Et
la terre de leur corps / Zoé Valdés ;
trad. de
l'espagnol (Cuba) par Albert Bensoussan. - Paris :
Réunion
des musées nationaux, 2017. - 59 p. :
ill. ;
20 cm. - (Cartels).
ISBN 978-2-7118-7049-3
|
La
vie de Paul Gauguin est assez
“ romanesque ”
— animée d'un souffle puissant et riche
de
péripéties
mouvementées — pour n'avoir
aucun besoin d'être
“ romancée ”.
Pourtant nombreux sont les écrivains ou
réalisateurs,
parfois bien connus, qui ont cru pouvoir s'affranchir d'une contrainte
de simple bon sens.
Zoé
Valdés n'a pas pris ce risque, sans pour autant renoncer
à sa liberté de romancière. Elle
consacre un bref
récit aux derniers instants de l'existence du peintre,
reclus
par la maladie dans sa Maison du Jouir aux îles Marquises.
C'est
bien un court roman, ou une longue nouvelle.
L'auteur
nous introduit dans le rêve convulsif qui envahit la
conscience
de l'agonisant — effrayant rappel de la
déchéance du corps, des échecs
supposés du
peintre, des renoncements de l'homme.
Mais
ce sombre tableau s'illumine au souvenir des femmes aimées
au-delà des conventions et du raisonnable. Et c'est
l'embrasement quand surgit
la figure aimée de Tehamana
“ véritable jeune fille, sensible et
lucide,
débordante d'imagination et riche, en outre, d'esprit
magique ” (p. 50) qui entraîne
son amant des
beaux jours de Tahiti dans une dernière danse.
|
EXTRAIT |
Tehamana,
ah, sa belle et intelligente Tehura ! Où
était-elle
en ces graves moments de solitude et de lente
échappée
vers le néant, vers la fin de tous les
mystères ? En
quel lieu cette fille originaire des îles Cook, à
l'ouest
de la Polynésie française, allait-elle devenir de
plus en
plus femme ? Paul avait découvert Tehamana quand
elle avait
à peine treize ans, c'est lui qui avait
étrenné
son corps de déesse d'ébène. Ses mains
conservant
à jamais trace de ses chairs fermes, de sa peau brillante et
sirupeuse. Paul l'avait aimée dès le
départ, mais
n'avait jamais été sûr, pour sa part,
que Tehura
répondit à son amour. Aucune de ses femmes,
peut-être, ne l'avait jamais aimé comme il les
aimait, lui.
☐ p. 25 |
|
COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Zoé Valdés, « Paul
», Paris : Arthaud, 2022
|
- Zoé Valdés, « Sang bleu
», Arles : Actes sud, 1994
- Zoé Valdés, « Café Nostalgia
», Arles : Actes sud, 1998
- Zoé Valdés,
« Compartiment
fumeurs », Arles :
Actes sud, 1999
- Zoé Valdés,
« Le
pied de mon père »,
Paris : Gallimard, 2000
- Zoé Valdés,
« Cher
premier amour », Arles :
Actes sud, 2000
- Zoé
Valdés, « Soleil en solde »,
Paris : Mille et une nuits, 2000
- Zoé
Valdés, « Louves
de mer », Paris : Gallimard (Folio, 4436), 2007
|
|
|
mise-à-jour : 17 septembre 2022 |
 |
|
|