La
colonie horticole de Saint-Antoine : le bagne pour enfants
d'Ajaccio sous le second Empire / René Santoni ;
préface de Laurent Santoni. - Ajaccio : René
Santoni, 2008. - 195 p. : ill. ; 21 cm. ISBN 978-2-9531801-1-4
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INTRODUCTION
: Les colonies agricoles, « maisons de correction à la
campagne », créées en vertu de la loi du 5
août 1850, accueillaient les enfants coupables de vols, souvent
alimentaires, les petits vagabonds, et les petits mendiants. Issus
des milieux les plus pauvres de la société, par leur
comportement et leur manière de vivre, ils inquiétaient
la bourgeoisie qui pensait que si ces gamins n'étaient pas
encore de vrais délinquants, ils pouvaient le devenir un jour ou
l'autre. Il fallait donc se
protéger de ces enfants qui encombraient les rues des villes, et
les soustraire à leurs parents qui n'étaient pas
jugés dignes de les élever correctement. L'Etat
a décidé de se charger de leur éducation, en les
plaçant sous la tutelle de l'administration
pénitentiaire, dans des colonies agricoles. Ces
établissements privés, contre rétribution,
recevaient ces petits délinquants, auxquels ils devaient
dispenser une éducation morale, une instruction primaire, et une
formation professionnelle. Pour
les insubordonnés des colonies agricoles, et pour les enfants de
moins de 16 ans condamnés à des peines de plus de 2 ans,
l'Etat avait mis en place une structure plus répressive,
appelée « Colonie Correctionnelle ». Cet
établissement pénitentiaire pour jeunes détenus a
été installé en Corse, dans la région
d'Ajaccio, dans la vallée de Saint-Antoine, sous le nom de
Colonie correctionnelle de Saint-Antoine. Sa durée de vie a été de 11 ans, de janvier 1855 à juin 1866. De
la date de son ouverture, en janvier 1855, au mois d'août 1859,
elle était rattachée au pénitencier agricole pour
adultes de Coti Chiavari, distant d'une quarantaine de kilomètres. A partir du mois d'août 1859, elle devint autonome, et prit le nom de Colonie Horticole de Saint-Antoine, jusqu'à sa fermeture en juin 1866. |
EXTRAIT |
En
1861, le docteur Abbatucci estimait que le régime alimentaire des
jeunes détenus était insuffisant et qu'un régime gras quotidien était
nécessaire à leur alimentation.
Cependant le 11 mars de la même
année, dans le cadre de ses fonctions de « Commissaire du
gouvernement », le docteur Carlotti rejettait ces préconisations en
écrivant :
« Le
régime alimentaire auquel sont soumis les jeunes détenus me parait bon
sous le rapport de la qualité, comme sous celui de la quantité, et rien
ne prouve la nécessité d'un régime gras quotidien comme le propose le
médecin. »
Pourtant
l'année précédente, le 17 août 1860, les services du ministère de
l'intérieur s'étaient inquiétés, auprès du Préfet, du nombre élevé de
malades dans la colonie.
Le
directeur de l'établissement, en accord avec le médecin,
avait fait distribuer du monton grillé aux enfants
menacés d'anémie.
En février 1861, le
directeur écrivait au Préfet, au sujet d'un vieux
bœuf malade qui venait de mourir :
« … son
état de maigreur ne me permettant pas d'en faire un service régulier,
sur l'avis du médecin, et après vérification de l'animal vivant et
mort, un service extraordinaire, en remplacement des légumes du soir, a
été donné à la population de la colonie. »
Il
convient de savoir que les ressources financières accordées à
l'établissement par l'administration s'élevaient à 1,50 franc par jour
pour un mulet (3 franc, s'il était attelé), 1 franc pour un bœuf et … 20 centimes pour un enfant.
Les
détenus, mis à part le blé qui rentrait en partie pour la confection du
pain, et une petite quantité de viande, ne consommaient pratiquement
que les produits de leur travail.
☐ pp. 83-84 |
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE colonies pénitentiaires et bagnes pour enfants | - Frédéric
Bertocchini (scénario) et Eric Rückstühl (dessin),
« Le bagne de la honte » 2 tomes, Ajaccio :
DCL, 2011
| - George Cadwalader, « Castaways : the Penikese island experiment », White River Junction (Vermont) : Chelsea Green publishing, 1988
- Alexis Danan, « L'épée du scandale », Paris : Robert Laffont, 1961
- Jean-Claude Gritti, « Les enfants de l'île du Levant », Paris : JC Lattès, 1999
- Jacques Prévert, « Chasse à l'enfant » in Paroles, Paris : Gallimard (Folio), 2004
- Daniel Robb, « Crossing the water : eighteen months on an island working with troubled boys », New York : Simon & Schuster, 2001
- Louis Roubaud, « Les enfants de Caïn », Paris : Bernard Grasset, 1925
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mise-à-jour : 7 mars 2017 |
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