Joël Des Rosiers

Caïques

Triptyque

Montréal, 2007
bibliothèque insulaire
   

Haïti
parutions 2007
10ème édition du Prix du Livre Insulaire (Ouessant 2008)
ouvrage en compétition
Caïques / Joël Des Rosiers ; illustrations de Marie-Denise Douyon. - Montréal : Triptyque, 2007. - 128 p. : ill. ; 23 cm.
ISBN 978-2-89031-577-8
avec le nom que je porte
je n'ai de compte à rendre qu'aux fleurs


p. 80

« Caïque » est le nom, emprunté au turc, d'une 
petite embarcation à voiles ou à rames ; c'est également le nom d'un groupe d'îles en mer Caraïbe — Turks and Caïcos, les îles Turques (ziltik) et Caïques — où, quand Joël Des Rosiers était enfant, sa grand-mère menaçait de l'envoyer aux jours intranquilles 1. « Caïques », le titre du recueil désigne les thèmes qui s'y déploient — la mer, la navigation, l'exil —, dans un libre mouvement où Caraïbe et Méditerranée se fondent pour accueillir un monde en proie au souffle des vents. Une colère rentrée sous-tend l'œuvre de l'un à l'autre des trois volets qui la composent.

Signes crypte/décrypte l'enracinement par l'évocation du passé proche ou lointain et toujours douloureux : souvenir du père, de l'aïeul Nicolas Malet, colon mais révolutionnaire et signataire de l'Acte d'indépendance ; souvenir de luttes sanglantes, de violence, de déchirements : colère créole / que rien ne peut soulager.

Spires brasse l'espace, le temps, les mots et les corps : ici la démone aux muscles noirs ou l'esclavonne venant de Tiburon, ailleurs la foule des amoureuses / dévidant leurs langages ou celle qui lit la Bible depuis l'enfance. Le jeu d'amour ne masque pas l'épreuve, le risque de la perdition, la possibilité d'une rédemption : là où ne fut nul passager / là est mon voyage.

Souffles clôt le recueil. C'est le domaine des vents, cyclone ou courant d'air, tantôt apaisés — et la mer est prise d'ennui —, porteurs de caresses et d'adoration, tantôt violents — et s'offusquent les eaux de mer.

Demeure …
ce qui n'est pas chanté dans le chant
car tout ne peut être dit
       
1. Cf. interview de Joël Des Rosiers, Le Nouvellliste (Port-au-Prince), 21 mai 2008 [en ligne]
EXTRAIT c'est une heure étrangère
où l'on se tient absent
à soi-même et au monde
assis sur un banc près de la mère
à la saignée des rosiers dans la nuit
une heure où l'on n'entend plus
ce qui se dit dans le torchis
à l'extrémité des rues
brûlant tant et plus les frontières
dispersant les fagots aux vents étranges
en la rue engouffrés
soudain par bel après-midi
ses yeux dans mes yeux
comme la voile
pour fuir la mer native
parmi les restes et les amers

Spires, p. 70
COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • « Métropolis opéra », Montréal : Triptyque, 1987
  • « Tribu », Montréal : Triptyque, 1990
  • « Savanes », Montréal : Triptyque, 1995
  • « Théories caraïbes : poétique du déracinement », Montréal : Triptyque, 1996, 2009
  • « Vétiver », Montréal : Triptyque, 1999
  • « Métropolis opéra [suivi de] Tribu », Montréal : Triptyque, 2000
  • « Savanes [suivi de] Poèmes de septembre », Montréal : Triptyque, 2007
  • « Un autre soleil » avec Patricia Léry, Montréal : Triptyque, 2007
  • « Lettres à l'indigène », Montréal : Triptyque, 2009
  • « Gaïac », Montréal : Triptyque, 2010
  • « Métaspora, essai sur les patries intimes », Montréal : Triptyque, 2013
  • « Chaux », Montréal : Triptyque, 2015
  • « Œuvres complètes : poèmes 1987-2015 », Montréal : Triptyque, 2015
Sur le site « île en île » : dossier Joël Des Rosiers

mise-à-jour : 13 novembre 2015

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