Le Désir /
Sappho ; trad. du grec par Frédérique
Vervliet ; postface de Colette Fellous ; ill. de
Raphaël Drommelschlager. - Paris : Mille et une
nuits, 1994. - 47 p. : ill. ;
15 cm. - (La petite collection, 37).
ISBN 2-910233-42-1
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| On dit qu'il y a neuf Muses, voilà qui est bien sommaire ! Considérez aussi Sappho de Lesbos, la dixième.
☐ attribué à Platon | |
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ANDRÉ BONNARD : Quel
nom porte […] cette unique réalité que
Sapho cherche à connaître et
tente de nous révéler ? Quel est l'objet
dernier de sa passion ?
Faut-il […] douter de sa nature, douter du lieu
où se rencontrent, en
cette poésie, les plans convergents du double aspect du
réel ? Une
figure est assise qui l'attend sur l'arête de
l'être : Sapho s'élance
vers elle comme vers la possession d'un bien sans prix. Cet objet qui
la blesse et lui fait signe, et soudain se découvre
à elle dans la
grâce d'un geste ou l'éclat d'une fleur, de quel
nom la nommer, sinon
Beauté ?
☐ « Civilisation
grecque : de l'Iliade au
Parthénon »,
Paris : UGE (10/18, 74-75), 1963 — Sapho de Lesbos,
dixième muse, pp. 144-145
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COLETTE
FELLOUS :
[…] on ne sait rien de son visage, on suit juste le trajet
de
cette voix surgie aux alentours de la quarante-deuxième
olympiade, en 612 ou 608 avant notre ère. Elle n'est pas
inquiète de sa démarche Sappho, non, elle s'en va
tranquillement dans la nuit en fredonnant, elle, la grande aristocrate,
elle n'est pas du tout inquiète, non, car elle sait
très
bien que nous connaissons déjà tous les couplets
de sa
chanson.
C'est une mélodie qui habite
à l'intérieur de chacun de nous. Elle est
là,
tapie au même endroit depuis des myriades
d'années, et
régulièrement, elle frappe à la porte
et vient
nous réveiller. Elle a la couleur du désir. C'est
la
mélodie de l'attente, du tremblement devant le visage de
l'être aimé, devant son corps
dénudé, devant
l'univers tout entier qu'il embrasse dans chacun de ses gestes. La
mélodie de l'absence, du manque, de la solitude et des
grandes
prières adressées à Aphrodite, la
déesse de
la fécondité et de l'amour, celle qui a le
pouvoir
d'allumer la flamme des dieux autant que celle des vivants ou des
bêtes, la belle Aphrodite issue de l'écume des
vagues et
qui, si l'on écoute Homère, a su même
égarer
la raison de Zeus, le plus noble des dieux grecs, l'ami intime de la
foudre et de la lumière.
Très
vite donc, cette voix s'installe parmi nous et commence à
raconter. Elle a choisi de tout décrire, de tout
« oser ». C'est la
première fois qu'une
femme s'installe ainsi dans ces jardins et ces bocages
sacrés
qui constituent le cœur même de la civilisation
éolienne, ou encore sur la terrasse sacrée d'un
temple,
pour chanter inlassablement les plaisirs de l'amour.
☐ Postface, pp. 41-42
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EXTRAIT |
Il me paraît égal aux dieux
l'homme qui,
assis en face de toi, écoute ta douce voix et ton rire
charmeur
qui affole mon cœur.
Moi, à ta vue, je reste sans voix, ma
langue se
brise, la fièvre me brûle, mes yeux se brouillent,
mes
oreilles bourdonnent, je sue, je frissonne, je verdis, je croix mourir.
Mais il faut
oser …
☐ p. 7
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Sappho,
« Œuvres complètes »
trad. du grec par
Yves Battistini (éd. bilingue en 2 volumes),
Paris :
Atelier typographique Michel Chandeigne, 1991, 1994
- Sappho,
« L'Egal des
dieux » cent versions d'un
poème recueillies par Philippe Brunet, Paris :
Allia, 1998, 2004, 2019
- Sappho,
« Odes et fragments »
éd. bilingue trad.
du grec ancien et préfacée par Yves Battistini,
Paris : Gallimard (Poésie, 405), 2005
|
- Yves
Battistini, « Sapphô : la
dixième des muses », Paris :
Hachette, 1995
- André
Bonnard, « La poésie de Sappho,
étude et traduction »,
Lausanne : Mermod, 1948 ; Vevey :
Éd. de l'Aire (Le Chant du monde), 1996
- André
Bonnard, « Civilisation grecque : de
l'Iliade au Parthénon », Paris :
Union générale d'éditions (10/18,
74-75), 1963 ; Bruxelles : Éd. Complexe
(Historiques, 81), 1991
- Lawrence
Durrell, « Sappho »,
Paris : Gallimard, 1962
- Odysseus
Elytis, « Sappho »,
Athènes : Ikaros, 1985
- Bernard
Ledwidge, « Sappho, la première voix de
femme », Paris : Mercure de France, 1987
- Renée
Vivien (éd.),
« Sapho » contient des
fragments de Sapho en grec suivi de leur traduction en
français,
Cassaniouze : ErosOnyx, 2009, 2020
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mise-à-jour : 6 novembre 2021 |
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