Les voyages de Gulliver /
Jonathan Swift ; présentation, notes et chronologie
par Alexis Tadié ; trad. par Guillaume Villeneuve.
- Paris : Flammarion, 1997. - 421 p. :
cartes ; 18 cm. - (G.F., 969).
ISBN 2-08-070969-0
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NOTE
DE L'ÉDITEUR :
Lemuel Gulliver est chirurgien de marine. Au cours de ses
périples, il
va découvrir quatre étranges contrées
peuplées de bizarres autochtones.
Il échoue d'abord sur l'île des Lilliputiens,
petits bonshommes
bagarreurs d'une quinzaine de centimètres de hauteur, dont
la société
se divise entre ceux qui ouvrent les œufs à la
coque par le gros bout
et ceux qui ne l'entament que par le petit. Après avoir
échappé aux
Lilliputiens, il débarque chez les géants de
Brobdingnag, puis au
paradis terrestre des Houyhnhnms, et enfin sur l'île volante
de
Laputa … Dans
Les Voyages de Gulliver
(1721), récit fantastique à la fois satirique et
philosophique, Swift
caricature avec humour les travers de la société
anglaise, qui sont
ceux de toute société humaine.
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WALTER SCOTT |
Robinson Crusoé racontant des
évènements bien plus près de la
réalité, n'est peut-être pas
supérieur à Gulliver pour la gravité
et la vraisemblance du récit. Toute la personne de Gulliver
est décrite avec tant de vérité, qu'un
matelot soutenait qu'il avait bien connu le capitaine Gulliver, mais
qu'il demeurait à Wapping et non à Rotherhithe.
☐ Préface aux
« Voyages de Gulliver », in Francis Lacassin (éd.),
« Voyages aux
pays de nulle part », Paris :
Robert Laffont (Bouquins), 1990
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VIRGINIA WOOLF | …
Mr. Swift, qui avait de ces manières bien à lui, entre
sans être annoncé. Un moment, où sont Les Voyages de Gulliver ? Les voici ! Lisons un passage tiré du voyage chez les Houyhnhnms :
“ Mon
corps jouissait d'une Santé parfaite, mon Esprit d'une aussi
parfaite Tranquillité. Je ne connaissais ni la Trahison ou
l'Inconstance d'un Ami, ni les attaques d'un Ennemi secret ou
déclaré. Je n'avais à corrompre personne, à
faire ni le Lèche-bottes ni le Maquereau pour obtenir la Faveur
d'un grand ou de son Mignon ; je n'avais pas besoin d'un Rempart
contre la Fraude ou l'Oppression ; il n'y avait dans le Pays ni
Médecin pour ruiner ma Santé, ni Homme de Loi pour piller
ma Fortune ; pas plus de Mouchards, pour espionner mes Paroles et
mes Actions ni pour m'accuser faussement moyennant salaire ; et
pas de Railleurs, de Bêcheurs, de Mauvaises Langues, de
Vide-Goussets, de Brigands, de Cambrioleurs, d'Avocats,
d'Entremetteuses, de Bouffons, de Joueurs professionnels, de
Politiciens, de Beaux Esprits, de Neurasthéniques, de
Discoureurs, d'Ergoteurs … ”
Mais
arrêtez, arrêtez votre grêle de mots d'acier, ou vous
allez tous nous écorcher vivants, et vous-même par-dessus
le marché ! Il n'est rien qui soit plus direct que cet
homme violent. Il est si grossier et cependant si propre ; si
brutal et cependant si bienveillant ; méprise le monde
entier, et cependant parle le langage des enfants à une
petite-fille, et mourra, pouvons-nous en douter ? dans un asile de
fous.☐ « Orlando », in Romans, essais, Paris : Gallimard (Quarto), 2014 — p. 511
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ÉMILE MICHEL CIORAN |
Les seules utopies lisibles sont les fausses,
celles qui, écrites par jeu, amusement ou misanthropie,
préfigurent ou évoquent les Voyages de
Gulliver, Bible de l'homme détrompé,
quintessence de visions non chimériques, utopie sans
espoir. Par ses sarcasmes, Swift a
déniaisé un genre au point de
l'anéantir.
☐ « Histoire
et utopie », Paris : Gallimard
(Folio/Essais), 1992
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ROGER NIMIER |
L'homme fait, troisième
étape après l'Homo faber et l'Homo
sapiens, se laisse porter par son temps. Il se place au
milieu du courant et il salue majestueusement le rivage,
déjà figé, cette Histoire universelle
qui lui paraît être son histoire. La mort l'avale
au milieu d'un discours.
Quelques autres, dont Swift, ne se laissent pas
prendre aux malices du temps. Loin de s'évader ils remontent
le courant, s'ils le peuvent, ils tentent d'atteindre les
îles privilégiées. L'auteur de Gulliver
ne voulait pas mourir et il devint fou pour échapper sans
doute à cette vision. L'éclat de rire se termine
ou plutôt continue en folie. Où les hommes se
résument en quelques formules d'adieu (…), Swift
tombe en mille morceaux. Il n'est plus rien pour ses contemporains. Il
est tout entier à ses personnages miraculeux, Messieurs les
géants, Mesdemoiselles les naines, Messieurs les chevaux,
Messieurs les enfants à venir — roi d'une
création désordonnée, mais qui vaut
bien après tout celle que les hommes attribuent injustement
à Dieu. Dieu créateur de Swift et non pas de la
terre qui n'est que du sable et marque le temps.
☐ « L'Élève
d'Aristote », Paris : Gallimard, 1981
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Travels
into several remote nations of the world … by
Lemuel
Gulliver », London : Benj. Motte, 1726
- The
works of J.S., D.D, D.S.P.D. (vol. III) :
« The
Travels of Captain Lemuel Gulliver »,
Dublin : George
Faulkner, 1735
- « Voyages
du capitaine Lemuel Gulliver en divers pays
eloignez », La
Haye : P. Gosse & J. Neaulme, 1727
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- « Les
voyages de Gulliver » trad. par Guillaume
Villeneuve,
présentation, notes et chronologie par Alexis
Tadié,
bibliographie mise à jour (en 2014) par Anne Boutet,
Paris : Flammarion (GF, 969), 2014
- « Voyages de Gulliver dans les contrées
lointaines », in Voyages
aux pays de nulle part, textes recueillis et
présentés par Francis Lacassion, Paris :
Robert Laffont (Bouquins), 1990
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mise-à-jour : 21 janvier 2021 |
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