Gisèle Pineau

Fleur de Barbarie

Mercure de France

Paris, 2005

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des femmes et des îles
Guadeloupe

parutions 2005

Fleur de Barbarie / Gisèle Pineau. - Paris : Mercure de France, 2005. - 408 p. ; 21 cm.
ISBN 2-7152-2542-3
Gisèle Pineau a participé (1999-2005) au jury du « Prix du Livre Insulaire » d'Ouessant ; elle en a présidé la première édition.

Cette “ Fleur de Barbarie ” semble surgie d'une toile de Wifredo Lam — telle “ La jungle ” de 1943 où Gisèle Pineau et ses personnages, perçoivent “ derrière l'ocre et le bleu-vert, les visages en quartier de lune, les hommes à tête de cheval, les fesses hautes et les seins lourds des femmes, les corps enlianés, les mains larges et les pieds plats (…), les tiges longues des cannes à sucre de Marie-Galante (…) la douleur du travail à la tâche, la morsure vorace des champs, les nègres turquoise accorés à la terre (…) ” et, pourtant, “ l'espérance (…) fichue espérance qui les tenait debout dans l'horreur ” 1.

En quête de “ l'histoire vraie ”, la sienne et celle des siens, Josette-Joséphine dit les épreuves qui marquent un long et douloureux parcours entre Paris, Marie-Galante et une ferme sarthoise : “ toujours des forêts à traverser que je voyais peuplées de monstres ” ; l'important est donc de “ tenir la distance ”, de “ survivre ” au prix de déceptions, de trahisons, d' “ amours démâtées ”. L'enfant puis la jeune fille découvre un monde peuplé d'êtres dont les traits se brouillent, se dépouillent et enfin se précisent à mesure qu'avance le récit : Pâquerette, Théodora, Margareth, Tata Michelle et Mémé Georgette, Wanda, mais aussi Pépé Marcel, David, Lamine ou Teddy. C'est une périlleuse traversée des apparences, où les amers sont aussi rares que fraternellement salvateurs : voix tutélaires de Joséphine Baker, des peintres de Jacmel, de Wifredo Lam bien sûr et d'Aimé Césaire, de Billie Holyday — “ Strange fruits ” —, B.B. King ou John Lee Hooker — “ The road is so rough ”.

De ces rencontres naît une œuvre dans l'œuvre qui, depuis la première ébauche en forme de conte de fée — “ Histoire de l'île des bagnards ” —, et surmonté le désenchantement, se charge pas à pas des tribulations, joies et déboires de Josette-Joséphine ; et c'est quand celle-ci achève “ Clair de blues ” et s'apprête à plonger dans la suite que Gisèle Pineau referme “ Fleur de Barbarie ”, marquant le bel accomplissement d'une grande drive.
       
1. pp. 228-229
NOTE DE L'ÉDITEUR : En 1984, Josette a neuf ans lorsqu'elle débarque en Guadeloupe. Elle découvre Théodora, sa grand-mère, et sa case peuplée de fantômes et d'esprits retors. Au pays natal, à la fois brutal et enchanteur, les fleurs qui s'épanouissent exhalent les secrets d'un passé fané et tourmenté. A la recherche de ses racines, ballottée et écartelée entre les mondes barbares, Josette va sur les traces de sa mère et prend parfois des airs de Joséphine Baker …
GISÈLE PINEAU : […]

Le monde tel que Joséphine Baker le rêve est un monde sans papiers et sans frontières. On rentre chez soi, et on voit des clochards couchés dans la rue. Le cyclone Katrina s’abat sur la Louisiane et d’un seul coup le monde découvre qu’il y a toute cette misère également dans le pays le plus riche du monde : voilà la barbarie ! Et on dit que les Nègres entrés dans les magasins sont des pillards tandis que les Blancs, eux, sont des survivants qui essaient d’avoir quelque chose à se mettre sous la dent.

J’écris pour témoigner … Un écrivain un jour m’a dit : “ arrête donc de parler du racisme ! Cela n’existe plus ! c’est fini ” et je lui ai répondu “ ah ! oui ? dans quel pays ? ”.

[…]

Fleur de Barbarie : Joséphine Pineau et Gisèle Baker en langue barbare, entretien avec Chantal Anglade, Remue.Net, 9 octobre 2005 [en ligne]
EXTRAIT

Raconte encore, Joséphine.
Les petits chevaux, la salade frisée, le lait caillé …
Les ânes, les poules et la chèvre …
Raconte encore …
La vieille chaussette, les moulins à vent,
les tentacules de Mariama.
Les peintres de Jacmel.
Moi aussi, je vais bientôt entrer dans un tableau.
Raconte encore …
La Langue de Barbarie, c'est comme si j'y étais.
Je vois le fleuve qui rencontre les vagues de l'océan.
Je vois des oiseaux tourner au plafond.

pp. 13-14

COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • « Fleur de Barbarie », Paris : Gallimard (Folio, 4569), 2007
  • « La grande drive des esprits », Paris : Le Serpent à plumes, 1993, 1999 ; Philippe Rey (Fugues), 2017
  • « L'exil selon Julia », Paris : Stock, 1996 ; Librairie générale de France (Livre de poche, 14799), 2000 ; HC éditions, 2006
  • « L'âme prêtée aux oiseaux », Paris : Stock, 1998 ; Librairie générale de France (Livre de poche), 2001 ; Philippe Rey (Fugues), 2016
  • « Chair piment », Paris : Mercure de France, 2002 ; Gallimard (Folio, 4033), 2004
  • « Mes quatre femmes », Paris : Philippe Rey, 2007
  • « Morne Câpresse », Paris : Mercure de France, 2008 ; Gallimard (Folio, 5008), 2010
  • « Ady, soleil noir », Paris : Philippe Rey, 2021
  • Paola Ghinelli, « Entretien avec Gisèle Pineau », in Archipels littéraires, Montréal : Mémoire d'encrier, 2005
Sur le site « île en île » : dossier Gisèle Pineau

mise-à-jour : 9 février 2021

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