1ère édition du Prix du Livre Insulaire
(Ouessant 1999)
ouvrage en compétition |
Le tango de la haine
/ Ernest Pépin. - Paris : Gallimard, 1999. - 237 p. ;
21 cm.
ISBN 2-07-075511-8
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La violence du texte
surprend ; elle est au cœur des préoccupations d'Ernest
Pépin, mais sa portée est, avant tout, métaphorique.
Parlant de sa poésie, dans un entretien accordé à
Catherine Le Pelletier, pour l'émission Encre
Noire sur RFO, Ernest Pépin a caractérisé
les termes de sa dialectique amoureuse :“ Très
souvent, j'exprime la difficulté de l'amour ou le
désamour. Et je postule que hommes et femmes créoles ne
sont que deux blessures qui doivent s'accepter comme telles, pour
pouvoir justement construire un monde de lumière. Je crois qu'il
s'agit de quelque chose de très important de façon
universelle, mais dont on a encore plus besoin chez nous, où
notre histoire est celle d'une violence refoulée d'une certaine
façon qui nous rend un peu agressifs les uns vis à vis
des autres. Nous avons donc besoin de prendre conscience que nous
appartenons à la même terre, à la même
géographie, à la même histoire et que nous devons
créer cette forme de solidarité suprême qu'est
l'Amour. ”
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NOTE DE L'ÉDITEUR : « Le tango est une pensée
triste qui se danse », a dit Borges.
Ce « tango »
de la haine est le récit d'une danse infernale, celle
de la séparation douloureuse d'un couple, Abel et Nika,
qui ont vécu vingt ans ensemble. Lorsque Abel, le mari,
reprend sa liberté et refait sa vie, Nika se mue en tigresse …
Le roman se confond alors avec
la rage qui l'anime, il cède au déferlement lyrique,
incantatoire et luxurieux sur le tempo nerveux du créole.
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EXTRAIT |
Tout en faisant des concessions,
car j'ai toujours eu horreur de dominer autrui, j'étais
resté sur le radeau des temps d'avant. Celui des géreurs
d'habitation, des grossistes du bord de mer, des femmes à
petites boutiques et des chopines de rhum qui laissaient place
à la mécanisation de la coupe de la canne, aux
zones industrielles ancrées dans les terres qui bordaient
l'en-ville, aux libres-services et au rhum mis en bouteille par
des multinationales. Nika voulait sortir de ce temps-là
même si elle lui reconnaissait des saveurs de terroir.
Nous incarnions deux imaginaires du pays qui étaient condamnés
à se télescoper en nous chiquetaillant tous les
deux. J'avais choisi le camp d'une identité immuable parce
que je ne connaissais que celui-là. Elle s'était
jetée en dehors du cercle des ancêtres parce que
c'était son intérêt. Pourtant sa haine de
sangsue n'avait rien des manières d'aujourd'hui où
des ex, casés par des familles recomposées, se
croisaient tous les jours avec une sorte de légèreté
de plumes dansant dans le vent.
☐ p. 212
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « Au verso du silence » préface de René Depestre, Paris : L'Harmattan, 1984
- « Salve et salive »,
Paris : Silex, 1986
- « Boucan de mots
libres », La Havane : Casa de las Americas, 1990 ;
Nancy : ASPECT, 2005
- « L'homme au bâton »,
Paris : Gallimard, 1992 ; Gallimard (Folio, 2926),
1997
- « La revanche d'Octavie »
in : Ralph Ludwig (éd.), Écrire
la « parole de nuit » : la nouvelle
littérature antillaise, Paris : Gallimard
(Folio-essais, 239), 1994
- « Coulée d'or »,
Paris : Gallimard (Page blanche), 1995 ; Gallimard
(Folio junior, 1345), 2004
- « Tambour Babel »,
Paris : Gallimard, 1996
- « Babil
du songer », Petit-Bourg (Guadeloupe) : Ibis
rouge, 1997
- « L'écran
rouge », Paris : Gallimard, 1998
- « J'habite un déboulé
de verdure » in : Bernard Magnier (éd.),
A peine plus qu'un cyclone
aux Antilles, Cognac : Le Temps qu'il fait, 1998
- « Africa-solo »,
Ivry-sur-Seine : A3, 2001
- « Lettre ouverte
à la jeunesse », Pointe-à-Pitre :
Jasor, 2001
- « Cantique des tourterelles »,
Paris : Ecriture, 2004
- « L'envers du décor »,
Paris : Le Serpent à plumes, 2006
- « Dit de la roche gravée », Montréal : Mémoire d'encrier, 2008
- « Jardin de nuit », Paris : L'Harmattan, 2008
- « Le
goût de la Guadeloupe » textes choisis et
présentés par Ernest Pépin, Paris : Le
Mercure de France (Le petit Mercure), 2008
- « Toxic island », Fort-de-France : Desnel, 2010
- « La darse rouge », Lamentin (Martinique) : Caraïbéditions, 2011, 2018
- « Le soleil pleurait », La Roque d'Anthéron : Vents d'ailleurs, 2011
- « Le bel incendie », Paris : Bruno Doucey, 2012
- « Marie-Galante : credo à contre-mer », Pointe-à-Pitre : Jasor, 2013
- «
J'ai fait vœu d'un pays », Montreuil : Le Temps
des cerises (Biennale internationale des poètes en
Val-de-Marne), 2014
- « Le griot
de la peinture », Lamentin (Martinique), Petit-Bourg
(Guadeloupe) : Caraïbéditions, 2014
- «
Guadeloupe ouvre ses ailes froissées : Kyenbé
kyè ! », Chevagny-sur-Guye : Orphie, 2015
- «
Scènes des Antilles antan lontan : scènes de la vie quotidienne aux
Antilles à travers la carte postale ancienne », Paris : HC Éditions,
2015
- « Migrations insulaires » avec Jeanie Bogart, New York : Editions JB, 2017
- « L'envers du décor », Lamentin (Martinique) : Caraïbéditions, 2019
- « La souvenance », Lamentin (Martinique) : Caraïbéditions, 2019
| Sur le site « île
en île » : dossier
Ernest Pépin |
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mise-à-jour : 12 décembre 2019 |
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