Le barbare enchanté
/ Raphaël Confiant. - Paris : Écriture,
2003. - 308 p. ; 23 cm.
ISBN 2-909240-54-1
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Raphaël Confiant
a présidé le jury du 5e
Prix du Livre
Insulaire (Ouessant 2003) |
NOTE
DE L'ÉDITEUR : Au
mois de mai 1887, le peintre Paul Gauguin, à la recherche
d'une nouvelle manière de vivre et d'exercer son art, quitte
la France pour Panama, où il envisage de s'installer sur une
île déserte avec son ami Charles Laval, tout aussi
inconnu que lui.
La faillite de la Compagnie du
Canal qui l'emploie, les assauts de la fièvre jaune et
l'indifférence de son négociant de
beau-frère ont raison de son rêve,
fracassé contre la barrière de l'Atlantique.
Les deux infortunés
décident alors de mettre le cap sur l'île de la
Martinique, « pays des dieux
créoles ». Un envoûtement
immédiat, qui durera cinq mois. Cinq mois d'une vie
spartiate, dans une case en bordure de mer, aux
côtés des travailleurs nègres et
indiens d'une grande plantation de canne à sucre. Mais cinq
mois d'une rencontre émerveillée, celle de
l'Afrique et de l'Inde dans leur déclinaison
créole, témoins d'un amour clandestin et
passionné .
S'inspirant des douze tableaux
et quelques sculptures que Gauguin réalisa durant cette
période, ainsi que de documents d'archives
inédits, Raphaël Confiant fait revivre l'un des
épisodes les moins connus de la vie de Paul
Gauguin : son séjour martiniquais, qui lui permit
de renoncer aux séductions de l'impressionnisme et de se
soustraire à l'empire de Pissarro et de Manet pour
s'aventurer sur des voies inexplorées.
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JACQUES
BAYLE-OTTENHEIM :
[…]
En 1887, après un
séjour calamiteux à Panama, Gauguin
accompagné de son ami Charles Laval passa quatre mois au
pied de la Montagne Pelée, au village du Carbet,
près de Saint Pierre. C'est cet épisode,
injustement oublié, que Raphaël Confiant exhume et
pare des couleurs et des senteurs qui lui sont familières.
[…] Raphaël Confiant fait œuvre
d'historien, recréant à partir des trop rares
archives et de précieux témoignages oraux le
milieu, naturel et humain, au sein duquel Gauguin aborde une
étape déterminante de son éducation
artistique.
Mais l'essentiel est ailleurs.
Sans jamais brider sa liberté de créateur,
Raphaël Confiant propose une lecture clairvoyante de la
relation privilégiée qui s'établit
entre son héros et la communauté noire,
métisse, indienne qui l'accueille — aux
côtés de Floriane-Zette, Da-Yèyette ou
Lafrique-Guinée, Gauguin est chez lui à la rue
Case-Nègres ! De ce contact
privilégié, émane un
envoûtement marqué du sceau des dieux
créoles.
S'éloigne-t-on de
la peinture ? Comme plus tard à Tahiti ou aux
Marquises, l'hôte provisoire de la rue Case-Nègres
ne cesse de peindre avec une tonique appétence. Et le
romancier ne cesse, pour sa part, de renvoyer aux œuvres
rescapées du trop bref séjour martiniquais. Des
œuvres qui illuminent aujourd'hui encore les salles des
grands musées : Chemins sous les
palmiers, La récolte des fruits,
Végétation tropicale, Eve martiniquaise
— œuvres […] dont les couleurs
prennent une profondeur
nouvelle à la lecture du roman de Raphaël Confiant
qui
[…] met sous la plume de Gauguin, son héros,
l'une des
clés de son art : « chacune de
mes toiles est un
immense effort pour tenter de forcer le chemin ».
[…]
☐ A
Pian' d'Avretu
[mail],
n° 22, juillet 2004, p. 31
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EXTRAIT |
Jeune homme tranquille,
réservé même, Laval, pour qui Puvis de
Chavannes représentait, à cette
époque, le sommet de ce que l'art pouvait atteindre en
peinture — comme, croyait-il, Sully Prud'homme,
l'était pour la poésie — avait
été interloqué par les touches
papillotantes de son nouvel ami. Il avait eu le sentiment d'une
juxtaposition de fines bulles translucides qui donnaient aux toiles de
Gauguin un aspect inachevé. Ou, plus exactement,
inachevable. En effet, semblable technique désemprisonnait
le sujet de son cadre étroit et laissait imaginer un
au-delà de la toile.
☐ p. 16
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Aimé
Césaire, une traversée paradoxale du
siècle », Paris :
Stock, 1993 ; Paris : Écriture, 2006
- « La Vierge du Grand Retour »,
Paris : Grasset, 1996
- « Dictionnaire des
Titim et Sirandanes », Petit-Bourg
(Guadeloupe) : Ibis Rouge, 1998
- « Régisseur du rhum »,
Paris : Écriture, 1999
- « Jik
dèyè do Bondyé »,
Petit-Bourg (Guadeloupe) : Ibis rouge, 2000
- « Le Galion »
photographies de David Damoison, Petit-Bourg (Guadeloupe) :
Ibis Rouge, 2000 — Prix du Livre Insulaire, Ouessant 2000
(catégorie beaux-livres)
- « Nuée ardente »,
Paris : Mercure de France, 2002
- « La panse du chacal »,
Paris : Mercure de France, 2004
- « Adèle et la
pacotilleuse », Paris : Mercure
de France, 2005
- « Dictionnaire
créole martiniquais - français »,
Matoury (Guyane) : Ibis Rouge, 2007
- « Rue des Syriens »,
Paris : Mercure de France, 2012
- « L'enlèvement
du mardi gras », Paris :
Écriture, 2019
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Sur le site « île en
île » : dossier Raphaël Confiant |
- Roger
Cucchi, « Gauguin à la
Martinique : le musée imaginaire de ses peintures,
dessins, sculptures, céramiques, les faux, les lettres, les
catalogues d'expositions », Vaduz
(Liechtenstein) : Calivran, 1979
- Jean Loize,
« Comment Gauguin fit une merveilleuse
découverte de la Martinique », Le Carbet
(Martinique) : Mémorial Musée Paul
Gauguin, 1990
- Maïotte
Dauphite, « Paul Gauguin a rencontré
l'Inde, en 1887, à la Martinique », Le
Carbet (Martinique) : Mémorial Musée
Paul Gauguin, 1995
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mise-à-jour : 19
mars 2019 |
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