L'Amérique saigne (Gun blesse America) / Frankétienne et
Claude Dambreville ; présenté par Dave
King Freeman. - Port-au-Prince : Imprimeur II, 1995.
- 301 p. ; 21 cm.
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ANNE
MARTY :
— Votre dernière
œuvre « L'Amérique
saigne » a été
écrite avec Claude Dambreville […].
Écrire à deux n'est pas une aventure simple
[…]. Claude Dambreville et vous, seriez-vous
frères quelque part ?
FRANKÉTIENNE : — Claude
est journaliste et peintre. […] On est amis depuis plus de
vingt ans […]. L'année dernière, on
regardait la télévision ensemble en
Amérique, nous avons vu ce déferlement de
violence quotidienne aux États-Unis qui quelque part
alimente la violence en Haïti. Certains pensent que c'est pour
nous évader que nous avons écrit sur la violence
américaine. Pourquoi pas la violence chez nous, m'ont-ils
dits ? Bon nombre de nos compatriotes
émigrés semblent avoir appris la violence en
Amérique : à preuve, ce flot
d'Haïtiens que le gouvernement des États-Unis
déverse chaque année depuis cinq ou six ans en
Haïti ; on les présente comme ayant
trempé dans des histoires louches, ou comme étant
devenus aux USA des malades de la drogue.
Certes, dans notre pays
l'insécurité est multicéphale, il y a
les anciens militaires, les macoutes, mais aussi les
délinquants de tous bords. Si vous lisez ces nouvelles de
« L'Amérique saigne »,
ça vous permettra de mieux comprendre la violence chez nous
en Haïti. Nous nous sommes inspirés de faits
réels que nous avons romancés […].
ANNE
MARTY :
— Y-a-t-il un lien entre ces
nouvelles ?
FRANKÉTIENNE : — Oui, c'est une famille qui
regarde la télévision, et un des enfants qui
jette un regard critique sur la façon dont les informations
sont livrées au public avec ce côté
quête du sensationnel. C'était au
départ difficile d'articuler deux écritures, deux
sensibilités différentes, parce que lui est
journaliste et moi poète surtout, un poète qui
essaie d'écrire des romans.
☐
Extrait d'un entretien
publié en juillet 1995 (Pour Haïti, n° 19),
et reproduit par Anne Marty : « Haïti en
littérature », Paris, La
Flèche du Temps - Maisonneuve & Larose, 2000
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BILL
MARSHALL
: Frankétienne
has explored and used systematically the most challenging writing
techniques involved in the experimentation of French and American
writers like Michel Butor, Joëlle de la Casinière,
or John
Dos Passos, to name a few, blending them with popular Haitian poetics
to describe the powerful, dominant North. Hence, it is not by chance
that he published in 1995 with the Haitian painter and writer Claude
Dambreville, L'Amérique
saigne (Gun blesse America) :
a series of short stories with one main character who is also
prefacer-narrator-novelist-scholar, Dave King Freeman, of which the
full title is an ironical calque of the famous God Bless America
to say quite the contrary : America Bleeds (Gun Injures
Ameria). The
conversations of this super-character with his parents about the daily
bloody TV news alternate with stories of quiet, sordid, and gratuitous
murders. L'Amérique
saigne portrays a stereotypical violent and crazy America
where the Haitian subject is absent ; in contrast Pèlin-Tèt
(1978), his great popular success, narrates a
dark part of the Haitian migration of the 1970's in New York.
☐ «
France and the Americas : culture, politics, and history
— A multidisciplinary
Encyclopedia », Santa
Barbara (Ca.) : ABC-CLIO, 2005 (vol. 2, p. 419)
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Claude
Dambreville, « Un goût de
fiel », Port-au-Prince : Henri Deschamps,
1983
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site internet de Claude Dambreville |
- Frankétienne,
« Dézafi »,
Port-au-Prince : Ed. Fardin, 1975 ;
Châteauneuf-le-Rouge : Vents d'ailleurs, 2002
- Frankétienne,
« Pèlen tèt »,
Port-au-Prince : Éd. du Soleil, 1978
- Frankétienne,
« Les affres d'un
défi » (trad.
française de Dézafi),
Port-au-Prince : Ed. Henri Deschamps, 1979 ;
Paris : Jean-Michel Place, 2000 ; La Roque-d'Anthéron : Vents
d'ailleurs, 2010
- Frankétienne,
« L'oiseau
schizophone », Port-au-Prince :
Éd. des Antilles, 1994
- Frankétienne,
« L'oiseau
schizophone », Paris :
Jean-Michel Place, 1998
- Frankétienne,
« Haïti
chaos, Haïti Babel ... »
in : Bernard Magnier (éd.), A peine plus qu'un cyclone
aux Antilles, Cognac : Le Temps qu'il
fait, 1998
- Frankétienne,
« Mûr à crever »,
Bordeaux : Ana Éd., 2004 ; Paris : Hoëbeke,
2013 ; transl. as « Ready to burst »,
Brooklyn : Archipelago books, 2014
- Frankétienne,
« Ultravocal »,
Paris : Hoëbeke, 2004
- Frankétienne,
« D'un
pur silence inextinguible, premier mouvement des
Métamorphoses de l'oiseau schizophone »,
La Rocque d'Anthéron : Vents d'ailleurs, 2004
- Frankétienne,
« Anthologie secrète »
préface et photographies de Rodney Saint-Eloi,
Montréal : Mémoire d'encrier, 2005
- Frankétienne,
« Ma
ville est dans mon ventre », in Une
journée haïtienne,
textes réunis et présentés par Thomas
C. Spear,
Montréal : Mémoire d'encrier ;
Paris :
Présence africaine, 2007
- Frankétienne,
« Melovivi, ou Le piège
(suivi de) Brèche ardente »,
Paris : Riveneuve, 2010
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Sur le site « île en île » : dossier Frankétienne |
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mise-à-jour : 7
juillet 2021 |
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