Beckett : biographie
/ James Knowlson ; trad. de l'anglais par Oristelle Bonis. -
Arles : Solin : Actes Sud, 1999. -
1115 p.-XXXII p. de pl. : ill. ;
24 cm.
ISBN 2-7427-2045-6
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : Samuel
Beckett est né le 13 avril 1906 à Dublin, dans
une famille irlandaise protestante. Après des
études de français, il arrive à Paris,
en 1928, en qualité de lecteur d'anglais rue d'Ulm. C'est
à cette occasion qu'il fait la connaissance de James Joyce,
et c'est en partie sous son influence qu'il choisit de devenir
écrivain.
Polyglotte,
passionné par les langues, il traduit du français
ou de l'italien en anglais (il relira Dante jusqu'à la fin
de ses jours), s'intéresse à la philosophie,
écrit de la poésie que publie Nancy Cunard. En
1938, tandis que son roman Murphy est
édité — sans succès
— à Londres, il commence à
écrire en français et choisit de s'installer en
France. Membre actif de la Résistance au cours de la
dernière guerre, il échappe de peu, avec sa
compagne Suzanne Deschevaux-Dumesnil, à la Gestapo qui a
démantelé le réseau auquel il
appartient.
Si quelques nouvelles en
français sont publiées après la
guerre, il faudra attendre 1950 pour que Jérôme
Lindon lise Malone meurt, L'Innommable
et Molloy,
et les publie aux Editions de Minuit, inaugurant ainsi une relation
exemplaire entre un éditeur et un auteur.
En attendant Godot paraît en 1952 et
marque le début d'une extraordinaire aventure
théâtrale, qui se déroulera avec sa
participation active. Prix Nobel de littérature en 1969, il
reste fidèle, sans rien changer à son mode de
vie, à des engagements qu'il juge essentiels. Et de la
même façon qu'il est intervenu pendant la guerre
d'Algérie, il prend au nom des droits de l'homme la
défense des peuples opprimés d'Europe de l'Est et
de dissidents tel Vaclav Havel.
Reconnu dans le monde entier
comme un des grands écrivains du siècle, Beckett
meurt en 1989 dans une modeste maison de retraite. Fruit d'une immense
admiration et d'un travail rigoureux, cette biographie
autorisée, riche de très nombreux documents
inédits, dévoile un écrivain
terriblement humain, plein de compassion pour ses semblables,
étonné jusqu'au bout de
« pouvoir continuer ». Une
œuvre aussi où, comme le lui disait Charles Juliet,
« toute la condition humaine se trouve
exprimée en quelques mots : l'attente, la
détresse, l'espoir, l'amour, la
mort … ».
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EVELYNE
PIEILLER : En fait, il
n'y a, au fil des mille pages de cet ouvrage, rien à
strictement parler d'ébouriffant : mais on a peu
à peu le sentiment d'approcher un Beckett concret, et le
concret des textes.
[…]
Bien
sûr, on connaissait, on croyait connaître
l'essentiel … On connaissait les grandes dates, les
grands tournants. Sa naissance, le 13 avril 1906, un vendredi saint,
dans le comté de Dublin, au sein d'une famille
aisée, protestante, loyaliste. On n'avait pas
forcément mesuré pour autant combien l'Irlande
est centrale, cette Irlande qui connaît en 1916 les terribles
« Pâques sanglantes »,
puis, en 1922, la partition ; cette Irlande où
renaît un théâtre qui, avec Yeats et
surtout Synge, comptera durablement pour lui. Désormais, on
peut apprécier combien Beckett était
fastueusement imprégné de l'humour irlandais,
virtuose, insolent. On découvre combien cette enfance, cette
jeunesse vont nourrir l'œuvre de paysages,
de gestes, reconstruits, ressaisis. A propos de Pas
moi, Beckett ainsi dira :
« J'ai connu cette femme en Irlande ; pas elle
en particulier, une femme unique, mais il y en avait tant
de ces vieilles qui trébuchaient dans les
sentiers » …
[…]
C'est
là la délicate beauté
de cette biographie : elle nous permet d'apprendre
dans quels mondes vivait Beckett : un monde irlandais,
où la pyschanalyse est illégale — c'est
pour ça qu'il entreprend une cure
à Londres —, où
règne le puritanisme, qu'il soit protestant ou catholique,
où Beckett lui-même, après tant
d'autres, sera soupçonné
d'obscénité, y compris par sa mère,
ce qui n'empêche pas cette dernière de
payer son analyse ; un monde de l'exil, Londres ou Paris,
où brille la liberté de dire ; un monde
intérieur, qui s'élabore dans les livres, lus,
écrits.
☐
Magazine
littéraire, Janvier 1999 1
1. |
Le dossier du
Magazine Littéraire,
« Beckett raconté par les siens »,
réunit par ailleurs des contributions et interviews de John
Banville, Ludovic Janvier, John Calder, Roger Kempf,
Gilles Costaz, Etienne Bierry,
Joël Jouanneau, Philippe Adrien, Pierre
Vincent, Alain Satgé, Jean
Martin, Alfred Simon, Jean Roudaut, Martha Fehsenfeld et
Charles Krance. |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Damned
to fame : the life of Samuel Beckett »,
London : Bloomsburry, 1996
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- Samuel
Beckett, « En
attendant Godot », Paris :
Éd. de Minuit, 1991
- Samuel Beckett, « Molloy »,
Paris : Union générale
d'éditions (10/18, 81-82), 1971
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mise-à-jour : 2 avril 2021 |
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