Gary Victor

Banal oubli

Vents d'Ailleurs

La Roque d'Anthéron, 2008

bibliothèque insulaire

   
Haïti
parutions 2008
Banal oubli / Gary Victor. - La Roque d'Anthéron : Vents d'ailleurs, 2008. - 190 p. ; 23 cm.
ISBN 978-2-911412-54-7
Gary Victor a participé au Salon du Livre Insulaire d'Ouessant en 2002 et en 2004.
Banal oubli met en scène Pierre Jean un romancier qui, dans un instant de lassitude, éprouve soudain la fulgurante sensation d'avoir oublié quelque chose — ni son téléphone portable, ni son portefeuille, ni ses clés ; le cas est plus grave, comme il l'annonce à James chez qui, à l'évidence, il a connu ce fatal instant de distraction : « Je me suis oublié ici », lui avoue-t-il.

Amputé d'une part de lui-même, Pierre Jean cherche à recouvrer son intégrité et, dans le même temps, ébauche la trame d'un roman — Nuit muette sur la croix de l'arc-en-ciel — où se reflète l'improbable mésaventure dont il est victime. S'institue alors un vertigineux jeu de miroirs où se brouillent réalité et apparences. Dans le même temps, une succession de meurtres sauvages éprouve Port-au-Prince et l'inspecteur Dieuswalé Azémar (déjà rencontré dans Les cloches de La Brésilienne, un précédent roman de Gary Victor) se voit confier l'enquête.

Banal oubli pourrait n'être qu'une réflexion virtuose sur la création littéraire, une variation sur le thème du double ou une subtile intrigue policière ; mais Gary Victor poursuit un autre but qui interroge brutalement l'histoire d'Haïti, la manière dont elle a été relatée, sa part d'ombre et ses oublis. 
EXTRAIT    L'inspecteur Dieuswalé Azémar prit un feutre rouge pour souligner le passage qui venait de retenir son attention : « Vainqueur ou vaincu, surtout vaincu, ne laisse à quiconque, pas même à Dieu, le soin d'écrire ton histoire. Sinon, à la douleur de la douleur, s'ajouteront celles de l'oubli et du mensonge. » C'était la première fois qu'un récit le laissait aussi perplexe. Il avait déjà lu deux livres de Pierre Jean, mais Nuit muette sur la croix de l'arc-en-ciel avait un cachet particulier. L'auteur accordait ici, encore plus, une place prépondérante à son enfance, aux choses qu'il avait alors vues et entendues, surtout à ces petits riens qui deviennent souvent dans la perception de l'enfant mille prétextes pour se créer des univers merveilleux ou inquiétants. Dans ce texte, on sentait une absence lourde de conséquences, qui n'était pas l'absence d'un personnage ou d'un lieu, mais celle d'un moment, d'un évènement que l'auteur ne narrait pas, non parce que telle était son intention, mais parce que ce moment n'était plus dans sa mémoire. Cependant, ce moment, persistant dans son absence, était constamment pointé du doigt par le décalage constant entre le passé et le présent. Une magie de l'écriture dont l'auteur ne se rendait peut-être pas compte.

p. 101
COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
→ Thierry Leclère, « King créole : portrait de Gary Victor », Télérama, n° 2953, 19 août 2006
Sur le site « île en île » : dossier Gary Victor

mise-à-jour : 30 décembre 2013

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