NOTE DE L'ÉDITEUR : Il faut de toute évidence se garder de trop interroger la littérature et de la considérer comme l'équivalent du discours politique ou ethnologique. Néanmoins à travers elle, il est possible de cerner l'image d'une collectivité et de vivre un moment avec elle. Aussi, nous avons pensé qu'il serait intéressant d'étudier les œuvres de quelques romancières ¹ des Caraïbes de langue française afin de découvrir le regard qu'elles portent sur elles-mêmes, sur leur pays et leur société et d'appréhender les problèmes qu'elles affrontent.

Car la femme antillaise a été plus qu'une autre travestie, affublée d'épithètes qui trop souvent ne correspondent pas à sa réalité. Ainsi son rôle au sein des luttes de libération antérieures et postérieures à l'abolition de l'esclavage a été largement occulté. Ainsi son statut actuel fait l'objet de nombreuses controverses.

CHRISTIANE P. MAKWARD : La Parole des femmes de Maryse Condé est une référence classique puisqu'il réunit pour la première fois des analyses thématiques qui recoupent les œuvres de trois générations d'Antillaises francophones. Une des remarques les plus pénétrantes, éclairées par certaines études sociologiques sur la condition féminine antillaise, concerne le peu de cas que les romancières semblent faire de la figure paternelle, et en particulier l'absence de relations conflictuelles entre pères et filles.

☐ « Mayotte Capécia », Paris : Karthala, 1999 | p. 43