Nouvelles
de l'île Maurice / textes choisis et présentés par Pierre
Astier. - Paris : Magellan et Cie, en partenariat avec Courrier
International, 2007. - 108 p. : ill. ; 20 cm. -
(Miniatures).
ISBN 978-2-35074-031-7
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| Les
voix en provenance de Maurice sont uniques de douceur indienne et de
violence rentrée. Elles méritent qu'on les entende.
Pierre Astier, Avant-propos, p. 7 |
Nécessairement
partiel, et peut-être partial — mais pourquoi
pas ? —, le choix de nouvelles présenté
par Pierre Astier relève le défi de dresser, sous un
faible volume, un portrait de l'île arc-en-ciel, riche d'une histoire où se mêlent cultures, religions et langues — « miracle de coexistence ».
Les
auteurs témoignent de cette diversité, comme les
personnages qu'ils mettent en scène et comme les
péripéties qu'ils imaginent. Chaque étape du
parcours dévoile un lieu, ville ou campagne, un
théâtre où s'affrontent hommes et femmes, un pan de
passé qui s'effondre au bénéfice d'un avenir tour
à tour menaçant ou séduisant, …
L'ensemble
dépeint Maurice dans sa singularité insulaire,
ancrée dans l'océan Indien, et dans le même temps
partie prenante du monde, subissant ses évolutions,
remuée par ses convulsions. Chacune des voix rassemblées
par Pierre Astier participe, avec une tonalité propre
aisément reconnaissable, à l'expression de cet
équilibre entre ici et ailleurs. Plus
intériorisée, la nouvelle d'Ananda Devi ajoute à
la polyphonie une note d'inquiétante étrangeté.
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SOMMAIRE |
Pierre Astier, Avant-propos
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Shenaz Patel, Un monde de douceur
Dix
kilomètres. Ils allaient être relogés à dix
kilomètres de là. Un morceau de terrain qu'il avait
découvert, sec, rocailleux, difficile, si différent de la
terre riche des champs de canne auxquels il était hatibué. Ils
y habitaient depuis trois semaines maintenant. Et chaque matin,
instinctivement, il guettait encore un signal qui n'arrivait pas. Qui
n'arriverait plus. — pp. 19-20 | Vinod Rughoonundun, Le miel des étoiles
Son cœur est une
fleur de lotus froissée, une rose écrasée d'une talonnade. Sa douleur
étourdissante me brûle d'une flamme glacée. Ses peurs s'injectent dans
mes veines. Aucune lueur ne flotte autour d'elle. La lumière s'atténue
en moi, une cataracte me voile regard d'un cendré terne. Sa féminité
malmenée, mise à sac, c'est la femme qui est en ma fille qui souffre.
Et la mère qui est dans la vieille femme que je suis ne peut que
pleurer d'impuissance. — p. 34 | Ananda Devi, Bleu glace
Dormir
pour se débarrasser de l'odeur. Parfois, en fermant les yeux, il
voit les phoques sous l'eau, parmi les icebergs, comme une danse de
sirènes. À chaque fois, cette vision le remplit d'une
incompréhensible nostalgie. Il ne sait pas ce qui lui manque.
Quand il y réfléchit, il se dit :
« Rien ». Quand il ne réfléchit
pas, il se dit « Tout ». — p. 60 | Sailesh Ramchurn, En traversant Petite Escale
L'île
avait besoin des seules ressources dont elle disposait, de
l'élite des enfants du sol. Faire d'eux les pionniers d'une
société nouvelle, une culture vouée à
l'organisation, à la reconnaissance selon le mérite. Quel
meilleur moyen d'amorcer cela que d'ouvrir les portes de la
connaissance supérieure aux premiers ? Les envoyer à
l'étranger prendre, apprendre, ce que les autres avaient de bon,
tout transposer à l'échelle locale. De ceux-là,
elle en faisait partie, nul doute là-dessus. C'est ainsi que par
un soir de mi-saison, elle s'envola de son monde de l'enfance, survola
les eaux qu'avaient naviguées l'ancêtre, mit pied sur une
terre nouvelle. Sa nouvelle vie. — p. 90 | Bertrand de Robillard, No more beer
À
deux pas de là, dans une enfilade de magasins, un
établissement où l'on peut venir se restauter à
toute heure du jour et de la nuit. Il apparaît à
Letourneur comme une sorte de Nautilus débraillé
et renfloué en plein centre-ville, ou qui aurait
été foudroyé et momifié en une inclinaison
d'entre deux vagues. Cette oasis aux allures de vaisseau fantôme
relève le défi de faire exister, quelque part dans ce
pays, une illusion de ville entre minuit et six heures du matin.
Viennent s'y ravitailler fêtards invétérés,
forçats des heures supplémentaires, ou encore
journalistes au bouclage tardif, l'écran d'ordinateur
bloqué au fond des yeux. — p. 104 |
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - Ananda Devi, « La
fin des pierres et des âges », Rose Hill
(Maurice) : Éd. de l'Océan Indien, 1992
- Ananda Devi, « Le
voile de Draupadi », Paris : L'Harmattan,
1993
- Ananda Devi, « Moi,
l'interdite », Paris : Dapper, 2000
- Ananda Devi, « Pagli »,
Paris : Gallimard (Continent noir), 2001
- Ananda Devi, « Soupir »,
Paris : Gallimard (Continent noir), 2002
- Ananda Devi, « La
vie de Joséphin le fou », Paris :
Gallimard (Continent noir), 2003
- Ananda Devi, « Le
long désir », Paris : Gallimard (Continent
noir), 2003
- Ananda Devi, « Eve
de ses décombres », Paris (Collection blanche),
2006 — Prix
des cinq continents de la francophonie (2006) ; Prix
RFO du livre (2006)
- Ananda Devi, « Indian tango », Paris : Gallimard (Collection blanche), 2007
- Ananda Devi, « L'ambassadeur triste », Paris : Gallimard (Collection blanche), 2015
- Ananda Devi, « Chiens noirs », Le Tampon, Antananarivo : Dodo vole, 2017
| - Shenaz Patel, « Le
portrait Chamarel », Saint-Denis (La Réunion) :
Grand Océan (Le roman de l'océan Indien), 2001
- Shenaz Patel, « Le silence des Chagos », Paris : L'Olivier, 2005
- Shenaz Patel, « Le bestiaire mauricien », Paris, Curepipe (île Maurice) : L'Atelier des nomades, 2016
| - Vinod Rughoonundun, « Mémoire d'étoile de mer », Port-Louis (Maurice) : La Maison des mécènes, 1993
- Vinod Rughoonundun, « La
saison des mots », Port Louis (Maurice) : La Maison des mécènes, 1997
- Vinod Rughoonundun, « Chair de toi », Saint-Denis (La Réunion) : Grand océan, 2001
- Vinod Rughoonundun, « Daïnes, et autres chroniques de la mort », Paris : La Maison des mécènes, 2005 ; Paris : Naïve, 2006
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mise-à-jour : 10 septembre 2017 |
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