Encore
Robinson / éd. par Francis Marcoin [avec la
coopération du Musée national de
l'éducation à Rouen]. - Arras :
Université d'Artois - Centre Robinson, 2017. -
240 p. : ill. ; 24 cm. - (Les
Cahiers Robinson, 41).
ISBN 978-2-84832-250-6
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : Les Cahiers Robinson
ont été créés en 1997. A
l'occasion de cet
anniversaire, ils rendent hommage au personnage qui leur a
prêté son nom. Après un rappel
historique sur les
origines de la robinsonnade française et sur certaines
approches
éducatives comme celle de Germaine Tortel, ce sont les
développements récents du mythe, dans la
littérature et au cinéma, qui sont principalement
envisagés.
La figure de Robinson,
— quelquefois même son nom
seulement —,
continue de hanter la conscience occidentale tout en colonisant le
reste du monde. Elle illustre aussi le croisement des publics jeunes et
adultes que la critique anglo-saxonne range sous le terme de crossover.
Robinson devient transculturel, transgénérique et
transmédiatique. Mais cette universalité
s'accompagne de
significations de plus en plus divergentes. D'un
côté, la
futilité de l'invocation à Robinson dans des jeux
qui
s'évertuent à dissiper l'angoisse de la
réelle
solitude ; de l'autre, la morosité des apprentis
Robinson,
qui connaissent Defoe mais ne l'ont pas bien lu et qui sont incapables
aujourd'hui de se hisser à la hauteur de leur
modèle.
On
conclura donc cette revue avec des formes d'insularité
trouvées dans le psychisme intérieur plus que
dans les
territoires exotiques.
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ENCORE
ROBINSON : En
1934 […] le philosophe et pédagogue Alain ne
croyait plus
au rêve de Robinson : « Il y a
longtemps que les
robinsonnades, comme on les appelle, sont un objet de moquerie.
L'île déserte et les naufragé, pour
lesquels
l'argent n'est rien, cela est trop loin de nos chèques et de
nos
comptes en banque » 1.
Pourtant, non seulement le nom de Robinson est universellement connu,
mais il continue d'exercer un effet créateur dans les
domaines
les plus éloignés de la littérature.
Quelque soit
le contexte, il reste associé à la question de la
solitude, sorte d'invariant qui n'est pas sans recouvrir une part de
falsification, quand les jeux de
télé-réalité proposent des
Robinsons sous
haute surveillance ou quand le site Tripadvisor présente le
séjour au « Vahine Private Island
Resort »
comme une « robinsonnade de
luxe ».
[…]
Si
l'on adopte une position
« puriste », une
robinsonnade dont les limites sont tracées d'avance n'est
plus
vraiment une robinsonnade. Bien plus, elle ne devrait pas
être
racontée à la troisième personne
puisque personne
n'est là pour observer Robinson. Robinson ne peut que se
raconter lui-même, soit après son retour, soit
dans un
journal retrouvé après sa mort. Ou alors un
tiers,
après coup, tente de reconstituer la trame
d'événements auxquels personne n'a
assisté.
[…] La façon dont se négocie la
question de la
solitude est donc liée à la
possibilité de
raconter, qui est au cœur même de l'interrogation
sur le
récit et sa vraisemblance.
[…]
☐ Introduction, p. 7
1. |
Alain (Emile Chartier),
« Propos
d'économique », Paris : Gallimard, 1934 |
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SOMMAIRE |
Encore Robinson
- Danielle
Dubois-Marcoin, Robinson,
le roman de la mauvaise conscience
- Isabelle
Nières-Chevrel, À
la naissance des
« robinsonnades »
françaises. Petite bibliographie commentée de La
Vie et les Aventures surprenantes de Robinson Crusoé
[…] au Robinson
de douze ans
- Isabelle
Arnoux et Christine Chaumartin, Avatars
de la robinsonnade. Retour sur l’exposition
« Robinson & Cie : de Daniel Defoe
à Lost »
au Musée national de l’Éducation
(Munaé)
- Édith
Perry, The call of the
wild
- Isabelle-Rachel
Casta, « Vivre
ensemble, mourir seul » Les Robinsons tragiques du
vol 815 (Lost)
- Roland
Carrée, Cinéma
année zéro : Seul au monde de Robert Zemeckis
- Virginie
Douglas, Nation de Terry
Pratchett, le testament littéraire en forme de robinsonnade
du roi de la fantasy anglaise
- Christine
Guérinet, Les
robinsonnades urbaines, reflets de nos comportements
- Anne-Marie
Petitjean, Des
robinsonnades inversées : Anne Hébert
versus Michel Tournier
- Kathy
Similowski, Robinsons
en fin d’école primaire : de la
réécriture à l’invention
- Philippe
Blondeau, Robinsons
d’eau douce
- Julie
Saint-Hillier, De
l’île du Désespoir à
l’île de La
Redousse, réécriture bosquienne de la robinsonnade
- Fabrice
Thumerel, Le dossier
Robinson d’Olivier Cadiot
ENFANCES
AU CINÉMA
- Patrick
Louguet, Le voyage
vagabond au cœur de l’œuvre
cinématographique de Jacques Rozier (Les
Naufragés de l’île de la tortue, Maine
Océan et Adieu Philippine)
Les Cahiers Robinson ont vingt
ans
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Daniel
Defoe, « Vie
et aventures de Robinson Crusoé »
traduit de l'anglais par Pétrus Borel,
précédé de Les compagnons de Robinson,
par Michel Butor, Paris : P.O.L (La Collection), 1993
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mise-à-jour : 17
août 2018 |
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