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NOTE DE L'ÉDITEUR : C'est en même temps la confession d'un crime et le récit d'une cavale. Le narrateur, Colin, a aidé sa sœur Mariéla à tuer leur père. L'acte n'a pas été délibéré. Le geste accompli par ces deux enfants d'Haïti n'a fait qu'obéir à la logique de la violence qui règne dans leur « cité » aux allures de bidonville.

Colin qui vénère par-dessus tout son indépassable grande sœur, la seule à incarner la liberté et la beauté à ses yeux, ne peut rien dire sur le mobile de leur crime : il sait qu'ils ont tué mais il ne sait pas s'ils sont coupables. Les enfants des héros, c'est, en trois jours de fuite, un univers embrasé par la confession d'un coupable-innocent en quête de sa parole propre, d'une voix à soi, capable de faire apparaître l'autre visage d'une réalité supposée, d'émanciper un être de la condition à laquelle un drame veut définitivement l'assigner.

EXTRAIT

Dehors, la première chose qui m'a frappé, ça a été la chaleur du soleil. Mariéla et moi, nous préférons la lune. Les soirs de clair de lune, les ombres sont plus molles que la pâte à modeler, nous dessinions des formes avec. Le soleil de midi fait une ombre si dure qu'elle suit le marcheur à la trace comme si chacun traînait son propre gendarme sous ses pieds. […] Nous avions toujours eu, Mariéla et moi, nos lieux de rendez-vous pour ruser avec le soleil. Pour la première fois nous devions l'affronter sans l'assurance d'un abri, essayer bravement de le battre de vitesse en courant longtemps vers la nuit. Après la mort de Corazón, la première chose que j'ai vue a été le soleil. ☐ pp. 26-27