Au pays du long nuage
blanc : Journal Wellington, août 2003-janvier 2004
/ Charles Juliet. - Paris : P.O.L, 2005. - 200 p. ;
21 cm.
ISBN 2-84682-058-9
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“ Quand on arrive
en Nouvelle-Zélande, on se sent forcément loin
de chez soi. ”
En résidence durant cinq mois au pays du long nuage
blanc 1, Charles Juliet tient son journal où
s'exprime un remarquable dédoublement — l'auteur
n'est pas moins présent au chez soi qu'il a quitté
qu'à la terre qui l'accueille ; de l'un à
l'autre, de fréquents chemins de traverses déplaçent
points de vue et perspectives.Un rêve, une rencontre,
une lecture … autant d'occasions au hasard desquelles
s'engage un dialogue qui se joue autant de la distance mesurée
entre les antipodes que de l'écart entre les âges
de la vie.Fraîchement débarqué,
Charles Juliet visite la mainson natale de Katherine
Mansfield — “ Quelle femme attachante. ” — ; aussitôt, se mêlent les temps et se
brouille la géographie : “ cette visite
a fait remonter en moi l'amitié que je lui porte ”.
Plus loin, il éprouve la sensation physique de “ vivre
ce qu'elle avait écrit ”, se prend à
la tutoyer.Cette échappée
au pays du long nuage blanc est le voyage intérieur
d'une conscience à l'écoute. 1. | Ce serait au IXe
siècle que des Maoris, venant de Polynésie, auraient
découvert une des deux îles qui, neuf siècles plus
tard, allaient recevoir le nom de Nouvelle-Zélande. Selon la
légende, alors qu'ils étaient de retour dans leur lieu
d'origine, ils auraient parlé de cette île en
disant : Au pays du long nuage blanc. — Charles Juliet. |
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EXTRAITS |
Rêvé à Beckett.
J'étais allé le voir et nous marchions quelque
part, en un lieu impossible à décrire. Je n'avais
rien à lui dire et j'étais écrasé
par une profonde tristesse. À l'instant où je l'ai
quitté, il s'est étonné que je sois resté
à ce point silencieux, car lors de nos précédentes
rencontres, je l'avais harcelé de questions.
☐ p. 39 | Cet après-midi, nous nous
sommes longuement promenés avec Elsa sur le front de mer.
Large trottoir avec, à intervalles réguliers, des
araucarias. Le vent soufflait avec violence. Une belle lumière.
La mer verte et blanche d'écume. Les nuages filant à
vive allure. En bordure de la route, de très jolies maisons
en bois, de teintes pastel, certaines d'une architecture peu
courante.
Sur notre parcours, nous avons
trouvé une dalle carrée, horizontale, posée
à cinquante centimètres du sol, prenant appui pour
une part sur le mur contre lequel venaient d'écraser les
vagues. Sur cette dalle est gravée un texte de Katherine
Mansfield disant que lorsque ici le vent souffle, un homme qui
marche donne l'impression de tituber et peut être pris
pour un ivrogne. En lisant ce texte, alors que nous étions
repoussés par les rafales, que nous ne parvenions pas
à nous tenir droits, que nous reculions pour aussitôt
avancer, nous vivions ce qu'elle avait écrit.
☐ pp. 45-46 | Un après-midi passé
au War Memorial Museum. De remarquables collections d'art polynésien.
Une pirogue de guerre de trente mètres de long, taillée
dans un tronc de totara géant et pouvant transporter quatre-vingt
guerriers. À mon plaisir s'est ajoutée l'émotion
qui m'a envahi quand je me suis soudain rappelé que lors
d'une escale à Auckland, Gauguin avait admiré ces
mêmes objets, cette même pirogue.
☐ pp. 81-82 | Les pionniers ont trouvé
ici d'immenses forêts où s'élevaient des
kauris, ces arbres qui se dressent jusqu'à trente mètres
de hauteur, dont le tronc ne comporte aucune branche, aucun nœud,
et qui peuvent vivre jusqu'à trois mille ans. Malheureusement,
ces arbres ont été décimés, et il
n'en subsiste plus beaucoup.
Souvent on a brûlé
le bush en dehors de toute nécessité. On m'a expliqué
qu'il y avait sans doute à cela des raisons irrationnelles.
Le bush est tellement impénétrable qu'il inquiétait.
Ce serait pour mettre fin à la crainte qu'il suscitait
que, bien souvent, on a voulu le faire disparaître. Ainsi
voit-on maintenant des régions entières de collines
et de montagnes complètement nues.
☐ pp. 142-143 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Charles Juliet, « Au pays du long nuage blanc », Paris : Gallimard (Folio, 4764), 2008
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- « Nouvelle-Zélande =
Aotearoa » dossier contenant des textes de Charles Juliet,
Samuel Butler, David Collin (et al.), Lyon : Hippocampe
(Hippocampe, 4), 2010
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- Charles Juliet, « Rencontres avec Samuel Beckett »,
Montpellier : Fata Morgana, 1986 ; Paris : P.O.L.,
1999
- Charles Juliet, « Jean
Reverzy », Paris : L'Échoppe, 1992
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mise-à-jour : 11 mars 2020 |
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