Nouvelles
de Corse / textes choisis et présentés par Pierre Astier.
- Paris : Magellan et Cie, 2008. - 134 p. ; 20 cm.
- (Miniatures). ISBN 978-2-35074-145-1
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| … la Corse, “ Île de Beauté ”, devrait être au cœur [des] préoccupations touchant à la bibliodiversité.
Pierre Astier, Avant-propos, p. 8 |
Dans
l'avant-propos, Pierre Astier recommande d'aborder la littérature dite
“ française ” en évitant le prisme de l'édition et des médias parisiens.
L'escale
littéraire en Corse se révèle alors particulièrement
riche ; en témoigne le court recueil “ Nouvelles de Corse ” où se
font entendre six voix — chacune à la fois singulière, corse et
universelle.
Si dans un cas, la scène est à Venise, dans tous
les autres elle est en Corse ou plus exactement quelque part en Corse. Mais le monde (le continent) forme un
arrière-plan jamais oublié ; point de fuite qui attire les uns et inquiète
les autres ; horizon d'espoir ou de menace …
Les
auteurs choisis par Pierre Astier sont Corses, à l'exception peut-être
de l'un d'entre eux — mais “ allez savoir qui est Kentaro Okuba ? Pas facile, facile … ” |
SOMMAIRE |
Pierre Astier, Avant-propos
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Andria Costa (Jean-Pierre Santini), Les cercles du silence
Cela
faisait une heure qu'il était en discussion avec l'adjoint et
les quatre conseillers municipaux. Il n'en était rien sorti de
tangible. Pas le moindre commencement d'explication. — Plus
personne ne sait ce qui se passe dans ce village ! C'est quand
même incroyable ! Autrefois on savait presque tout, et
maintenant, presque plus rien ! — Mais toi-même tu
n'as pas connu cette époque, répondit Mathieu Maurizi
d'une voix douce. Ni toi ni aucun d'entre nous. ☐ pp. 19-20 | Marcu Biancarelli, Natio Borgo Selvaggio
Le
jeune homme regarde son père, il ne sait plus qui est cet homme,
ni ne comprend plus pourquoi il l'a envoyé étudier
à Pise, il lui semble en fait qu'un univers épouvantable
les sépare tous deux. ☐ p. 47 | Archange Morelli, Pêche miraculeuse
“ Eh
bien, mon bon Léandro, voici au moins un individu
heureux ”, dit Matteo Malafuoco à son domestique en
lui désignant un pêcheur à la ligne assis, jambes
pendantes, sur un embarcadère de grosses planches qui
surplombait les rives ensoleillées du canale della Giudecca
à Venise, en ce joli matin de février. L'hiver qui
n'aime pas l'azur lumineux, la brise douce et les senteurs d'orangers,
s'en était allé très très loin vers le nord
terroriser les sapinières grises et les vallées brumeuses. ☐ p. 53 | Paul Milleliri, Christ est ressuscité
En
trempant une large tranche de pain dans mon bol fumant, je repensai
à notre procession. Une belle procession … Le
curé en tête, le Christ descendu de sa croix et
placé dans un linceul, porté par des bras vigoureux. Les
femmes et les enfants suivaient, un cierge allumé à la
main. Les hommes venaient derrière. Entre ces deux
communautés, Jacques-Alphonse et l'oncle Jean, les belles voix
du village, chantaient le Perdono mio Dio que
nous reprenions en chœur avec une grande conviction.
François, le coiffeur, apportait le concours de sa voix de
basse. Communiste stalinien, il expliquait, si on l'asticotait trop sur
cet apparent paradoxe, que la politique n'avait pas lieu d'être
dans un enterrement. Et ce soir, Christ ou pas, il s'agissait bien
avant tout de mener un homme en terre. ☐ pp. 77-78 | Eliane Aubert-Colombani, Le traître
Il
s'attarda sur une vieille photographie, celle d'un artilleur de
montagne dans son uniforme de la guerre de 14. Sous le verre, on avait
glissé la plaque ovale en aluminium du soldat, où
était gravé “ Ajaccio 2329 ”. Alicia se
rapprocha de lui. — C'est mon
arrière-grand-père, il a été tué en
1917, mon arrière-grand-mère a dû partir sur le
continent pour travailler, elle était très pauvre. —
Je comprends, vous êtes corse. Paul ne m'avait rien dit. Oh
celui-là ! J'ai cru que vous étiez une continentale. — Je suis à moitié corse, mais je ne parle pas corse, alors pour compenser j'écris sur la Corse. ☐ p. 96 | Kentaro Okuba, Composition sur table de dissection, avec fer à repasser
Il
y a un don naturel des Corses à organiser l'impossible. Les
travaux courants, simples et répétitifs, ne leur
siéent guère : pis, ils les dépriment. A quoi
ça sert de réparer, si tout se détruit tout le
temps ? Par contre, ils déploient dans le spectaculaire,
l'inutile, et surtout, le désespéré, une
énergie inconcevable : fomenter une révolution,
organiser un festival, provoquer un conflit électoral, toute
occasion est bonne à prendre. Surtout si elle conduit au fiasco. ☐ p. 126 |
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - Andria Costa, « Le sentier lumineux », Ajaccio : Albiana (Nera), 2008
- Jean-Pierre Santini, « Front de libération nationale de la Corse, de l'ombre à la lumière », Paris : L'Harmattan, 2000
- Jean-Pierre Santini, « Corsica clandestina », Ajaccio : Albiana (Nera), 2004
- Jean-Pierre Santini, « Nimu », Ajaccio : Albiana (Nera), 2006
| - Marcu Biancarelli, « Prighjuneri / Prisonnier », Ajaccio : Albiana, 2000
- Marcu Biancarelli, « San Ghjuvanni in Patmos / Saint Jean à Patmos », Ajaccio : Albiana, 2001
- Marcu Biancarelli, « 51 Pegasi, astre virtuel », Ajaccio : Albiana, 2004
- Marcu Biancarelli, « Murtoriu, ballade des innocents », Arles : Actes sud, 2012
- Marcu Biancarelli, « Massacre des innocents », Arles : Actes sud, 2018
| | | - Eliane Aubert-Colombani, « L'appel de l'île », Ajaccio : Albiana, 2007
| - Okuba Kentaro, « Corse de cœur et Japonais de nation » in La Corse au miroir du Japon, Fora — La Corse vers le monde, 1, été/automne 2007
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mise-à-jour : 5 juin 2019 |
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