5ème édition du Prix du
Livre Insulaire (Ouessant 2003)
prix
prose narrative
Jean Epstein,
cinéaste d'origine polonaise, a filmé les
îles et les îliens de Bretagne.
Le livre de Vincent Guigueno est d'abord un hommage à la
puissance du regard du cinéaste qui sait filmer les
habitants et le monde insulaire de l'intérieur ; il
parvient à faire partager ce regard de
l'intérieur et ne nous laisse pas seulement spectateurs d'un
monde, mais témoins agissants de l'existence
îlienne.
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Alain Le
Roy, Membre du Jury
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Jean Epstein,
cinéaste des îles Ouessant, Sein,
Hoëdic, Belle-Île / Vincent Guigueno. -
Paris : Éd. Jean-Michel Place, 2003. -
118 p. : ill. ; 24 cm. - (Histoire
figurée).
ISBN 2-85893-733-8
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Ouessant,
puis Sein, fournissent à Epstein le documentaire par
excellence
où seuls les habitants peuvent jouer leur propre
rôle.
Enfin, la limite de la terre et des eaux devient le lieu d'un drame
où s'affrontent les attaches terrestres d'une part, et
d'autre
part les amarres, les remorques, les cordes mobiles et libres.
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Gilles
Deleuze, L'image-mouvement |
NOTE DE L'ÉDITEUR : Fondé sur les
écrits de Jean Epstein et sur ses archives personnelles
(papiers, photographies, documents de production), Jean
Epstein, cinéaste des îles
évoque la rencontre, à la fin des
années vingt, entre un cinéaste de l'avant-garde
qui vient de réaliser son chef d'œuvre, La
Chute de la maison Usher (1928) et une région, la
Bretagne.
(…)
Comprendre pourquoi, sur
l'île d'Ouessant, existe une salle de cinéma Jean
Epstein, c'est interroger une œuvre dont l'histoire et la
mémoire se construisent en relation avec un territoire aux
limites incertaines, la Bretagne : celle qu'Epstein a connue
et celle qui, depuis les années 1970, le reconnaît
en organisant des projections de son œuvre
« marine ». Plus qu'à
l'improbable définition de critères permettant de
dire ce qu'est un film breton ou insulaire, le livre montre comment des
publics et des institutions se sont réapproprié
l'œuvre d'Epstein.
❙ |
Né
à Vannes (Morbihan) en mai 1968, ancien
élève de
l'Ecole polytechnique et de l'école nationale des Ponts et
Chaussées, Vincent Guigueno est historien et
maître de
conférences à l'École nationale des
Ponts et
Chaussées. |
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EXTRAIT |
Le
travail d'écriture d'Epstein n'a pas pour seule ambition
littéraire de rendre compte d'une difficile aventure
maritime et
cinématographique, mais d'une réflexion sur l'art
cinématographique. En juin 1923, Epstein était
parti
filmer une éruption de l'Etna en Sicile. Il en avait
ramené un film aujourd'hui perdu, La Montagne infidèle,
et un texte, Le
Cinématographe vu de l'Etna, dans
lequel les expériences du cinéaste-voyageur
— l'ascension du volcan, la descente d'un escalier
en
spirale — sont autant de point d'ancrage pour une
théorie du cinéma qui bouscule la perception
classique du
temps et de l'espace.
À bien des égards, les
écrits ouessantins d'Epstein s'inspirent de cette
démarche. Usant volontiers de métaphores
magiciennes,
Epstein fait des îles le lieu de dévoilement de la
puissance de l'écriture cinématographique. Le
réalisateur met en scène non seulement son film,
mais
également son statut de cinéaste au bout du
monde.
L'utopie cinématographique qu'il construit ne
connaît pas
de frontière entre ce qu'il veut montrer et la
manière
dont il le filme : aux sociétés
insulaires dont il
cherche à comprendre le mystère correspond la
communauté d'hommes de mer et de cinéma en
quête
d'un film idéal. Le projet d'Epstein n'était sans
doute
pas de faire des films sur les îles et
leurs habitants. Ecrire et filmer participent d'une même
utopie : l'île, grâce à ses
ressources naturelles et humaines, est la médiatrice entre
théorie et pratique du cinéma.
☐
p. 42
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Vincent
Guigueno, « Au service des phares : la
signalisation maritime en France, XIXe-XXe
siècles », Rennes : Presses
universitaires de Rennes, 2002
- Vincent
Guigueno et Frank Guillaume, « Vers
le phare », Rennes : Terre de brume, 2001
- Valérie
Vattier et Vincent Guigueno, « Lumière
de Paris et de Nouvelle-Calédonie : le phare
Amédée »,
Bonsecours : Point de vues, Nouméa :
Musée de l'histoire maritime de Nouvelle-Calédonie, 2010
|
- Jean
Epstein, « Les
recteurs et la sirène »,
Baye : La Digitale, 1998
- Jean
Epstein, « Ecrits
sur le cinéma : 1921-1953 »,
Paris : Seghers, 1974
- Jean
Epstein, « Ecrits complets » sous
la dir. de
Nicole Brenez, Joël Daire et Cyril Neyrat (9 vol.),
Paris :
Independencia, 2014-…
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LE CINÉMA SUR LE
SITE DES LITTÉRATURES
INSULAIRES
En l'absence d'une sélection suffisamment
développée, la liste qui suit regroupe quelques
unes des
références dispersées sur l'ensemble
du
site. |
- Anne Akrich, « Il faut se méfier
des hommes nus », Paris :
Julliard, 2017
- Martin Barnier et Pierre Beylot,
« Analyse
d'une œuvre : Conte
d'été, Eric Rohmer, 1996 »,
Paris : Librairie Vrin (Philosophie et cinéma), 2011
- Alain Bergala,
« Monika de Ingmar
Bergman », Crisnée
(Belgique) : Yellow now (Côté films, 1),
2005
- Ingmar Bergman,
« Monika »,
Paris : L'Avant-scène Cinéma (567,
décembre 2007), 2007
- Ingmar Bergman,
« Cris et chuchotement [suivi de] Persona [et
de] Le lien », Paris : Gallimard (Folio,
2620), 1994
- Pierre Butin, Gilles Janin et Vincent Guigueno,
« Un film entouré d'eau :
histoire et mémoire de L'or
des mers de Jean Epstein à Hoedic
(1932-2005) », in Pierre Frustier (dir.), Les identités
insulaires face au tourisme, La
Roche-sur-Yon : Siloé, 2007
- Nicolas Chaudun, « L'île des
enfants perdus », Arles : Actes
sud, 2019
- Nicolas Chemla, « Murnau des ténèbres », Paris : Le Cherche midi (Cobra), 2021
- Jean Epstein,
« L'or des mers »,
Baye : La Digitale, 1995
- Jean-Luc
Godard, « Les
années Cahiers, 1950 à 1959 »,
Paris : Flammarion (Champs arts, 740), 2007
- Jean-Luc Godard, « Les
années Karina, 1960 à 1967 »,
Paris : Flammarion (Champs arts, 741), 2007
- Bernard
Judge, « Waltzing with Brando : planning a
paradise in
Tahiti », Novato (California) : Oro
editions, 2011
- Andrea de
Lauris et Pat Mullen, « Man of Aran (le
film) » in Dominique Beugras (éd.), Les îles d'Aran, le
voyage vers l'ouest, Paris : La
Bibliothèque (L'Écrivain voyageur), 2000
- Isabelle
Le Corff, « Le
cinéma breizh-îlien :
îles bretonnes et cinéma »
illustrations de
Nono, Morlaix : Skol Vreizh, 2016
- Patrick
Louguet, « Le
voyage vagabond au cœur de l’œuvre
cinématographique de Jacques Rozier
(Les Naufragés de l’île de la tortue,
Maine Océan et Adieu
Philippine) », in Francis Marcoin (éd.), Encore Robinson,
Arras :
Université d'Artois, Centre Robinson, 2017
- Marc-Emmanuel
Louvat, « Petite histoire du cinéma en
Polynésie française,
Cinematamua »,
Paris : L'Harmattan, 2016
- Delos W.
Lovelace, « King
Kong » d'après une histoire de
Edgar Wallace et Merian C. Cooper, Paris : Librio (Librio,
746), 2005
- Pat Mullen,
« Man
of Aran », Cambridge (Mass.) :
The M.I.T. press, 1970
- Friedrich Wilhelm Murnau, « Südseebilder : Texte, Fotos und der Film Tabu » ausgewählt, bearbeitet und kommentiert von Enno Patalas,
herausgegeben von der Friedrich-Wilhelm-Murnau-Stiftung, Berlin :
Bertz+Fisher, 2005
- Marie-France
Pisier, « Le bal du
gouverneur », Paris : Librairie
générale française (Le Livre de poche,
6096), 1985
- Alyssa Goldstein Sepinwall,
« Slave revolt on screen : the Haitian Revolution in film and video
games », Jackson : University press of Mississippi, 2021
- Pierre Sorlin,
« L'Avventura
(Michelangelo Antonioni, 1960) »,
Lyon : Aléas (Le Vif du sujet, 2), 2010
- Liv
Ullmann, « Devenir », Paris :
Stock, 1977
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mise-à-jour : 16
septembre 2022 |
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