mais politiques.
Cela exige par conséquent de reconstituer un territoire, car
le lieu à protéger n'est plus voué
à la seule conservation de la nature, mais à la
préservation de la biodiversité. Plutôt
que d'avoir un parc national inhabité, mais
connecté à des réseaux l'ouvrant de
fait à des usagers extérieurs, il faut pouvoir
vivre aux Galápagos en symbiose avec ce parc : le
bénéfice de l'exploitation des ressources
insulaires doit être réservé en
priorité à leurs habitants, en nombre
limité. Cela signifie enfin retrouver le temps perdu, celui
du lieu à protéger : en imposant par
exemple une durée de séjour minimale aux
visiteurs des Galápagos, ce qui serait le premier pas vers
la constitution d'un écotourisme territorial.
Faire en sorte que les Galápagos
restent ou redeviennent des îles, c'est participer
à la culture de la géodiversité et
préserver ainsi le patrimoine d'habitabilité de
la Terre pour l'humanité future.
☐ Conclusion, p. 339
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - Christophe
Grenier, « Conservación contra
natura : las islas
Galápagos » nouv. éd.
augmentée d'un
chapitre, Quito : Abya-Yala, 2007
| - Christophe
Grenier, « Lieux, réseaux et modernité : les îles et la diversité terrestre », in Dominique Guillaud,
Maorie Seysset et Annie Walter (éd.), Le voyage inachevé … à Joël Bonnemaison, Paris : ORSTOM, PRODIG, 1998
| d'autres regards sur les îles Galápagos | - Charles Darwin,
« Journal
de bord [Diary] du voyage du Beagle (1831-1836) »,
Paris : Honoré Champion (Classiques : essais), 2012
- Peter
R. Grant and B. Rosemary Grant, « 40 years of
evolution : Darwin's finches on Daphne Major island »,
Princeton (New Jersey) : Princeton university press, 2014
- Diane
de Margerie, « Isola,
retour des îles Galapagos »,
Paris : Pauvert, 2003
- Herman
Melville, « Les
îles enchantées »,
Paris : Éd. Mille et une nuits (Mille et une nuits,
148), 1997
- Herman
Melville, « Les
îles enchantées »
suivies de L'archipel
des Galápagos de Charles Darwin,
Marseille : Le Mot et le reste, 2015
- Georges
Simenon, « Ceux
de la soif », Paris : Gallimard
(Folio policier, 100), 1999
- Kurt
Vonnegut, « Galápagos »,
Paris : Grasset (Les Cahiers rouges, 198), 1994
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mise-à-jour : 10 juillet 2019 |
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