Karl von den Steinen

Kena, une légende du tatouage marquisien  Ha'akakai 'enata

Haere po

Papeete, 2014

bibliothèque insulaire

   
édité à Tahiti
livres sur les Marquises
parutions 2014
Kena, une légende du tatouage marquisien — Ha'akakai 'enata / Karl von den Steinen ; traduction du marquisien d'après le carnet de terrain de Hiva'oa 1897-1898 par Michael J. Koch ; présentation par Michael J. Koch, Denise et Robert Koenig ; cartes par Andreas Dettloff. - Papeete : Haere po, 2014. - 157 p. : ill., cartes ; 22 cm.
ISBN 9
78-10-90158-15-3
Aujourd'hui les bois sacrés sont enveloppés de silence et seul ose s'y aventurer l'étranger qui cherche des crânes ; les vieilles terrasses ont perdu leur ordonnancement et se transforment en chaos de blocs. Depuis longtemps, le crépuscule des dieux polynésiens s'est abattu de plein fouet sur tout l'archipel. Le lumineux Atea et ses frères sont retournés à la nuit dont ils étaient sortis — et personne ne le regrette. Mais il est dommage que nous arrivions trop tard pour éclairer encore un peu. Quand il faisait jour en Hawaii [Havaiki], il faisait encore bien sombre en ethnologie ; maintenant qu'il fait plus clair en ethnologie; il fait malheureusement nuit en Hawaii.

Karl von den Steinen, “ Voyage aux îles Marquises ” (1898), cité p. 16
       
La mission de Karl von den Steinen aux îles Marquises (entre fin août 1897 et fin février 1898) avait pour objectif la collecte d'objets destinés au Musée ethnographique de Berlin. C'était, comme il le constate dans la préface à l'édition originale des Marquisiens et leur art (1925), « cinquante ans trop tard (…) : les navires de commerce, les bateaux de guerre, des fonctionnaires toujours renouvelés avaient enlevé les trésors de l'ancienne culture ».

Le chercheur ne renonce pourtant pas et va s'attacher en parallèle à recueillir tout ce qui, dans les récits sacrés, contes et légendes des îles Marquises, pourrait permettre de mieux comprendre la civilisation qui a conçu et réalisé les trésors disparus — et dispersés depuis dans les musées et collections privées du reste du monde.

La collecte est menée avec passion et rigueur : « j'ai essayé de réaliser cette part la plus importante de ma mission en notant directement sous la dictée des vieux, hommes et femmes, de longues histoires, alors que je n'y comprenais pour l'instant que quelques mots ».

Cette quête de sens et de lumière prend toute sa mesure et son relief dans le recueil consacré à la légende de Kena qui réunit la copie photographique du carnet manuscrit où figure le texte marquisien recueilli par Karl von den Steinen — selon toute vraisemblance auprès de Tahia 'o te ani à Hiva Oa —, une transcription typographique littérale, une transcription adaptée à l'usage de la langue marquisienne telle qu'elle est aujourd'hui pratiquée, une traduction française et, enfin, un précieux ensemble de notes et commentaires permettant de situer la démarche de Karl von den Steinen et son objet.

La légende de Kena évoque deux pratiques sociales qui ont contribué à singulariser aux yeux du reste du monde les peuples océaniens : le surf et le tatouage ; elle évoque également un sujet plus controversé, le cannibalisme — mais ici Kena ruse pour dissuader un de ses oncles d'en poursuivre la pratique. En plusieurs occasions, Kena fait preuve de l'habileté qui, sous d'autres cieux, caractérise Ulysse aux mille tours. Si le récit éclaire la vie sociale aux îles Marquises, et ce en quoi elle se différencie du reste du monde, il révèle également des émotions universellement partagées : la plainte de Te-fi'o quand en suivant Kena elle s'éloigne de son village :
Lorsque je pense à mon pays, Ta'a'oa,
à ce qui a de la valeur pour moi, alors je pleure.
la douleur de Kena à la mort de Te-fi'o :
Noire est la nuit, la lune a disparu, elle est morte, morte.
C'est la nuit de Kena où Te-fi'o est morte ;
Comme pour déterrer des ignames, je creuse vers toi,
ma femme morte.
SOMMAIRE En guise de préface

Avant-propos
  • Culture matérielle et immatérielle
  • La méthode de von den Steinen
  • Notre édition
  • Comment écrire une langue non écrite ?
  • Une nouvelle traduction
  • Un mythe a-t-il un avenir ?
Le carnet de terrain, Hiva'oa 1897-1898

Transcriptions

Traduction
  • La généalogie de Kena
  • Surfer et ses conséquences
  • Les aventures amoureuses de Kena
  • Le tatouage magique de Kena
  • Le retour de Kena
  • L'amour retrouvé
  • La fuite de Te-fi'o et de Kena
  • La mort de Te-fi'o et la nuit de Kena
  • La pêche à la bonite avec Te-fe'ua
  • Le voyage à Havai'i
Postfaces
  • L'histoire du carnet de terrain marquisien
  • Karl von den Steinen, un mythe polynésien
  • Karl von den Steinen (1855-1929)
  • Bibliographie océanienne de Karl von den Steinen
Lexique
Remerciements
COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE

Kena
  • E.S. Craighill Handy, « Kena » received from Haapuani (Hiva Oa), in Marquesan legends, Honolulu : Bernice P. Bishop museum, 1930
  • Henri Lavondès, « Légende de Kena » reçue de Kaoro Gilmore (Fatu Iva), Journal de la Société des Océanistes, v. 104, 1997 (pp. 79-91)
  • Karl von den Steinen, « Le tatouage du héros Kena », in Les Marquisiens et leur art, vol. 1, Papeete : Au Vent des îles, Musée de Tahiti et des îles, 2016
  • Karl von den Steinen, « Le mythe du tatouage de Kena » d'après Tuaetahi narrateur à Hakahau (Uapou) et « Tutona et Kena » [d'après Tahia 'o te ani ?] de Atuona (Hivaoa), in L'art du tatouage aux îles Marquises, Papeete : Haere po, 2005
  • Karl von den Steinen, « Kena, tatoué par magie » présenté et adapté par Patrick Chastel in Mythes et légendes des îles Marquises, Papeete : Haere po, 2012
Karl von den Steinen

mise-à-jour : 5 avril 2016
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