Catherine Le Pelletier a créé
en 1993 « Encre Noire » 1,
une émission littéraire mensuelle sur RFO ;
elle y a reçu de nombreux spécialistes de la vie
littéraire (critiques, enseignants, traducteurs) et, surtout,
quelques-uns des principaux écrivains du monde caraïbe :
George Castera, Maryse
Condé, Raphaël
Confiant, Louis-Philippe
Dalembert, Joël Des Rosiers, Frankétienne,
Edouard Glissant, Victor
Headley, Yanick Lahëns,
Patrick Lemoine, Nancy
Morejon, Emile Ollivier,
Ernest Pépin, Simone
Schwartz-Bart, … venus d'Haïti, de Guadeloupe, de
Martinique, de Jamaïque ou de Cuba.
Ici réunis, ces propos
saisis sur le vif révèlent les tensions, les manques,
les excès et les révoltes qui animent la création
littéraire dans la région ; en surgit, hautement
exprimé, le questionnement qui fonde un vigoureux travail
sur la langue : comment, sans verser dans le pittoresque,
rendre sensible ailleurs dans le monde l'essentiel apport du
créole ?
Et, inlassablement, s'expriment
les blessures irréductibles de l'histoire — l'esclavage —
autant que la volonté de transgresser dans l'écriture
les limites de la géographie — l'insularité,
l'exil ...
De l'apparente cacophonie, qu'impose
le genre, s'élèvent des voix accordées,
tendues dans un élan partagé.
1. | L'émission est née en Guyane, le 10 juin 1993, dans le cadre des manifestations
organisées autour de la commémoration de l'abolition
de l'esclavage. |
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CATHERINE LE PELLETIER : […]
Nous nous somme attachés
à proposer au public, initié ou non, une Introduction
à la Littérature. J'ai dès le début
choisi d'axer le concept de notre émission sur une rencontre
avec les auteurs et à travers eux, leur littérature.
Je reste ici convaincue que celle-ci peut aussi se faire aimer,
se faire connaître grâce à ses créateurs,
à ses écrivains qui la vivent non seulement dans
leurs ouvrages, mais aussi dans leur quotidien. C'est ainsi que
nous nous sommes proposés de rencontrer les auteurs chez
eux, dans leur domaine — leur royaume imaginaire ? — et
nous avons souhaité aller à eux pour partager des
moments particuliers, des instants de vie que d'habitude ils
savourent seuls, quand ils sont face à leur manuscrit.
Nous les avons donc accompagné dans leur imaginaire […]
☐ Introduction, p. 14
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