parutions 2016

La seule femme que j'ai aimée. ☐ Charles Baudelaire, lettre à Narcisse Ancelle, 30 juin 1845

Jannick Alimi croque rapidement les portraits de quatre femmes qui ont marqué l'existence et la poésie de Baudelaire : Jeanne la diablesse noire, Marie la madone en or, Apollonie, la blanche statue ; et la première de toutes, reléguée en fin d'ouvrage, Caroline, un amour de mère.

Jeanne dont (…) Théodore de Banville (…) se souviendra « couronnée d'une chevelure crespelée, à la démarche de reine pleine d'une grâce farouche, qui a quelque chose à la fois de divin et de bestial » ! Jeanne dont on ne sait rien ou presque. Sauf qu'elle a probablement l'âge de Charles et qu'elle est noire, pas très noire d'ailleurs, une mûlatresse plutôt, pas très belle mais de haute taille, avec de grands yeux de jais, des lèvres sensuelles et des seins aigus. Elle a des cheveux noirs éclatants, des tresses lourdes que Charles voudrait mordre longtemps. Jeanne comment déjà ? Jeanne Duval ? Ou alors Jeanne Lemer ou Mademoiselle Prosper ? Ou encore … Peu importe ! Pour fuir ses créanciers, la mûlatresse fauchée a du changer plusieurs fois de patronyme. Mais qui s'inquiète de son nom, d'où elle vient — de Haïti, de Madagascar, de Saint-Barthélémy ? — de ce qu'elle fait vraiment ? ☐ pp. 14-16 — le portrait de Jeanne par Baudelaire (p. 15) est daté de 1865.