Nimu / Jean-Pierre Santini. - Ajaccio : Albiana, 2006. - 401 p. ; 20 cm. - (Nera).
ISBN 2-84698-179-5
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9ème édition du Prix du Livre Insulaire : Ouessant 2007 |
livre
en compétition |
La scène est au Cap-Corse, un archipel de vallées intimes, en proie au long du premier tiers du XXIe siècle à des tourments
d'ampleur variable dont certains — pas les moins graves —
semblent affecter le reste du monde : dégradation
accélérée des formes les plus
élémentaires de sociabilité, déliquescence
de la lutte clandestine, mort violente autant qu'inexplicable d'un
prêtre, cataclysme naturel …
À l'évidence, Jean-Pierre Santini propose plus qu'un
simple « polar » empreint de science-fiction, et plus qu'un
regard sans complaisance sur quelques travers de la
société corse : « le monde, parfois, est à l'image des microcosmes. Ou inversement ».
L'inquiétude qui émane des meilleurs pages de « Nimu » — personne — n'est pas marquée par l'étrangeté ; elle paraît au contraire terriblement familière.
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OKUBA KENTARO : […]
André Malraux prétendait qu’avec Faulkner, le roman
policier pénétrait de plain pied dans le monde de la
tragédie.
[…] Jean-Pierre
Santini, par la longueur de ses phrases et leur architecture
somptueuse, appartient à l’école faulknerienne. Sauf qu’il pousse à un
degré presque ultime la philosophie désespérée du grand Sudiste. Les
hommes […] ne méritent plus de vivre, tout au moins dans le futur à
peine imaginaire de Nimu.
Personne, en Corse. Personne, car la prophétie de Foucault, le visage
de l’homme dessiné sur le sable et effacé par la vague, la malédiction
de l’humanisme s’achève ici. Sur une île noire et dépouillée de toute
chaleur, de toute couleur. Une île figée comme un cimetière abandonné,
dans le froid des marbres et les perspectives de gravier gris.
[…]
☐ Note de lecture, 24 octobre 2006 [en ligne] |
EXTRAIT |
Ce
jour-là, il n'avait pas voulu prendre la voiture. C'était
un véhicule en forme de caisse blanche, avec un hayon à
l'arrière, très pratique pour le transport du bois, mais
qui datait d'une trentaine d'années. Sa technologie
élémentaire nécessitait que l'on fût patient
au démarrage. D'une certaine manière, Polo y était
attaché, au point qu'il ne supportait pas que la rouille
envahisse la carrosserie. Il intervenait fréquemment avec des
produits plus ou moins efficaces pour tenter de stopper l'oxydation.
Bien que d'allure archaïque la voiture demeurait parfaitement
fiable. Son moteur tenait un ralenti lourd et régulier et
n'était-ce cette difficulté au démarrage à
cause d'une batterie trop souvent épuisée, Polo
l'eût utilisée plus souvent. Ces dernières
années, cependant, il avait pris goût à la marche,
entraînant dans son sillage cette pauvre Alice. Elle le suivait
avec peine mais obstinément comme pour éviter qu'il ne
poursuivît un jour son chemin inlassable, passe de l'autre
côté de la montagne, continuât plus loin encore,
atteignît la ville, le port, gravisse l'échelle de
coupée d'un navire en partance et ne disparût à
jamais dans les bleus changeants de la mer.
☐
pp. 107-108 |
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « “ Ils ” arrivent ! Ghjunghjenu ! », Barrettali : A Fior di carta, 2017
- « L'obscure patience d'aimer », Barrettali : A Fior di carta, 2017
- « La légende du moqueur », Barrettali : A Fior di carta, 2017
- « Enduro », Barrettali : A Fior di carta, 2016
- « L'herbe du bonheur dans l'eau de la malice », Barrettali : A Fior di carta, 2016
- «
Natalucciu : sintinella di memoria » bilingue
français et corse, Barrettali : A Fior di carta, 2016
- « Le racisme anti-corse, de Sénèque à nos jours », Barrettali : A Fior di carta, 2015
- « U Fronte turchinu », Barrettali : A Fior di carta, 2015
- « Commando FLNC », Barrettali : A Fior di carta, 2014
- «
Cronica di a Cunsulta naziunale : assemblée nationale
provisoire, 1976-2011 », Barrettali : A Fior di carta,
2014
- « Sanguine », Ajaccio : Albiana, 2014
- « La
mise amour et la mise à mort » aphorismes
», Barrettali : A Fior di carta, 2014
- « Biblios », Barrettali : A Fior di carta, 2014
- « Commando FLNC », Barrettali : A Fior di carta, 2013, 2017
- « L'ultimu », Barrettali : A Fior di carta, 2012
- « C'est toujours la même histoire », Porto-Vecchio : Clémentine, 2010
- « L'exil en soi », Porto-Vecchio : Clémentine, 2008
- « Comme
une aube à jamais » illustrations de Dominique
Casaux, Barrettali : A Fior di carta, 2007
- « Le rêve des îles est d'oublier la mer », Barrettali : A Fior di carta, 2007
- « L'intervenant », Barrettali : A Fior di carta, 2007
- « Paisoli di Barrettali » illustrations de Christian Bianchi, Barrettali : A Fior di carta, 2007
- « Isula blues », Ajaccio : Albiana (Nera), 2005
- « Corsica
clandestina », Ajaccio : Albiana (Nera),
2004
- « Indipendenza :
une Corse libre, démocratique et sociale »,
Nîmes : Christian Lacour, 2003
- « Un petit commerce de nuit », Nîmes : Christian Lacour, 2003 ; Barrettali : A Fior di carta, 2015
- « Corse, un froid au cœur », Nîmes : Christian Lacour, 2001
- « Petite anthologie du racisme anti-corse », Nîmes : Christian Lacour, 2001
- « Front de libération nationale de la Corse : de l'ombre à la lumière », Paris : L'Harmattan, 2000
- « Le
non-lieu », Paris : Mercure de France (L'Initiale, 11),
1967 ; Barrettali : A Fior di carta, 2017
| - Andria Costa, « Le sentier lumineux », Ajaccio : Albiana (Nera), 2008
- Andria Costa, « Les cercles du silence », in Nouvelles de Corse, textes choisis et présentés par Pierre Astier, Paris : Magellan (Miniatures), 2008
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mise-à-jour : 6 juin 2019 |
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