Gary Victor

Les cloches de La Brésilienne

Vents d'Ailleurs

La Roque d'Anthéron, 2006

bibliothèque insulaire

   
Haïti
îles noires
parutions 2006
Les cloches de La Brésilienne / Gary Victor. - La Roque d'Anthéron : Vents d'ailleurs, 2006. - 223 p. ; 23 cm.
ISBN 2-911412-41-7
Gary Victor a participé au Salon du Livre Insulaire d'Ouessant en 2002 et en 2004.

Dans un précédent roman, Gary Victor avait mis en scène des miroirs dépossédés de leur aptitude à refléter le monde 1 ; ici, ce sont les cloches de La Brésilienne, petit bourg perdu dans la montagne loin de Port-au-Prince, qui ont cessé de retentir à quelques jours de la fête patronale.

À la demande instante du père Lefenec, curé de la paroisse — et natif d'Ouessant ! —, la police nationale confie à l'inspecteur Azémar Dieuswalwe (Dieu-soit-loué) le soin de résoudre ce problème farfelu mais réel et délicat.

L'enquête policière qui s'en suit fournit l'occasion d'éclairer sans complaisance les impitoyables rivalités de pouvoir qui opposent maire et député, curé et pasteur d'une secte évangéliste, sociétés secrètes adeptes de pratiques magico-religieuses et narco-trafiquants, tous corrompus et déterminés à exploiter à leur seul bénéfice un évènement qui les dépasse.

Derrière ses lunettes noires et en dépit d'un penchant excessif pour le kleren 2, l'inspecteur Dieuswalwe ne manque ni de clairvoyance ni d'obstination ni d'honnêteté. Et s'il n'a pu sauver Mireya la belle prostituée dominicaine ou Al Quaida le fou, il peut quitter La Brésilienne, mission accomplie, en compagnie d'une fillette miraculeusement épargnée — l'innocente protagoniste du drame.
       
1.« À l'angle des rues parallèles », Châteauneuf-le-Rouge : Vents d'Ailleurs, 2003.
2.Alcool de canne.
EXTRAIT

— C'est ici, souffla le chef du petit groupe.

Les paysans se dissimulèrent dans de hautes herbes. L'inspecteur fit de même, l'œil aux aguets. Leur présence dans ces lieux avait fait taire la nuit. Les minutes passaient. L'inspecteur prit sa bouteille. Il s'aperçut désolé qu'elle était presque vide. Il dut se contenter d'une dernière petite gorgée d'asorosi qui le laissa avec une terrible envie de fumer une cigarette. Il était impossible de faire du feu. Dans le noir, tout le groupe serait repéré.

— Vous êtes sûrs qu'on ne perd pas son temps ici, souffla l'inspecteur en proie à une soudaine crampe.

— Taisez-vous, lui souffla l'un des champwèl.

Cela commença par un premier son de cloche. Étouffé, timide, comme si ce premier son tâtait l'espace, partait en reconnaissance. Il se répéta en trois fois, son écho grossissant de plus en plus, puis cessa brusquement. Les autres sons, alors, affluèrent, détachés les uns des autres jusqu'à ce qu'ils viennent à former un carillon joyeux. C'était invraisemblable, pensa l'inspecteur. Il imagina tous les arbres de la forêt se mettant à une sorte de valse folle, tournoyant, leurs branches entremêlées, soulevant la terre autour de leurs racines en feux multicolores. Le carillon des cloches sembla quitter son registre habituel pour passer à un rythme plus proche de la vibration de la pleine lune. Les sons fusionnèrent, se désagrégèrent, se segmentèrent, accélérèrent le rythme jusqu'à un pétwo forcené. Qui est le responsable de cette incroyable mise en scène ? se questionna l'inspecteur, fasciné.

pp. 57-58

COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
→ Thierry Leclère, « King créole : portrait de Gary Victor », Télérama, n° 2953, 19 août 2006
Sur le site « île en île » : dossier Gary Victor

mise-à-jour : 30 décembre 2013
23e PRIX LITTÉRAIRE DES CARAÏBES
décerné par l'Association des écrivains de langue française
— ADELF

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