Voyageur
sous les étoiles / Alex Capus ; trad. de l'allemand
par
Emanuel Güntzberger. - Arles : Actes sud, 2017. -
227 p. ; 22 cm.
ISBN 978-2-330-07819-5
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La
fantaisie romanesque d'Alex Capus montre, s'il en était
besoin,
que le rêve de l'île au trésor n'a rien
perdu de son
pouvoir de fascination, ni de sa capacité à
nourrir
l'imaginaire des romanciers et de leurs lecteurs.
La longue
errance de Stevenson puis son établissement sur
l'île
d'Upolu au cœur de l'océan Pacifique est ici le
point de
départ d'une quête détournée
— moins celle d'une nouvelle île au
trésor, que
celle d'éventuelles sources du récit,
universellement
admiré, de Stevenson.
Alex Capus émet une
hypothèse et part à la recherche
des preuves qui
permettraient de valider son
intuition : « je suis
ici pour prouver que l'île
au trésor
de Robert Louis Stevenson existe bel et bien »
(p. 12).
L'exercice, parfois virtuose, donne l'occasion d'éclairer
les
conditions réelles du séjour de Stevenson et de
ses
proches sur l'île d'Upolu, aux prises avec un monde auquel
rien
dans leur passé ne les prédestinait.
On découvre donc en marge de cette enquête
hasardeuse que, si la vie quotidienne au cœur du Pacifique
sud
n'est sans doute pas des plus favorables à
l'épanouissement physique et spirituel d'un Ecossais
à la
santé fragile, les vrais tourments auxquels s'est
exposé
Stevenson ont été causés par la
politique coloniale des puissances européennes et par les
travers du comportement personnel de certains de ses proches.
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EXTRAIT |
Encore
aujourd'hui, chercheurs et biographes se querellent pour savoir si
Stevenson s'était inspiré de modèles
existants
pour son île au trésor et, si tel est le cas,
desquels.
Certains misent sur les îles Turks-et-Caïcos, au
nord
d'Haïti, d'autres sur l'Isla de la Juventud à Cuba
ou
l'Isla de Caja de Muertos au sud de Porto Rico. D'autres croient
reconnaître dans les paysages décrits par Louis
les
côtes californiennes, d'autres encore soupçonnent
non sans
absurdité que l'écrivain aurait pris pour
modèle
sa ville natale d'Edimbourg. Aucun n'a produit, à ce jour,
preuves ni même indices pertinents.
De
même, la plus romantique des légendes ne peut pas,
elle
non plus, être prouvée : celle selon
laquelle
l'idée de cette histoire d'île au
trésor serait
venue à Louis à la fin de 1879, lors d'une
rencontre dans
le port de San Francisco avec un marin unijambiste tout juste revenu
d'une île lointaine où il avait en vain
cherché un
trésor. Hélas, en cent ans, aucun biographe n'a
pu
appréhender ce marin à une jambe ni trouver le
bar
où cette conversation aurait eu lieu. Mais on donnera ici
pour
la première fois la preuve que le bateau des chercheurs de
trésor sur lequel l'unijambiste pourrait avoir
navigué a
incontestablement existé et que Louis en connaissait
l'histoire.
☐ pp. 46-47 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Reisen
im Licht der Sterne », München :
Carl Hanser Verlag, 2015
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- Robert
Louis Stevenson, « L'île
au trésor »
adaptation et scénario de Christophe Lemoine, dessins de
Jean-Marie Woehrel, Paris : Le Monde, Grenoble :
Glénat, 2017
|
- Robert
Louis Stevenson, « Veillées des
îles », Paris : Union
générale
d'éditions(10/18, 1112), 1977
- Fanny
et Robert Louis Stevenson, « Notre aventure aux Samoa »,
Paris : Phébus, 1994
- Robert
Louis Stevenson, « Correspondance,
tome 2 :
Lettres des mers du Sud, août 1887-décembre
1894 », éd. par Michel Le Bris,
Paris : NiL
éditions, 1995
- Robert
Louis Stevenson, « Dans
les mers du Sud », Paris : Payot,
1995
- Robert
Louis Stevenson, « Les pleurs de
Laupepa : En marge de l'histoire, huit années de
troubles aux Samoa », Paris :
Payot, 1995
- Robert
Louis Stevenson, « Chants du voyage »,
Paris : Les Belles Lettres, 1999
- Robert Louis Stevenson,
« La Chaussée des
Merry Men »,
Paris : Gallimard (Folio 2€, 4744), 2008
|
- Gaspard-Marie
Janvier, « Quel
trésor ! »,
Paris : Fayard, 2012
- Sylvie
Largeaud-Ortega, « Ainsi
Soit-Île : littérature et anthropologie
dans les Contes des
mers du sud de Robert Louis
Stevenson », Paris : Honoré
Champion (Bibliothéque
de littérature générale et
comparée, 105),
2012
- Nakajima
Atsushi, « La
mort de Tusitala », Toulouse :
Anacharsis, 2011
- Chanouga [Hubert Campigli], « Merry
Men, Souvenirs d'une jeunesse écossaise » librement
inspiré de The Merry Men de Robert Louis Stevenson, Genève : Paquet, 2022
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mise-à-jour : 31 octobre
2022 |
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