4ème édition du Prix du
Livre Insulaire (Ouessant 2002)
ouvrage en
compétition |
Des romans de tradition
haïtienne : Sur un récit tragique / Jean
Jonassaint. - Paris : L'Harmattan ;
Montréal : CIDIHCA, 2002. -
365 p. ; 22 cm.
ISBN 2-7475-1672-5
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[Un] excellent
livre sur le roman de tradition haïtienne …
Ce magnifique travail arrive à propos, à la
veille du bicentenaire de 2004.
☐ René Depestre
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Enseignant et chercheur (littératures francophones)
à la Duke University, Jean Jonassaint entreprend avec cet
ouvrage de caractériser un temps fort de l'histoire du roman
en Haïti. Le cadre chronologique retenu (1901-1961) n'est pas
le fruit du hasard ; il découle d'une rigoureuse
méthodologie : toutes les œuvres retenues
sont en effet présentées et commentées
dans les principaux manuels et anthologies consacrés
à la littérature romanesque haïtienne,
ceux notamment de Ghislain
Gouraige, de Raphaël
Berrou et Pradel Pompilus, d'Auguste Viatte.
Jean Jonassaint travaille donc
sur un corpus littéraire cohérent dont il met en
évidence les constantes : réalisme (dans
la lignée des modèles du XIXe
siècle européen, Scott, Balzac, Zola,
…), ancrage dans la vie socio-politique du pays, utilisation
des langues du cru, « du
français le plus hexagonal à l'haïtien
le plus régional, en passant par le français
haïtianisé ou l'haïtien
francisé »
(pp. 60-61). Poursuivant son analyse, Jean Jonassaint note
enfin que cette cohérence formelle est mise au service
d'intrigues dont l'issue est, le plus souvent, malheureuse : « " drame ",
tragédie ",
" fatalité " […] sont des
termes couramment utilisés pour qualifier ces
récits »
(p. 200) ; ce constat l'amène à
dresser un parallèle avec la tragédie grecque
(Eschyle et Euripide).
Pour mieux étayer
sa démarche, Jean Jonassaint ne manque pas de signaler la
ligne de rupture qui distingue les auteurs et les œuvres
auxquels il s'est attaché, de ceux de la
génération suivante. Cette nouvelle
époque commence en 1961 avec la publication à
Paris (Robert Laffont) d'un roman de Francis-Joachin Roy,
« Les chiens », tenu pour le
premier roman de la diaspora haïtienne. Par contraste avec les
textes antérieurs, « ce roman
[…] est tout à fait une œuvre du
dehors » (p. 90) ; il
préfigure la voie qu'emprunteront Marie Chauvet, Jean Métellus,
Roger
Dorsinville ou René
Depestre pour ne citer que quelques-uns des plus illustres.
L'anthologie qui
complète utilement ce précieux ouvrage permet une
plongée limitée (pour des raisons
évidentes) dans la richesse des œuvres
évoquées (certaines d'entre elles sont
difficilement accessibles) ; enfin, la bibliographie
très poussée permet à qui le souhaite
de poursuivre cette stimulante exploration.
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SOMMAIRE
(résumé) |
En guise de préface (p. 13)
objet et méthode d'une recherche (p. 19)
d'un projet littéraire national (p. 59)
- un
corpus national
- un
texte allogène national
d'un tragique haïtien (p. 165)
- des
histoires tragiques
- des
récits (contre)exemplaires
conclusion : de la validité
des traits retenus (p. 257)
anthologie des romans de tradition
haïtienne (p. 279)
annexe : typologie des récits tragiques
haïtiens (p. 335)
bibliographie (p. 339)
index (p. 363)
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LES ŒUVRES
ÉTUDIÉES |
- Frédéric
Marcelin, « Thémistocle-Épaminondas
Labasterre », 1901
- Frédéric
Marcelin, « La vengeance de
Mama », 1902
- Frédéric
Marcelin, « Marilisse »,
1903
- Justin
Lhérisson, « La famille des
Pitite-Caille », 1905
- Justin
Lhérisson, « Zoune chez sa Ninnaine »,
1906
- Fernand
Hibbert, « Séna », 1905
- Fernand
Hibbert, « Les
Thazar », 1907
- Fernand
Hibbert, « Romulus », 1908
- Fernand
Hibbert, « Le manuscrit de mon
ami », 1923
- Fernand
Hibbert, « Les simulacres », 1923
- Antoine
Innocent, « Mimola »,
1906
- Jacques
Roumain, « Les
fantoches », 1931
- Jacques
Roumain, « La
montagne ensorcelée », 1931
- Jacques
Roumain, « Gouverneurs
de la rosée », 1944
- Jean-Baptiste
Cinéas, « Le
drame de la terre », 1933
- Jean-Baptiste
Cinéas, « La vengeance de la
terre », 1933
- Jean-Baptiste
Cinéas, « L'héritage
sacré », 1945
- Jean-Baptiste
Cinéas, « Le choc en
retour », 1948
- Philippe
Thoby-Marcelin et Pierre Marcelin,
« Canapé-vert », 1944
- Philippe
Thoby-Marcelin et Pierre Marcelin, « La
bête de Musseau », 1946
- Philippe
Thoby-Marcelin et Pierre Marcelin, « Le crayon de
Dieu », 1952
- Anthony
Lespès, « Les semences de la
colère », 1949
- Jacques
Stephen Alexis, « Compère
général Soleil »,
1955
- Jacques
Stephen Alexis, « Les
arbres musiciens », 1957
- Jacques
Stephen Alexis, « L'espace d'un
cillement », 1959
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Jean
Jonassaint (éd.),
« Typo/Topo/Poéthique :
sur Frankétienne », Paris :
L'Harmattan (Critiques
littéraires), 2008
- Jean
Jonassaint (dir.), « Frankétienne,
écrivain
haïtien », Montréal :
Dérives,
Paris : Réplique diffusion, 1987
- Jean
Jonassaint (éd.), « Le pouvoir des mots,
les maux du
pouvoir : des romanciers haïtiens de
l'exil »,
Paris : L'Arcantère, Montréal :
Presses de
l'université de Montréal, 1986
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mise-à-jour : 24
juillet 2018 |
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