Omou,
récit d'aventures dans les mers du Sud / Herman
Melville ; trad.
de l'américain par Philippe Jaworski. - Paris :
Gallimard, 2012.
- 412 p. ; 19 cm. - (L'Imaginaire, 629).
ISBN
978-2-07-013756-5
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Le
titre de l'ouvrage — Omou — est
emprunté au dialecte des îles Marquises,
où, entre
autres acceptions, le mot signifie “ un
vagabond ”, ou mieux, un homme qui erre
d'île en
île, comme certains indigènes connus de leurs
compatriotes
sous le vocable Tapu
kanaka.
☐ Herman Melville,
Préface,
p. 13
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L'auteur de ce
récit a
délibérément tourné le dos
au
séjour heureux dans la vallée de Taïpi à
Nuku Hiva ; l'emprise marquisienne, passés les
débuts (chapitres I à VIII) 1,
ne subsiste que dans le titre et
l'explication, jamais totalement élucidée, qu'en
propose Melville.S'en
suit une errance dans les
parages de Tahiti, « la plus fameuse des
îles des mers du Sud »
où l'équipage de la Julia
est un temps consigné dans la
« calabouza biritani » pour
indiscipline et désertion. Fuite vers Moorea, où
Melville retrace la vie des beachcombers … avant
que ne se
précise l'opportunité d'un nouveau
départ sur un baleinier au nom évocateur, le Leviathan,
commandé par un îlien,
« originaire de Martha's
Vineyard, une île voisine de Nantucket »
— « J'aurais
juré que c'était un vrai
marin, sûrement pas un tyran ». La
décision est vite prise :
« Hourra ! donc, pour les côtes
du
Japon, puisque telle était la destination du
navire ». Le Leviathan
lève l'ancre trois jours plus tard.Comme
pour « Taïpi », Melville
a
transposé dans ce second roman un épisode de sa
vie de marin. Quittant les îles de la
Société, il s'était
embarqué sur un baleinier, mais à destination des
îles Hawaii. Aux derniers mots du roman, le souvenir
vécu et la fiction se superposent :
« À midi, l'île avait disparu
derrière
l'horizon ; et devant nous était le Pacifique
immense ». 1. | Les Marquises sont encore
évoquées, indirectement, quand
à son arrivée à Papeete
l'équipage de la Julia
découvre la présence en rade de la Reine Blanche,
« qui arborait à l'avant le pavillon du
contre-amiral
Dupetit-Thouars » :
« elle tirait une salve
(…) en l'honneur d'un traité ; ou
plutôt, si
l'on adopte le point de vue des indigènes, pour saluer la
cession forcée de Tahiti aux Français, conclue le
matin
même ». C'est l'occasion pour Melville de
s'interroger
sur les « agissements des Français
à
Tahiti » (titre du chapitre XXXII) dans un contexte
marqué par la rivalité entre Français
et Anglais,
catholiques et protestants. |
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EXTRAIT |
Quelques jours après mon échec devant
les
murs de Motu-Uta, j'entendis évoquer un curieux
problème
de casuistique sur lequel s'opposaient l'un des indigènes
les
plus astucieux et intelligents que j'aie jamais rencontrés
à Tahiti — un
dénommé
Arahitu — et notre savant docteur.
La
controverse portait sur la question de savoir s'il était
juste
et légal pour un indigène d'observer le repos
dominical
comme en Europe, plutôt que le jour choisi par les
missionnaires
et généralement adopté par les
insulaires.
Il faut
savoir que les missionnaires amenés par le bon navire Duff, qui,
il y a cinquante ans, fixèrent le calendrier tahitien,
arrivèrent sur ces côtes après avoir
doublé
le cap de Bonne-Espérance ; faisant route vers
l'est, ils
perdirent ainsi un précieux jour de leur vie, se trouvant
à peu près d'autant en avance sur le temps de
Greenwich.
Pour cette raison, les vaisseaux qui passent par le cap Horn, comme ils
le font presque tous maintenant, constatent que ce qu'on appelle
dimanche à Tahiti correspond à ce qui, selon eux,
devrait
être samedi. Mais comme il ne saurait être question
de
modifier le journal de bord, les marins ont leur jour du Seigneur et
les insulaires le leur.
☐ p. 258
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Omoo
: a narrative of adventures in the South seas », New
York : Harper & brothers, 1847 ;
Londres : John Murray, 1847
- « Omoo :
Récit d'aventures dans les mers du Sud, Le vagabond des
îles » trad. Olivier Carvin,
Bruxelles : Ed. de
la Sixaine, 1945 (2 vol.)
- « Omoo
ou le vagabond du Pacifique » trad. Jacqueline
Foulque, Paris : Gallimard, 1951
- « Omoo,
récits des mers du Sud » trad. Olivier
Carvin,
éd. établie et présentée
par Jeanne-Marie
Santraud, Paris : Flammarion (GF,
590), 1990
- « Omou »
trad. Philippe Jaworski, in Œuvres
complètes,
vol. I, Paris : Gallimard-La Pléiade, 1997
|
- « À bord »,
Bordeaux : Finitude, 2004
- « Carnets de voyage (1856-1857) »,
Paris : Mercure de France, 1993
- « Les îles
enchantées », Paris :
Éd. Mille et une nuits, 1997
- « Les îles
enchantées » suivies
de L'archipel des
Galápagos de Charles Darwin, trad. par Michel
L.-N. Imbert, Marseille : Le Mot et le reste, 2015
- « Mardi, et le voyage qui y mena »,
Paris : Gallimard (Folio classique, 5278), 2011
- « Moby Dick »
éd. illustrée par Rockwell Kent, New
York : The Modern library, 2000
- « Moby Dick »
trad. et préfacé par Armel Guerne,
Paris : Phébus, 2005
- « Moby Dick
[suivi de] Pierre ou les
ambiguïtés » éd. publiée sous la
direction de Philippe Jaworski, Paris : Gallimard (La
Pléiade), 2006
- « Moi et ma cheminée »,
Paris : Allia, 2008
- « Taïpi »,
Paris : Gallimard, 1952, 1997
- « Taïpi »
ill. de Jacques Boullaire, trad. d'Anne Belley-Rocca,
Papeete : Le Motu, 2009
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mise-à-jour : 10 mai 2012 |
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