Jean-François Bizot

« Haïti : voodoo rendez-vous », in : Vaudou & compagnies

Actuel / Editions du Panama

Paris, 2005

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Haïti
parutions 2005
Vaudou & compagnies : histoires noires de Abidjan à Zombies / Jean-François Bizot. - Paris : Actuel, Éd. du Panama, 2005. - 372 p. : ill. ; 23 cm.
ISBN 2-7557-0022-X
Jean-François Bizot (1944-2007) se défiait des historiens — ceux qui fabriquent l'histoire officielle qu'on retrouve dans les manuels scolaires — autant que de la majorité des journalistes professionnels. Au seuil d'une enquête sur l'Afrique il ne manque pourtant pas de références, à défaut de modèles, évoquant successivement le Père Huc, Albert Londres, Hunter S. Thompson ou Jean Rouch. De quoi suggérer qu'il n'entend pas s'enliser sur des sentiers battus et rebattus.

Or quand il se rend en Haïti, rocher africain en mer Caraïbe, c'est pour enquêter sur le Vaudou et les zombis — thèmes de prédilection d'une certaine presse prompte à stigmatiser le primitivisme d'un peuple déliquescent ou matrice inépuisable pour les réalisateurs de films d'horreur. Mais l'enquêteur reste fidèle à l'ambition affichée dans une préface exigente ; sans dissimuler la sympathie qu'il éprouve envers ceux qu'il rencontre, sans rien renier de sa propre personnalité, il s'efforce en multipliant les rencontres de comprendre une réalité qui échappe aux stéréotypes de la pensée occidentale. Jean-François Bizot, écoute et enregistre, ne juge pas, s'emporte parfois, ne renonce jamais à l'humour.

C'était en 1987, peu après la chute de Jean-Claude Duvalier : « Je conseille de ne pas rater … le mois qui suit les révolutions. On fait toutes sortes de rencontres quand les coulisses sont dans la rue » (p. 226). Ces circonstances ajoutent à l'intérêt d'un reportage bref (pp. 226-257) mais incandescent.
EXTRAIT Je demande au jeune médecin les causes des maladies mentales en Haïti. « Délire de persécution, peur du sorcier, du voisin, épilepsie, schizophrénie, malnutrition. La plupart des malades vous diront qu'un hougan leur a jeté un sort. Mais ne condamnez pas le vaudou. Par quoi le remplacer ? Dans les campagnes, le vaudou joue un rôle social formidable. Pendant les cérémonies de possession, les névrosés peuvent transférer leurs délires sur les esprits. Le mysticisme sert de soupape. Quand ça ne va pas, les gens vont d'abord voir le houngan. Si ça ne marche pas et qu'ils sont catholiques, ils se convertissent au protestantisme dans l'espoir de se rapprocher de la protection divine. Je ne vois arriver que ceux qui ont épuisé tous ces expédients.
Comprenez bien que le Haïtien a toujours supporté sa misère avec l'espoir des impuissants. On lui dit : Tout dépend de la récolte du café ou Attends la récolte de canne à sucre. Quand la récolte n'est pas bonne, hop, c'est la bouffée délirante et puis ça retombe au bout de quinze jours dans l'attente séculaire. Cela dit, ça ne s'améliore pas chez les jeunes qui ne vont plus chez les houngan. Cette année, j'ai vu passer deux suicidés à cause d'un échec au bac. » Paradoxe. Quand la magie s'envole, le Haïtien ne rigole plus.

pp. 238-239
COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
d'autres éclairages sur le Vaudou

mise-à-jour : 31 juillet 2010

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