4ème édition du Prix du Livre Insulaire
(Ouessant 2002)
prix fiction |
San Ghjuvanni in
Patmos - Saint Jean à Patmos / Marcu Biancarelli ;
éd. bilingue, trad. du corse par l'auteur, Jérôme
Ferrari et Didier Rey. - Ajaccio : Albiana, 2001. - 93-100 p. ;
22 cm.
ISBN 2-905124-97-0
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PHILIPPE-JEAN CATINCHI : Révélé
par Prighjuneri,
un formidable recueil de nouvelles livré en version bilingue
chez Albiana, ce qui eut l'intelligence de ne pas réserver
un propos brutalement nécessaire aux seuls corsophones,
Biancarelli traque avec un esprit de révolte inentamé
la violence et la mesquinerie, le sordide et le féroce
à l'oeuvre dans les destinées humaines. Dans San
Ghjuvanni in Patmos, écrivain juif allemand fuyant
la barbarie, conquistador niant l'âme indienne, captif
des geôles algériennes, républicain espagnol
ou résistant corse, simple promeneur parcourant l'arrière-pays
insulaire, le personnage de Biancarelli découvre où
qu'il se tourne l'universalité de la noirceur, avant même
l'inéluctable violence. Fruit d'un héritage impossible
à récuser, « Le mort envahit le vivant,
l'imprègne pour toujours, le tue à petit feu, le
tourmente à jamais, lui infuse son venin. »
Offrant en prime à la langue corse des voies nouvelles
dans l'expression littéraire. Ce qui est sans doute d'une
force plus déterminante encore.
☐ Le Monde des livres, 19 avril 2002
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EXTRAITS |
Nul ne comprend rien à
Patmos, et il n'y a rien à comprendre. Il n'y a jamais
rien eu à comprendre nulle part, d'ailleurs, je crois.
C'est seulement un monde terrible, et Patmos en est la substance
même. C'est ça, Patmos est la substance du monde.
Ou c'en est la fin, la relégation finale du monde. Il
existe un endroit sur la Terre qui semble être là
pour symboliser ad vitam aeternam la fin de tout esprit
humain, un endroit qui dit ce que les êtres possèdent
de plus sale dans le fond de leur âme, qui interroge chacun
et affirme que les hommes ne sont pas les hommes, qu'ils sont
juste une meute de chiens, sourds et effrayants, cruels et malsains.
Tous les êtres sont ainsi. Patmos le dira pour des siècles
et des siècles.
☐ pp. 6-7 | Je ne savais plus si Patmos était
un morceau à l'écart du monde ou si Patmos était
le monde tout en entier. Je ne comprenais plus si l'île
était une réduction de toute la misère humaine,
ou si le monde en son entier était semblable à
Patmos, et je ne croyais plus qu'il existât un monde ailleurs
sans les plaies de l'île. Je ne réussissais plus
à comprendre quoi que ce soit, en fait, et l'univers me
semblait un univers de désespoir.
☐ pp. 12-13 |
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| ÉLÉMENTS BIBLIOGRAPHIQUES | - « Viaghju in Vivaldia », Corte : Le Signet, 1999
- « Prighjuneri
/ Prisonnier » nouvelles traduites du corse par
Jérôme Ferrari, Ajaccio : Albiana, 2000 —
Prix du Livre Insulaire, catégorie fiction, Ouessant
2001
- « Parichji dimonia »,
Ajaccio : Albiana, 2002
- « 51 Pegasi, astru virtuali », Ajaccio : Albiana, 2003
- « 51 Pegasi, astre virtuel », Ajaccio : Albiana, 2004
- « Stremu miridianu », Ajaccio : Albiana, 2007
- « Extrême méridien », Ajaccio : Albiana, 2008
- « Vae victis, et autres tirs collatéraux », Calvi : Materia scritta, 2010
- « Cosmographie :
chroniques littéraires, 2009-2010 / Cusmugrafia :
cronichi literarii, 2009-2010 » trad. française par
Olivier Jehasse, Alata : Colonna, 2011
- « Murtoriu » trad. du corse par Jérôme
Ferrari, Marc-Olivier Ferrari et Jean-François Rosecchi, Arles : Actes
sud, 2012
- « Orphelins de Dieu », Arles : Actes sud, 2014
- « Massacre des innocents », Arles : Actes sud, 2018
| - « Le poulpe, la langouste et la murène », in Ici la Corse / Corsica calling, Mediterraneans / Méditerranéennes, n° 12, août 2001
- « La Presqu'île des Pas Perdus », in Terra Kerguelensis Incognita collectif illustré par Catherine Bayle, Matoury (Guyane) : Ibis rouge, 2005
- « Natio Borgo Selvagio », in Nouvelles de Corse, textes choisis et présentés par Pierre Astier, Paris : Magellan (Miniatures), 2008
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mise-à-jour : 6 juin 2019 |
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