En établissant un parallèle entre l'île (de Robinson) et la ville (Londres en proie à la peste) chez Daniel Defoe, Eric Fougère met en lumière certains des mécanismes à l'œuvre dans le processus de réclusion, voulue ou subie, comme dans les tentatives visant à s'en affranchir.

Une semblable démarche sous-tend le rapprochement de différentes formes d'enfermement : les prisons insulaires décrites par Alexandre Dumas (Monte-Cristo au château d'If) et les prisons urbaines d'Eugène Sue, de Balzac ou de Victor Hugo.

Cette approche rigoureuse, étayée par de précises références, dévoile l'ambiguïté d'une certaine imagerie insulaire véhiculée par la littérature :

« L'île, si possible déserte, non plus tant microcosme que point perdu dans le cosmos, revêt une double valeur : refuge ou valeur alibi, d'une part, et valeur maîtrise, d'autre part. Dans Robinson Crusoe, le naufragé conquiert un salut spirituel et le pouvoir temporel. Son île est à la fois pénale, carcérale et coloniale. Elle est poétique aussi bien que politique. Avec l'île au trésor (celle de Monte-Cristo par exemple, le pouvoir atteint les proportions d'une puissance au service de la vengeance. Et c'est ainsi qu'en dernier ressort l'insularité carcérale et pénale est abolie par une insularité rivale et lumineuse, doublure aussi facile à retourner qu'une porte est prompte à s'ouvrir ou se fermer. »

SOMMAIRE

Ch. 1 — Récit d'espace et fiction disciplinaire dans l'oeuvre romanesque de Daniel Defoe Ch. 2 — Anthropologie criminelle et pensée cellulaire dans Les Mystères de Paris d'Eugène Sue Ch. 3 — La prison d'Etat chez Dumas, revu par Jules Verne Ch. 4 — Imaginaire et figuration de l'espace clos Ch. 5 — Le bagne en creux : Vautrin, Jean Valjean Conclusion Notes Bibliographie