Rencontres avec Samuel Beckett
/ Charles Juliet. - Paris : P.O.L, 1999. -
71 p. ; 19 cm.
ISBN 2-86744-701-1
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : Ce livre
contient le récit des quatre rencontres de Charles Juliet
avec Samuel Beckett, en 1968, 1973, 1975 et 1977. La parole de
l'écrivain — le récit de ses doutes,
l'histoire de sa longue ascèse — y est
scrupuleusement recueillie mais ses gestes, ses regards y sont aussi
décrits avec précision, ses attitudes, tout ce
qui faisait de lui un homme hors du commun, plongé dans une
recherche sans terme ni bornes, immédiatement sensible
à sa lecture comme à son contact.
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CHARLES JULIET |
J'étais allé [voir Samuel
Beckett] parce que Bram van Velde m'y avait poussé. Je l'ai
rencontré à quatre reprises …
Ce furent là pour moi des moments importants. Je lui ai
posé des questions sur lui et sur son
œuvre … C'était un personnage
très impressionnant, grave, concentré, qui
parlait très peu … On le sentait
hypersensible … J'ai gardé en
mémoire tout ce qu'il m'a dit et pour ne pas le perdre, je
l'ai noté … Son œuvre a eu
pour moi une grande importance. Je l'ai lue à une
époque où j'étais quelque peu
semblable à ses personnages. Je me retrouvais dans ses
héros, dans leur impuissance à
vivre … Après j'ai poursuivi mon chemin
et je me suis éloigné de cet univers. C'est
d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai
préféré ne pas retourner le voir,
quand bien même, chaque fois, il m'avait gentiment
invité à revenir … Cette
œuvre avait sur moi un pouvoir mortifère et j'ai
compris qu'il valait mieux que je m'en
détourne …
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propos
recueillis par Rodolphe Barry : « Charles
Juliet et son parcours », Paris : Les
Flohic (Les Singuliers), 2001
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[…] Beckett n'a pas pu, n'a pas voulu
sortir de sa souffrance. Bien que je ne le lise plus depuis longtemps,
bien que je ne me réfère plus à ce
qu'il a écrit, il me reste proche. Il est de la famille des
Hölderlin, des Van Gogh, des Artaud, et quand je pense
à eux, à lui, à ce qu'ils nous ont
donné, c'est chaque fois avec une profonde compassion, une
infinie gratitude.
☐
« Une
œuvre-miroir », Le Monde des livres,
2 juin 2006
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EXTRAIT |
Je lui
demande (…) des nouvelles de sa santé. Il m'en
donne. Puis la conversation glisse sur la vieillesse.
—
J'ai toujours souhaité avoir une vieillesse
active … L'être ne cessant pas de
brûler alors que le corps fout le camp …
j'ai souvent pensé à Yeats …
Ses meilleurs poèmes, il les a écrits
après soixante ans …
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Charles Juliet,
« Rencontres avec Samuel
Beckett », Montpellier : Fata Morgana, 1986
- Charles Juliet, « Conversations
with Samuel Beckett and Bram van Velde ” translated
by Tracy
Cooke, Aude Jeanson, Axel Nesme (et al.), Champaign (Ill.),
London : Dalkey archive press, 2009
|
- Samuel
Beckett, « En
attendant Godot », Paris :
Éd. de Minuit, 1991
- Samuel
Beckett, « Molloy »,
Paris : Union générale
d'éditions (10/18, 81-82), 1971
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mise-à-jour : 2 avril 2021 |
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