7ème édition du Prix du
Livre Insulaire (Ouessant 2005)
ouvrage
sélectionné |
Guide non touristique d'un
village corse : Sarrola-Carcopino / Charlie Galibert. -
Ajaccio : Albiana, 2004. - 158 p. ;
24 cm. - (Prova).
ISBN 2-84698-109-4
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : Choisir la
Corse comme terrain d'investigation anthropologique pose un certain
nombre de préalables éthiques,
méthodologiques, théoriques. Car, au fond, depuis
les premiers observateurs, depuis les premiers voyageurs jusqu'aux
analystes contemporains, est-on si sûr de connaître
la Corse ? Les quelques choses que l'on sait d'elle ne
constituent-elles pas au fond un écran de savoirs qui
épaissit le mystère ? Ne sont-elles pas
comme les pièces de ce puzzle dont on aimerait qu'une fois
assemblé il projette l'image attendue, celle d'une
cohérence soupçonnée,
désirée, rassurante ?
Et le tableau final est-il
réel ou simplement l'aboutissement du regard de
l'observateur ? Un regard tout-puissant, parce que
bâtisseur de sens …
La question qui se pose
à l'anthropologue impétrant est ici —
comme ailleurs — de nature à le renvoyer aux
fondements de l'exercice même de sa discipline. Comment
appréhender un positionnement vis-à-vis de cet
objet tentant, sans le nier ou l'exalter ? Comment respecter
la distance nécessaire et suffisante sans le
détruire ou l'éloigner fatalement ?
Comment voir ce qui est
visible et connaître ce qui, par essence, restera
invisible ?
Et si le véritable
commencement consistait à s'intéresser
à l'anthropologie du regard anthropologique ?
Voici donc un essai
où la Corse — par l'intermédiaire du
village de Sarrola-Carcopino — devient le moteur heuristique
d'une anthropologie en mouvement s'intéressant à
l'infini dialogue entre l'observant et l'observé, l'analyste
et son objet, curieux couple à la naissance d'une
épistémologie résolument
non-touristique.
❙ | Docteur
en anthropologie et en philosophie, Charlie Galibert est chercheur au
Laboratoire d'anthropologie de l'Université de Nice
Sophia-Antipolis, où il étudie le Corse,
l'insularité et l'épistémologie de l'anthropologie. |
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EXTRAIT |
Il ne s'agit pas de projeter ma vision (fut-elle
du village) sur le village mais de laisser ses impressions colorer mes
yeux. Ce besoin d'être mangé par les choses pour
pouvoir les révéler, de dépasser
l'image-document ou l'illustration pour pouvoir rendre la
qualité des personnes et des paysages entrevus, doit
répondre à la rigueur des méthodes et
à la maîtrise du temps. Cela peut encore se dire
in-quiétude, c'est-à-dire absence de certitudes
figées, interrogation permanente sur sa
légitimité (et donc ses instances de
légitimation), sur la validité de ses choix, sur
les limites du cadre où s'inscrira
l' « image »
réalisée. Le plus difficile n'est pas d'entrer en
contact, de le faire vivre, d'être assez proche, attentif,
pour qu'en retour le sujet ait envie, lui aussi, de donner vie
à la relation. Et pour cela l'écoute ne suffit
pas, pas plus que l'empathie. L'empathie n'est pas une preuve que la
relation s'est tissée mais seulement que l'on a voulu la
tisser. Construire une relation implique bien davantage : un
investissement total, le fait de se perdre, de prendre le risque de la
rencontre.
☐ Avertissement au lecteur, p. 2
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Île
terrain ou île laboratoire : une
expérience anthropologique en Corse »,
in : Anne Meistersheim (éd), L'île
laboratoire : actes du Colloque
de l'université de Corse (19 au 21 juin 1997),
Ajaccio : Éd. Alain Piazzola, 1998
- « La Corse, une île et le monde »,
Paris : Presses universitaires de France, 2004
- « Sarrola
14-18, un village corse dans la Première guerre
mondiale :
essai d'anthropologie historique »,
Ajaccio : Albiana,
2008
- « Île
diserte : pour une anthropologie de la Corse
contemporaine », Ajaccio : Albiana, 2012
- « Chante
l'île sacrée »,
Barrettali : A Fior di carta, 2013
- « La
Corse® après la Corse : Traité
de savoir mourir
à l'usage des derniers survivants »,
Barrettali : A Fior di carta, 2017
- « L'oiselle
qui était née d'un chat (Journal
intime) »
avec des aquarelles d'Armand Scholtès, Barrettali :
A Fior
di carta, 2017
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mise-à-jour : 19
septembre 2017 |
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