La mer et le miroir,
commentaire de La
Tempête
de Shakespeare [éd. bilingue] / W.H. Auden ;
traduction de
l'anglais et présentation de Bruno Bayen et Pierre Pachet. -
Paris : Le Bruit du temps, 2009. - 154 p. ;
21 cm.
ISBN
978-2-35873-002-0
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the
sounded note is the restored relation.
la
note jouée, c'est la relation restaurée.
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Chapter/Chapitre III :
Caliban to the Audience / Caliban
au Public — pp. 126-127
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Continuation et commentaire
de la pièce de Shakespeare, le poème d'Auden fait
entendre tour à tour les principaux protagonistes une fois
la
représentation parvenue à son terme.
En préface,
l'entrepreneur du
spectacle — que l'on suppose porter la
voix d'Auden — s'adresse aux critiques,
évoquant après coup le temps suspendu du lever de
rideau, instant où le spectateur a “ ouvert son
cœur au
souriant secret dont rien ne sera dit ”. Au
premier chapitre, Prospero fait ses adieux à Ariel,
accomplissant la promesse faite durant la représentation. Le
chapitre suivant donne la parole aux seconds rôles, Antonio,
Ferdinand, Gonzalo, Adrian et Francesco, le Capitaine et le
Maître d'équipage, Sebastian, Trinculo et, enfin,
Miranda : “ Mon
Bien-Aimé est mien comme miroirs sont
solitaires ”. Au chapitre III, un
Caliban polymorphe prend
la parole en orchestrant un vertigineux jeu de miroirs et
d'échos où sonnent, s'échangent et se
cherchent
les voix alternées de Shakespeare et d'Auden, de Prospero,
du
public : “ Le
travail du dramaturge, dit-il, a été à
la fois de
représenter la vie dans sa médiocrité,
et
d'évoquer faiblement ce qu'elle pourrait être, ou
aussi
bien, à travers une œuvre imparfaite et
imparfaitement
représentée, de faire imaginer ce que serait
l'Œuvre accomplie ” 1. Après ce long
monologue en prose, le poème se referme sur un bref post-scriptum versifié
(comme les deux premiers chapitres) où Ariel chante un
accord
sans espoir : “ Tel est notre lot de
longtemps
(…) Un simple soupir qui s'enfuit … fuis ”.
Bruno Bayen souligne, dans un texte
introductif, l'importance du dispositif
scénique voulu par Shakespeare et repris par Auden.
L'île
y figure à la fois le monde et la scène,
bornés
l'une et l'autre par l'horizon marin :
“ Nous voici
face
à l'île déserte, car nous, spectateurs,
sommes d'un
côté de l'île, pendant que de l'autre
côté le navire s'éloigne vers l'Italie.
Il nous en
parvient des paroles, qui sont des poèmes (…)
à vrai dire oubliés (…). La
scène vide
d'acteurs, nos jumelles de théâtre ne servent plus
à rien. Il n'y a peut-être à voir que
des reflets
de lumière ou des machinistes en train de
démonter. ” 2.
1. |
Pierre Pachet, Postface, p. 137 |
2. |
Bruno Bayen, Le
temps de se démaquiller, p. 9 |
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EXTRAIT |
MIRANDA
My Dear One is mine as mirrors are lonely,
As the poor and sad are real to the good king,
And the high green hill sits always by the sea.
(…)
So, to remember our changing garden, we
Are linked as children in a circle dancing :
My Dear One is mine as mirrors are lonely,
And the high green hill sits always by the sea.
One link is missing, Prospero,
My magic is my own ;
Happy Miranda does not know
The figure that Antonio,
The Only One, Creation's O
Dances for Death alone.
☐
Chapter II : The
Supporting Cast, p. 68 |
MIRANDA
Mon Bien-Aimé est mien comme miroirs sont solitaires,
Comme
pauvres et fous sont réels au bon roi,
Et la
haute colline verte est toujours près de la mer.
(…)
Oui, en
souvenir de notre changeant jardin,
Nous nous
lions en une ronde comme font les enfants :
Mon
Bien-Aimé est mien comme miroirs sont solitaires,
Et la
haute colline verte est toujours près de la mer.
Un lien manque, Prospero,
J'ai ma magie à
moi ;
L'heureuse Miranda ne
connaît pas
La figure qu'Antonio,
L'Unique, Oméga de
la Création,
Danse pour la Mort, seul.
☐
Chapitre II : Les
Seconds Rôles, p. 69 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- «
For the time being » [For
the time being, a Christmas oratorio and The sea and the mirror : a
commentary on Shakespeare's The Tempest], New York :
Random house, 1944 ; London : Faber & Faber, 1945
- « The sea and the mirror : a
commentary on Shakespeare's
The Tempest » edited and with
an introduction by Arthur Kirsch, Princeton : Princeton
university press, 2003
|
- William Shakespeare, « La Tempête »
trad. de Pierre Leyris, Paris : Le Club français du livre,
1968
- William Shakespeare, « La Tempête »
trad. de François-Victor Hugo, Paris : RBA France, Le Monde, 2015
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mise-à-jour : 4 mai
2015 |
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