4ème édition du Prix du Livre Insulaire
(Ouessant 2002)
ouvrage sélectionné |
La piste des sortilèges
/ Gary Victor. - Châteauneuf-le-Rouge :
Vents d'ailleurs, 2002. - 509 p. ; 23 cm.
ISBN 2-911412-18-4
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Gary
Victor a participé
au Salon du Livre Insulaire d'Ouessant
en 2002 et en 2004.
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NOTE DE L'ÉDITEUR : Impossible d'ignorer plus longtemps
ce chef-d'œuvre de la littérature haïtienne !
Le lecteur français peut enfin suivre Sonson Pipirit parti
sur la Piste à la recherche de son ami Persée Persifal
enlevé au monde des vivants.
On ne résume pas La
piste des sortilèges, c'est un livre tourbillon, rythmé
et porté par un imaginaire nourri au monde fantastique,
merveilleux et absurde, foisonnant de références
multiples. Sur plus de quatre cents pages, récits, péripéties
et rencontres s'enchevêtrent. Les épreuves subies
et surmontées, les expériences accumulées
de Pipirit servent de repères philosophiques et de guides
dans ce monde aux références équivoques.
Entraîné dans une
épopée fantastique, une aventure à couper
le souffle, une quête initiatique mêlant d'une main
de maître la vie, la mort, le tragique, le rire, Dieu,
le Diable, et la critique sociale … le lecteur n'en sortira
pas indemne.
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LE MONDE DIPLOMATIQUE, octobre 2002 : Personnage constamment
sur le fil, funambule miraculé, Sonson Pipirit suit la
piste de son ami Persée Persival, assassiné par
un méchant. Le héros de Gary Victor et de La
Piste des sortilèges se lance dans une folle poursuite
au travers du royaume des morts. Un univers terrible, sans foi
ni loi, mais ni plus ni moins féroce que celui des vivants.
Bawon Samedi, hôte des morts, ne fait pas plus peur que
les satrapes sadiques qui gouvernent les vivants. Les morts et
les esprits sèment les pièges, les lwas, les divinités
vaudoues, traquent l'importun ou trafiquent l'influence, se parjurent
mieux que les humains. Les belles aux appâts invincibles
succèdent aux chasseurs d'esclaves ou aux tricheurs, voleurs
d'âmes. Cinq cents pages, toutes légères,
suffisent tout juste pour mesurer la peine.
Pipirit ne dispose que d'un jour
pour traverser Haïti et fendre deux siècles. Les
dieux vivent de la frustration et de la turpitude des mortels.
Notre homme l'a compris. Au diable, les dieux !
Christophe Wargny
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EXTRAIT |
[...]
Je n'ai pas de billet, avoue
Pipirit.
— Si vous n'avez pas de billet, comment saurez-vous où
descendre ? s'étonne le chauffeur.
— Vous devriez pouvoir m'aider, dit Pipirit. Je recherche
un ami qui n'est plus du monde des vivants. »
Une main invisible actionne une
sonnette. Le chauffeur serre à sa droite et s'arrête.
On l'entend qui dit : « Bonne nuit, madame Siphraël.
Mon salut à votre mari. » Personne ne lui répond.
Il démarre l'air satisfait. Aucun passager n'est descendu
puisque l'autobus est vide. Pipirit compte les sièges.
Il y en a quarante. Il est seul à bord.
« Si vous recherchez un ami qui n'est plus du monde
des vivants, il faut se renseigner à Fond Diable, crie
le chauffeur pour couvrir la pétarade du moteur.
— C'est encore loin, Fond Diable ? s'inquiète
Pipirit.
— Cela dépend. Je n'y suis jamais allé. »
Avant que le jeune homme ne réponde,
la sonnette se fait à nouveau entendre. L'autobus s'immobilise.
Le chauffeur salue quelqu'un qu'il est encore le seul à
voir.
« Bonne nuit, monsieur Pierre. Surveillez bien vos
bœufs. Il y a ces nuits-ci des voleurs qui rôdent dans
le coin. Un soir j'en attraperai un. Je lui ferai avaler ses
couilles. Il faut de la poigne pour lutter contre les voleurs
de bétail. »
Pipirit pense qu'il est tombé sur un fou, et les fous,
on ne les contrarie pas, car on ne peut prévoir leurs
réactions.
« Si vous n'êtes jamais allé à
Fond Diable, pourquoi pensez-vous que je peux y trouver mon ami ?
se hasarde-t-il à remarquer.
— La route est longue, jeune homme. On a ainsi l'occasion
de converser avec les passagers comme je le fais avec vous en
ce moment. J'ai pris à bord, quand je revenais, une vieille
femme qui m'a raconté qu'elle n'avait pu fermer l'œil
de la nuit après avoir entendu la complainte d'un mort
sur son chemin de croix.
— Que disait ce mort ?
— Cela porte malheur de reprendre les paroles d'un mort,
s'offusque le chauffeur. Elle ne me les aurait jamais répétées.
Peut-être que c'était votre ami, bien qu'il en passe
souvent ces nuits-ci, des mécréants qui doivent
expier leurs fautes.
— Mon ami n'était pas un mécréant »,
proteste le jeune homme.
[...]
☐ pp. 260-261
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « La piste des sortilèges »,
Port-au-Prince : Éd. Deschamps, 1996
| - « Sonson Pipirit, Profil d'un homme du peuple », Port-au-Prince : Éd. Deschamps, 1988
- « Clair de
Manbo », Port-au-Prince : Éd. Deschamps, 1990 ;
La Roque d'Anthéron : Vents d'Ailleurs, 2007
- « La
chorale de sang », Port-au-Prince : Éd.
Mémoire, 2000
- « Le
diable dans un thé à la citronelle »,
Port-au-Prince : Imprimeur II, 2000 ; La Roque d'Anthéron :
Vents d'Ailleurs, 2005
- « Le
cercle des époux fidèles », Port-au-Prince :
Imprimeur II, 2002
- « À
l'angle des rues parallèles », Châteauneuf-le-Rouge :
Vents d'Ailleurs, 2003 — Prix du Livre Insulaire
(cat. Fiction), Ouessant, 2003
- « Je
sais quand Dieu vient se promener dans mon jardin »,
La Roque d'Anthéron : Vents d'Ailleurs, 2004 — Prix RFO, 2004
- « Les
cloches de La Brésilienne », La Roque d'Anthéron,
2006 — 23e Prix littéraire des Caraïbes, décerné par l'Association des écrivains de langue française
- « Le programmeur », in Nouvelles d'Haïti, textes choisis et présentés par Pierre Astier, Paris : Magellan & Cie (Miniatures), 2007
- « L'essayage », in Une journée haïtienne,
textes réunis et présentés par Thomas C. Spear,
Montréal : Mémoire d'encrier ; Paris :
Présence africaine, 2007
- « Banal oubli », La Roque d'Anthéron : Vents d'ailleurs, 2008
- « Saison de porcs », Montréal : Mémoire d'encrier, 2009
- « Le sang et la mer », La Roque d'Anthéron : Vents d'ailleurs, 2010
- « Maudite éducation », Paris : Philippe Rey, 2012
- « Quand le jour cède à la nuit », La Roque d'Anthéron : Vents d'ailleurs, 2012
| | Sur le site « île en île » : dossier Gary Victor |
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mise-à-jour : 30 décembre 2013 |
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