Célanire
cou-coupé / Maryse Condé. - Paris :
Robert Laffont, 2000. - 248 p. ; 24 cm.
ISBN 2-221-08629-5
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : Il
y a cinq ans, à la Guadeloupe, un bébé
a été trouvé, la gorge
tranchée, sur un tas d'ordures. Il a survécu
à ses blessures. La lecture de ce fait divers abominable a
touché profondément Maryse Condé. Une
telle mutilation subie quand on est un bébé
marque une vie d'une manière monstrueuse. Comment peut-on
survivre en portant à son cou une cicatrice aussi
horrible ? Pour répondre à cette
question, Maryse Condé a créé
l'étonnant personnage de Célanire Pinceau, dite
“ Célanire
cou-coupé ” et a replacé ce
drame dans le contexte du début du siècle et de
la colonisation. La blessure abominable devenant le symbole du crime
commis contre les populations indigènes et la
révolte de son héroïne celle de tous les
révoltés.
Une nouvelle fois, avec la
force et la cruauté qui hantent son œuvre, Maryse
Condé met en scène le supplice des peuples
opprimés, et plus particulièrement celui des
femmes martyrisées. Dans ce roman
“ endiablé ”
où les vivants et les morts se mêlent parfois
amoureusement, Maryse Condé trace à l'encre rouge
sang le destin de Célanire Pinceau,
bébé sacrifié à sa
naissance sur l'autel de la réussite politique d'un Blanc et
qui n'aura assez de toute sa vie pour se venger du crime dont elle a
été la victime.
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GÉRARD
MEUDAL :
[…]
Tous les thèmes que
Maryse Condé a abordés dans ses
précédents romans, le contact avec l'Europe, le
sens de la colonisation, sont ici présents, mais
abordés sous un angle résolument moqueur et
totalement irrespectueux. On est loin de la quête des racines
africaines qui marquait ses premiers livres. “ Au
début, je voulais savoir qui j'étais, j'accordais
une importance essentielle à la race. C'est une
première période dont le symbole est Ségou. ”
Le succès considérable du cycle de Ségou
ne l'a pas empêchée de se détourner
rapidement du sillon tout tracé qui s'offrait à
elle : “ Malgré
l'amour que je porte à l'Afrique, je ne suis pas africaine.
Je suis revenue à une inspiration plus collée
à l'histoire et à la sociologie des Antilles.
Mais je suis une Guadeloupéenne qui vit à New
York, ne parle pas créole et n'aime pas le
zouk ”.
Là non plus elle ne
veut pas être enfermée dans le carcan d'une
étroite identité guadeloupéenne, et
garde une prudente réserve vis-à-vis des
écrivains dits de la créolité. “ Tous
les écrivains antillais, qu'ils écrivent en
français ou en créole, sont des
écrivains de la créolité. On a tort de
restreindre le terme à ceux qui ont écrit un
manifeste. Un écrivain puise dans tout le
matériau linguistique pour s'exprimer. Je n'écris
pas en français, pas en créole,
j'écris en Maryse Condé ”.
Sa place dans la littérature française ne va non
plus de soi. “ La France est toujours le
pays contre lequel je me définis. Je n'arrive pas
à me débarasser de ce complexe un peu
bête, un peu aveugle. Quand j'étais en classe, la
littérature française était celle
contre laquelle on réagissait, on voulait se
défendre d'une admiration excessive. ”
[…]
☐ Le Monde des livres,
10 novembre 2000
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Célanire
cou coupé », Paris : Pocket
(Pocket, 11375), 2003
|
- « La parole des femmes :
essai sur des romancières des Antilles de langue
française », Paris :
L'Harmattan, 1979
- « Le cœur à
rire et à pleurer »,
Paris : Robert Laffont, 1999
- « La planète Orbis »,
Pointe-à-Pitre : Éd. Jasor, 2002
- « Histoire de la femme cannibale »,
Paris : Mercure de France, 2003
- «
Victoire, les saveurs et les mots »,
Paris : Gallimard (Folio, 4731), 2008
- « En attendant la
montée des eaux »,
Paris : JC Lattès, 2010
- « La vie sans fards »,
Paris : JC Lattès, 2012
- « Le
fabuleux et triste destin d'Ivan et Ivana »,
Paris : JC Lattès, 2017
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Sur
le site « île
en île » : dossier Maryse
Condé |
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mise-à-jour : 15
octobre 2018 |
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