La Fortuna /
Françoise Gallo. - Paris : Liana Levi, 2019. -
142 p. ; 21 cm.
ISBN 979-10-349-0186-9
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Au début du XXe
siècle, des millions d'Européens
— Français,
Irlandais, Italiens,
Polonais, … — ont
quitté le pays où ils
étaient nés pour échapper à
la
misère. Beaucoup ont choisi (?) l'Amérique du
Nord ;
de nombreux Siciliens se sont dirigés vers un horizon plus
proche et plus familier : la Tunisie, terre ouverte, si proche, si
loin !
Les
personnages du roman de Françoise Gallo fuient un ordre
social,
aussi rigoureux qu'étroit, régi par des
propriétaires terriens oisifs, cupides et
décadents sous l'œil
complaisant de l'église catholique.
Pour Giuseppa La Fortuna
— “ bâtarde,
trouvée sur la ruota
du couvent de Girgenti ” qui entraîne son
mari infirme
et ses enfants —, la fuite vers le sud, de Porto
Empédocle au Cap Bon, est la promesse d'une renaissance.
Bien
plus tard, à l'approche de la mort, Giuseppa peut
écrire
sereinement “ j'ai fini ce que j'avais à
faire. Tout
est en ordre ”.
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Françoise
Gallo, née en Tunisie dans une famille sicilienne, rejoint
à huit ans la Provence. Elle écrit et
réalise des
fictions et des documentaires. En 2006, elle signe un 52 minutes, Stessa Luna, point
de départ de l’écriture de ce roman
inspiré
de l’histoire de sa famille, et de tant d’autres.
Elle vit
entre Aix-en-Provence et Paris. La
Fortuna est son premier roman. |
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EXTRAIT |
L'aube
pointe. Les phares clignotent. Les hauteurs d'une montagne apparaissent
à travers les vapeurs légères.
“ Voici
le Cap Bon ”, annonce le passeur. Que ce nom soit un
bon
présage ! Nous sommes en Tunisie. Sains et saufs.
Malgré la nuit, le froid, les flots
gloutons … Mes
fils se réveillent un à un. Je leur frictionne le
dos
pour les réchauffer. Luca se redresse et s'agite.
(…)
Luca tire sur ma jupe : “ Guarda, mamma ! Hanno
'a stessa luna !
Regarde, maman ! Ils ont la même lune que
nous !
— Oui, Luca, la même lune qu'en
Sicile. ”
(…) Nous voici presque au rivage.
(…)
Enfin,
nous accostons. Les garçons enjambent la barque et sautent
pieds
nus dans la mer, pantalons retroussés. Ils galopent et
sillonnent la plage en tous sens. Ils vont vers la mer mais les vagues
les rejettent sur le sable. Ils crient et sautent en riant.
Puissent-ils être toujours aussi heureux qu'en cet instant.
Les
vagues effacent les traces de leurs pas. Puissent-elles laver et
effacer nos peines, les dissoudre en un tourbillon d'écume
et
les renvoyer sur les rivages abandonnés. Que mes fils
foulent
une terre qui fera leur bonheur. Nous sommes arrivés en
Tunisie,
Petite
Amérique en pleine effervescence, proche de
notre Sicile.
☐ pp. 131-132 |
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“ FRÈRES
MIGRANTS EN MÉDITERRANÉE ” |
- Pietro
Bartolo et Lidia Tilotta, « Les larmes de sel »,
Paris : JC Lattès, 2017
- Tahar Bekri,
« Lampedusa »
in Murier triste dans
le printemps arabe, Neuilly-sur-Seine : Al Manar,
2016
- Philippe
Claudel, « L'archipel
du Chien », Paris : Stock, 2018
- Louis-Philippe
Dalembert, « Mur
Méditerranée »,
Paris : Sabine Wespieser, 2019
- Fabrizio
Gatti, « Bilal : sur la route des
clandestins », Paris : Liana
Levi, 2008
- Emma-Jane
Kirby, « L'opticien
de Lampedusa », Ste
Marguerite-sur-Mer : Les Équateurs, 2016
- Jean
Ziegler, « Lesbos, la honte de
l'Europe », Paris : Seuil, 2020
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- Le Monde, 6-7
octobre 2019, Cécile Duflot : A Lesbos, un mort de trop et une
honte pour l'Europe
- ActuaLitté, 9
juillet 2018, Andrea Camilleri : Autour de Salvini, des relents
fascistes façon Mussolini
- Festival Etonnants Voyageurs,
20 mai 2018 : Construire un principe
d'hospitalité opposable aux états
- Le Monde, 13
octobre 2016, Leoluca
Orlando maire de Palerme : “ J'ai honte
d'être européen ”
- Le Monde, 23
janvier 2016, Maryline Baumard : Giusi Nicolini, Antigone moderne
- Le Monde, 9
octobre 2013, Fabrizio Gatti : Lampedusa doit être
candidate au prix Nobel de la paix 2014
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mise-à-jour : 7 août
2020 |
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