NOTE DE L'ÉDITEUR : Aux débuts des Immémoriaux, Victor Segalen raconte l'initiation de Terii aux fonctions de Haere po : lors de son long apprentissage des généalogies, il utilise un moyen mnémotechnique commode, une tresse formée de faisceaux de cordelettes, appelée « origine du verbe », car « elle semblait faire naître les paroles ».

Depuis leur arrivée en Polynésie, les Européens ont, à leur tour, créé une nouvelle parole, littéraire celle-là, qui est censée trouver son origine dans l'univers humain et naturel des îles océaniennes.

La collection « origine du verbe » se propose d'interroger les productions littéraires ayant trait à la Polynésie, de les expliquer et de les situer au sein d'un ensemble qu'il convient désormais d'appeler : la littérature océanienne.

SOMMAIRE

Actualité des Immémoriaux Présentation du récit Un thème littéraire renouvelé Résumé des Immémoriaux Les personnages d'un roman tahitien L'époque des Immémoriaux Roman d'une nation, roman d'une parole L'ancienne société et sa culture De l'homme mémoire au livre La recherche des mots L'avant et l'après du livre Le voyage de Segalen en Océanie L'usage d'une documentation L'accueil des Immémoriaux Tahiti et Victor Segalen aujourd'hui

EXTRAIT

Si Segalen s'est fait ethnologue et historien, son sujet : les mots, reste celui d'un poète. Le drame des Immémoriaux se joue au niveau des mots « qui sont dieux eux-mêmes ». Il oppose « les beaux parlers originels où s'enferment l'éclosion des mondes, la naissance des étoiles, les ruts et les monstrueux labeurs des dieux maoris », à la parole missionnaire détenue (enfermée) dans un livre. Les signes étaient autrefois dans la nature, maintenant le dieu unique a déposé dans le monde des mots écrits. ☐ p. 32