Les îles
enchantées / Herman Melville ; traduction de
l'anglais et postface de Bernard Hoepffner ;
préface de Henry de Lumley. - Paris :
Éd. Mille et une nuits, 1997. - 133 p. ;
15 cm. - (Mille et une nuits, 148).
ISBN 2-84205-120-3
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Ces îles qui parfois se
montrent au regard
Ne sont point ferme sol ou substance certaine
Mais terres égarées parmi les eaux nombreuses
Et çà et là courant : les
îles Vagabondes.
Maint et maint voyageur ont-elles su commettre
A danger redoutable et mortelle détresse,
Car quiconque a porté le pied
Dessus leur rivage trompeur,
Il erre à tout jamais dans l'obscurité.
Edmund Spenser
La Reine des fées,
Livre II, Chant XII, strophes 11 & 12
(traduction de Pierre Leyris
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Les “ Encantadas ” de Melville (les Galapagos)
ignorent le temps, appartiennent au chaos originel. C'est un univers
minéral, impropre semble-t-il à accueillir la
présence humaine. La voix de Melville joue sur deux
registres pour évoquer son inquiétante
étrangeté ; registre du
poète : Melville l'appuie
de références tirées de
Spencer qui ouvrent chacune des dix esquisses ; registre du
marin, où son expérience directe s'enrichit de
celles de notables prédécesseurs, James Burney,
Benjamin Morell, Robert FitzRoy et Charles
Darwin, Amasa Delano
surtout, à qui plus tard il empruntera l'histoire
développée dans “ Benito Cereno ”.
Du roc Rodondo à
l'île de Barrington, de l'île de Norfolk
— havre d'Hunilla, la veuve chola —
à l'île de Hood —
dérisoire royaume de l'ermite Oberlus
—, les vingt-cinq tas de cendre qui
constituent l'archipel semblent rescapés d'une formidable
malédiction, comme pourrait être le
monde après une conflagration punitive. Melville,
pourtant, tente d'équilibrer cette sombre vision :
“ Vu
la description qui en a été
donnée, peut-on être gai sur les Encantadas ? Mais
oui : je veux dire qu'il suffit à un homme de trouver la
gaité pour être gai. [...] En
dépit de leur aspect de sac et de cendre les îles
ne sont sans doute pas que pure mélancolie. [...]
Même la tortue, aussi sombre et mélancolique que
soit son dos, possède une face brillante —
son calape, ou plastron ventral, étant parfois d'une
légère teinte jaunâtre ou
dorée. En outre, chacun sait qu'il suffit de renverser sur
le dos les tortues [...] pour exposer leur face brillante sans qu'elles
puissent se remettre d'aplomb et vous montrer l'autre face. Mais
après l'avoir fait, et pour l'avoir fait, il ne faut pas
pour autant affirmer que la tortue n'a pas de face sombre.
Appréciez la face brillante, gardez-la toujours
tournée vers le haut si vous le pouvez, mais soyez
honnête et ne niez pas l'existence du noir. ”
☐
Deuxième esquisse, pp. 22-23
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- «
The Encantadas, or Enchanted isles » sous
le pseudonyme de Salvator R. Tarnmoor, Putnam's monthly magazine, mars,
avril, mai 1854
- « The
Piazza tales » [The Piazza - Bartleby - Benito
Cereno - The lightning-rod man - The Encantadas, or Enchanted isles -
The bell-tower], New York : Dix, Edwards, & Co., 1856
- « Bartleby
(suivi de) Les îles enchantées (et de) Le
campanile » trad. par Michèle Causse,
postface de Gilles Deleuze, Paris : Flammarion (GF, 502), 1989
- « Les
Encantadas, ou îles
enchantées » trad. par
Pierre Leyris, Paris : Gallimard (Folio, 4391), 2006
- « Les
Encantadas, ou Îles
enchantées » in Billy Budd, matelot &
autres récits maritimes trad. par
Jérôme Vidal et Charlotte Nordmann,
Paris : Amsterdam, 2007
- « Les îles
enchantées » suivies
de L'archipel des
Galápagos de Charles Darwin, trad. par Michel
L.-N. Imbert, Marseille : Le Mot et le reste, 2015
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- « À
bord », Bordeaux : Finitude, 2004
- « Carnets de voyage (1856-1857) »,
Paris : Mercure de France, 1993
- « Mardi, et le voyage qui y mena
», Paris : Gallimard (Folio classique, 5278), 2011
- « Moby Dick »
éd. illustrée par Rockwell Kent, New
York : The Modern library, 2000
- « Moby Dick »
trad. et préfacé par Armel Guerne,
Paris : Phébus, 2005
- « Moby Dick
[suivi de] Pierre ou les
ambiguïtés » éd. publiée sous la
direction de Philippe Jaworski, Paris : Gallimard (La
Pléiade), 2006
- « Moi
et ma cheminée », Paris :
Allia, 2008
- « Omoo »,
Paris : Gallimard
(L'Imaginaire, 629), 2012
- « Taïpi »,
Paris : Gallimard, 1952, 1997
- « Taïpi »
ill. de Jacques Boullaire, trad. d'Anne Belley-Rocca,
Papeete : Le Motu, 2009
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d'autres regards sur les
îles Galápagos |
- Charles Darwin, « Journal de bord [Diary] du voyage du
Beagle (1831-1836) », Paris :
Honoré Champion (Classiques : essais), 2012
- Peter
R. Grant and B. Rosemary Grant, « 40 years of
evolution : Darwin's finches on Daphne Major island »,
Princeton (New Jersey) : Princeton university press, 2014
- Christophe
Grenier, « Conservation
contre nature : les îles Galápagos »,
Paris : IRD Éditions (Latitudes 23), 2000
- Diane
de Margerie, « Isola,
retour des îles Galapagos »,
Paris : Pauvert, 2003
- Georges
Simenon, « Ceux
de la soif », Paris : Gallimard
(Folio policier, 100), 1999
- Kurt
Vonnegut, « Galápagos »,
Paris : Grasset (Les Cahiers rouges, 198), 1994
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mise-à-jour : 2 juin 2016 |
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