Moby Dick / Herman
Melville ; trad. et préfacé par Armel
Guerne. - Paris : Phébus, 2005. -
808 p. ; 21 cm. - (Domaine romanesque).
ISBN 2-7529-0046-5
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Moby Dick n'est pas un roman
insulaire ; est-ce seulement un roman ? Tout essai
d'inscription de l'œuvre dans un genre littéraire
ne peut qu'en réduire et en dénaturer la
portée.
Mais c'est depuis Nantucket
qu'appareille le Péquod, à
bord duquel se sont embarqués Ismahel et son sauvage ami
Quiequeg, échoué entre deux croisières
comme tant d'autres authentiques cannibales —
Fidjiens, Tongatabous, Erromangos … —,
dans la petite île du Massachusetts.
Discrète, l'emprise
insulaire sur le récit est constante pour tout lecteur de Typee, Omoo
ou Mardi ;
l'océan de Melville est indissociable en effet des rives
qu'il baigne — ses flots
éternels portent des voies lactées de petites
îles de corail, et d'infiniment longs et bas archipels
inconnus et de Japons impénétrables
(ch. 111, Le Pacifique).
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MATHIEU
LINDON : […]
On se félicite
[…] de l'initiative de Phébus de republier le
« texte français »
jusqu'alors introuvable de Moby Dick tel que
l'établit Armel Guerne pour le Sagittaire en 1954
[…] Poète né en 1911 et mort en 1980,
Armel Guerne (dont Phébus a aussi
réédité l'anthologie Les
Romantiques allemands l'automne dernier) propose une
magnifique traduction du chef-d'œuvre le plus
célèbre d'Herman Melville.
☐
Libération, 24
février 2005
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ARMEL
GUERNE
: […]
Ce livre, qui l'a
compris ? L'art de Melville […] est un art
transversal. Là où les autres montent, pierre
à pierre, un monument — et
alors il suffit plus ou moins de lever la tête —
l'œuvre melvillienne, au contraire, s'étend de
tous côtés comme la mer : on la voit, en
effet, jusqu'à son horizon, mais on sait qu'elle roule ses
mêmes eaux plus loin, beaucoup plus loin encore, sous
d'autres horizons. On peut y accéder, certes, d'une
manière ou d'une autre, mais c'est pour se retrouver, chaque
fois, en présence du même
phénomène, et emporté chaque fois par
ce grand balancement cosmique que communique infailliblement,
physiquement, sans interprétation ni mélange,
l'énorme pulsation de l'océan.
[…]
☐
Préface
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EXTRAITS |
Ecoutez maintenant la
merveilleuse légende que rapporte la tradition sur
l'établissement des Peaux-Rouges
dans l'île :
Il
y eut une fois dans le temps jadis un aigle, qui fondit sur la
côte de la Nouvelle-Angleterre et
enleva dans ses serres un petit enfant indien.
Les parents, avec un gémissement profond,
virent leur bébé emporté au
loin au-dessus de la mer et le perdirent de vue sur les eaux
immenses. Ils voulurent le suivre dans
cette direction. Ils prirent le large
dans leurs canoës et, après une
périlleuse traversée,
découvrirent l'île ; et sur cette
île ils trouvèrent un panier d'ivoire vide : le
squelette du pauvre petit Indien.
Comment aussi
s'étonner, si les Nantuckais qui naissent
sur une plage choisissent nécessairement la
mer pour y gagner leur subsistance !
☐ pp. 103-104
(dans l'éd. du Club français du livre, 1964)
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Ainsi
que l'océan des terreurs baigne et cerne la terre de toutes
parts, ainsi l'âme de l'homme contient une île de
Tahiti,
merveilleuse de paix et de sérénité
heureuse, mais
battue de tous les côtés par toutes les horreurs
et les
affres de la vie qu'on ne connaît qu'à demi.
— Dieu te garde, mon frère ! Ne
pousse pas au
large de cette île : jamais tu ne pourrais y
revenir !
☐ p. 444
(dans l'éd. du Club français du livre, 1964) |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « The
whale » [éd. expurgée],
Londres : Richard Bentley, [octobre] 1851
- « Moby
Dick, or The whale », New York : Harper
& brothers, [novembre] 1851
- « Moby Dick »
éd. illustrée par Rockwell Kent, New
York : The Modern library, 2000
- « Moby
Dick » trad. de l'anglais par Jean Giono, Lucien
Jacques et Joan Smith, Paris : Gallimard, 1941
- « Moby
Dick » trad. et préfacé par
Armel Guerne, Paris : Le Sagittaire, 1954 ; Paris : Le Club français du
livre, 1955, 1964
- « Moby
Dick [suivi de] Pierre ou les
ambiguïtés » éd. publiée sous la
direction de Philippe Jaworski, Paris : Gallimard (La
Pléiade), 2006
|
- « À bord »,
Bordeaux : Finitude, 2004
- « Carnets de voyage (1856-1857) »,
Paris : Mercure de France, 1993
- « Mardi, et le voyage qui y mena »,
Paris : Gallimard (Folio classique, 5278), 2011
- « Les îles
enchantées », Paris :
Éd. Mille et une nuits, 1997
- « Les îles
enchantées » suivies
de L'archipel des
Galápagos de Charles Darwin,
Marseille : Le Mot et le reste, 2015
- « Moi et ma
cheminée », Paris :
Allia, 2008
- « Omou »,
Paris : Gallimard (L'Imaginaire, 629), 2012
- « Taïpi »,
Paris : Gallimard, 1952, 1997
- « Taïpi »
ill. de Jacques Boullaire, trad. d'Anne Belley-Rocca,
Papeete : Le Motu, 2009
|
- Owen
Chase, « Récit de
l'extraordinaire et affligeant
naufrage du baleinier Essex »,
Paris : Robert Laffont,
2015
- C.L.R.
James, « Marins, renégats et autres
parias : l'histoire d'Herman Melville et le monde dans lequel
nous
vivons », Paris : Ypsilon, 2016
- Lewis
Mumford, « Herman Melville »,
Arles : Sulliver, 2006
- Nathaniel
Philbrick, « La
véritable histoire de Moby
Dick : le naufrage de l'Essex qui a
inspiré Herman Melville »,
Paris : Librairie générale
française (Le Livre de poche, 15583), 2003
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mise-à-jour : 27 octobre 2017 |
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