Dézafi /
Frankétienne. - Port-au-Prince : Ed. Fardin, 1975.
- 312 p. ; 18 cm.
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GÉRARD
BARTHÉLÉMY :
C'est en utilisant une langue créole paysanne, à
la fois riche, authentique et truculente, parfois même
hermétique pour l'élite citadine, que l'auteur
[de] Dézafi a essayé
d'exprimer un certain nombre de concepts, d'émotions et de
sensations pratiquement intraduisibles en
français : « le
Dezafi, dans le contexte du livre, c'est aussi la lutte
générale, le combat quotidien du peuple
haïtien ... grâce à la
récupération de certains mots, ce certaines
expressions qui ont tendance à
disparaître » 1. Il ne s'agit pas d'une simple transmission de
contes ou d'autres matériaux folkloriques mais
plutôt de la transmission de tout un langage
réapproprié par une homme de la ville qui
s'adresse enfin à tous.
Même si peu d'autres auteurs se sont
hasardés, à sa suite, sur une voie aussi
exigeante, Frankétienne a démontré et
continue de démontrer qu'une telle aventure est possible
[…].
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« La
société haïtienne et sa
littérature », Notre
Librairie,
n° 132, octobre-décembre 1997
1. |
Cité
par Ulrich Fleischmann, « Écrivain et
société en Haïti », Centre de
Recherches
Caraïbes, Université de Montréal, 1976. |
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PATRICK
CHAMOISEAU :
… Dézafi de
Frankétienne, écrit en créole
haïtien.
Une couverture rouge. Une impression sans luxe sur gros papier. Un
contact amical, presque chargé de terre. Le mot Dézafi évoque
une fête populaire où les combats de coqs tiennent
une
place centrale. Dans ce texte, Frankétiene évoque
la
lutte du peuple haïtien zombifié par la dictature,
mais
aussi sa propre lutte pour survivre en écrivain dans une
langue
dominée. Des mots créoles jaillis des profondeurs
rurales
(et d'un imaginaire rebelle) sont soudain mis au service, non de la
langue postée dans d'offensives guérites, mais
d'une
fête langagière inouïe, d'une
structuration
tourbillonnante, déflagration monumentale que je pensais
inconcevable dans une langue écrasée. La langue
créole fissurant soudain sa gangue, et se dressant en
œuvre d'art.
☐
«
Écrire en pays dominé » (1977), Paris :
Gallimard (Folio, 3677), 2002 — pp. 92-93
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MAXIMILIEN
LAROCHE :
Dezafi, le premier roman
écrit en langue haïtienne, est une histoire de
zombification et dézombification, donc d'asservissement et
de libération. Nul besoin de chercher bien loin ni bien
longtemps pour percer cette allégorie de la situation
haïtienne. Klodonis, le jeune homme que le méchant
houngan Sintil résuit à l'état de
zombi pour en faire son esclave, est la figure de l'Haïtien
réduit à l'état de zombi sous la
férule de l'état duvaliérien. Et la
révolte qui met fin à la tyrannie de Sintil est
l'image souhaitée de la révolution qui
libérerait pareillement l'Haïtien. Ce roman
s'insère dans la veine folklorique utilisée
surtout au théâtre par Frankétienne,
dans des pièces satiriques et iconoclastes, Pèlentèt,
Twou Foban … dont le succès
finira par éveiller l'attention de la censure
duvaliériste qui en interdira les représentations.
☐
« Imaginaire
populaire et littérature : Le houngan, le zombi et
le mécréant », Notre Librairie,
n° 133, janvier-avril 1998
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Dézafi »,
Châteauneuf-le-Rouge : Vents d'ailleurs, 2002
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- « Les affres d'un
défi »,
Port-au-Prince : Ed. Henri Deschamps, 1979
- « Les
affres d'un défi », Paris :
Jean-Michel Place, 2000
- « Les
affres d'un défi », La
Roque-d'Anthéron : Vents d'ailleurs, 2010
|
- « Pélen tèt »,
Port-au-Prince : Éd. du Soleil, 1978
- « L'oiseau schizophone »,
Port-au-Prince : Éd. des Antilles, 1994
- « L'oiseau schizophone »,
Paris : Éd. Jean-Michel Place, 1998
- « Haïti
chaos, Haïti Babel ... »
in : Bernard Magnier (éd.), A peine plus qu'un cyclone
aux Antilles, Cognac : Le temps qu'il
fait, 1998
- « D'un pur silence inextinguible,
premier mouvement des Métamorphoses
de l'oiseau schizophone », La
Roque d'Anthéron : Vents d'ailleurs, 2004
- « Ultravocal »,
Paris : Phébus, 2004
- « Mûr à crever »,
Bordeaux : Ana Éd., 2004 ; Paris :
Hoëbeke, 2013 ; transl. as « Ready to burst »,
Brooklyn : Archipelago books, 2014
- « Anthologie secrète »
préface et photographies de Rodney Saint-Eloi,
Montréal : Mémoire d'encrier, 2005
- « Ma
ville est dans mon ventre », in Une
journée haïtienne,
textes réunis et présentés par Thomas
C. Spear,
Montréal : Mémoire d'encrier ;
Paris :
Présence africaine, 2007
- « Melovivi, ou Le piège
(suivi de) Brèche ardente »,
Paris : Riveneuve, 2010
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Sur
le site « île
en île » : dossier Frankétienne |
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mise-à-jour : 7 juillet 2021 |
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