L'idiot en herbe
/ Patrick Kavanagh ; trad. de l'anglais (Irlande) par John
Moran. - Rennes : Terre de brume, 1998. - 308 p. ;
24 cm. - (Bibliothèque irlandaise).
ISBN 2-84362-018-X
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Dans ce récit autobiographique,
Patrick Kavanagh (1904-1967) évoque, avec une tendresse
mêlée d'ironie, ses années de formation à
Iniskeen (Co. Monaghan), soit les joies et le peines de la vie
rurale en Irlande au début du XXe siècle
et l'éveil d'une sensibilité qui s'accorde sans
contrainte au génie des lieux : l'esprit des poètes
de l'antiquité irlandaise rôdait parmi les peupliers.
Dès les premières
années d'école un appel se fait entendre impérieusement ;
c'est, par exemple, la voix d'une fille en train de lire un
poème (…) c'était comme si je m'étais
trouvé en présence d'un magicien ; ce qui,
en fait, était la vérité car il y avait
bel et bien de la sorcellerie dans ces vers (…), ce poème
fit naître en moi pour la première fois certains
sentiments qui échappent au domaine de la raison.
Kavanagh ne cessera par la suite
de côtoyer la poésie, poésie naturelle du
monde qui l'entoure, poésie des livres qui élargissent
son horizon, au point qu'un jour il prend à pied le chemin
de Dublin pour y rencontrer, entre autres, l'une des célébrités
du monde littéraire de l'époque, AE (George Russell).
Au dernier chapitre, Kavanagh se rend à Londres où
il passe quelques mois ; le retour est un soulagement :
lorsque je me fus retrouvé parmi mes collines et que
j'eus conversé de nouveau avec les gens du pays, je regardai
au cœur même de la vie et je trouvai qu'elle était
bonne.
Au-delà commence une œuvre,
celle d'un des plus grands poètes irlandais, complètement
ignorée, faute de traduction 1, des
lecteurs français !
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EXTRAIT |
Dans notre région fleurissait
jadis un riche peuple de mendiants, tous plus bigarrés
les uns que les autres, d'une noblesse et d'une fierté
pleines d'ironie. Quand je me rappelle leurs allures fabuleuses
et leurs pittoresques sobriquets, je me rends compte que sous
la marche du progrès tout un monde de poésie a
rendu l'âme. Il ne s'agissait pas de gueux de caniveau,
mais d'un vrai peuple des chemins, à la sensibilité
hautement romantique. Biddy Dundee, Barney the Bottle, Paddy
the Bread, Mary Ann Plaintain, autant de noms qui ne furent pas
imaginés par des esprits vulgaires. Ces vieilles existences
nomades témoignaient d'une vie profondément poétique.
Ils passaient tous à la maison, non pas pour mendier,
mais pour vendre les pommes de terre et la farine qu'ils venaient
de se procurer auprès des fermiers.
☐ p. 62
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « The green fool », Londres : Michael Joseph, 1938
| - « Collected poems »
ed. by Antoinette Queen, Harmondsworth : Penguin books,
2005
- « Tarry Flynn »
trad. par Renée Kérisit, Paris : Marval, 1994 ;
10/18 (Domaine étranger, 3237), 2000
- « Vaincu par l'amour », Paris : Anatolia, 2007
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mise-à-jour : 21 juin 2007 |
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