NOTE DE L'ÉDITEUR : Une vingtaine d'années séparent la mémorable catastrophe de la Soufrière de Guadeloupe du récent désastre causé par la Soufrière Hill de l'île voisine de Montserrat, à quelques encablures au nord. De fait, éruptions volcaniques, séismes et ouragans rythment le temps de la Caraïbe insulaire depuis l'époque de la Découverte. De ces phénomènes naturels dévastateurs, la mémoire collective a retenu trois manifestations particulièrement tragiques : le tremblement de terre de 1843, l'explosion de la Montagne Pelée en 1902, le cyclone de 1928.

Plus près de nous, ce sont les funestes coups de vent susceptibles de ravager l'archipel qui retiennent l'attention du monde. Ainsi, pour le plus grand nombre, l'ouragan Hugo de 1989 a égalé par l'ampleur des dégats celui de 1928. Mais si l'on a fini dans les îles par s'accoutumer à l'idée de voir surgir de l'horizon des perturbations atmosphériques, le réveil des volcans constitue une menace de tous les instants dans plusieurs des petites Antilles. En somme, la menace tropicale des risques majeurs souligne à l'envi l'extrême vulnérabilité des îles ; et l'exiguïté des territoires ainsi que l'insupportable pression démographique ajoutent encore en ces lieux à la désolation que sème tout cataclysme.

Témoin averti de la crise qu'engendra, en 1976, l'éruption de la Soufrière de la Guadeloupe, Eric Lepointe, juriste de formation, criminologue par vocation, lui avait consacré sa thèse de doctorat ès Lettres et Sciences humaines, intitulée Essai sur la réponse sociale à une catastrophe (1984). Le vingtième anniversaire de l'évènement et le réveil brutal d'une autre Soufrière, celle de l'île de Montserrat, offraient l'occasion d'une réflexion élargie sur la triade des risques majeurs aux Antilles : cyclones, éruptions volcaniques et séismes. A cet effet, Eric Lepointe, a rédigé une synthèse de son maître-livre pour ouvrir cet ouvrage. Les contributions rassemblées ici […] constituent assurément l'hommage que l'Université des Antilles et de la Guyanne se devait de rendre à l'un de ses plus éminents fondateurs.

SOMMAIRE

Jean-Claude William, Préface — « Devoir d'amitié », hommage à Eric Lepointe Alain Yacou, Introduction Eric Lepointe, Le réveil du volcan La Soufrière en 1976 : la population guadeloupéenne à l'épreuve du danger Jack Corzani, La fortune littéraire de la « catastrophe de Saint-Pierre » : entre commémoration et mythification, le jeu des idéologies Lucie Pradel, Naturel, surnaturel : les phénomènes atmosphériques dans l'art oral caribéen Jean-Louis Joachim, Catastrophes naturelles et traits d'écriture : notes sur quelques procédés narratifs chez Alejo Carpentier Michèle Baudry-Yacou, Le tremblement de terre du 8 février 1843 à la Guadeloupe à travers le témoignage d'un planteur de goyave Danièle Bégot, L'imaginaire de la catastrophe : l'iconographie du tremblement de terre de 1843 Lucien Abenon, Ouragans et cyclones à la Guadeloupe au XVIIIe siècle : le problème alimentaire Michel Feuillard, L'attente de 1996 : à la Soufrière, les manifestations du volcan sont-elles rythmées par le temps qui passe ? 1956-1976 Françoise Pagney, Trois ouragans sur la Guadeloupe : Hugo (1989), Luis et Marilyn (1995) et l'activité touristique Christian Asselin de Beauville, Les perturbations tropicales Catherine Vogeleisen, Le risque d'inondation sur la commune de Basse-Terre Constantin Pontikis, Geneviève Biron, Anne-Marie Lamblaud-Lamole et Bertile Adélaïde, Méthodes d'analyse de l'imagerie satellitale appliquée à l'étude du risque cyclonique (ouragan) Bernadette de Vanssay, Une étude exemplaire, une postérité bien établie : les études de perception des risques sismiques et volcaniques aux Antilles et en métropole Christian Guiraud, Catastrophes naturelles et hébertisme : sauver et se sauver ou la raison d'être d'une éducation physique par la « méthode naturelle » Jean-Jacques Jérémie, La Soufrière Hills de Montserrat Christian Asselin de Beauville, Constantin Pontikis et  Bernard Dudon, L'ouragan Georges frôle la Guadeloupe et se modifie à son voisinage