Dettloff / Andreas
Dettloff ; texte de Riccardo Pineri. - Papeete :
Éd. Le Motu, 2002. - 70 p. :
ill. ; 22x24 cm. - (Plasticiens d'Outre-mer).
ISBN 2-915105-01-4
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Riccardo Pineri a participé
(2000-2005) au jury du « Prix du Livre Insulaire »
d'Ouessant. |
Au premier abord, le travail
d'Andreas Dettloff semble tourner en dérision les apparences
les plus immédiatement perceptibles
— pour un œil
étranger — de la culture graphique
polynésienne.
Mais la charge de cet artiste
allemand installé à Tahiti depuis 1989 vise une autre cible ; elle met,
joyeusement, en cause le regard occidental — devenu,
aujourd'hui, celui des Tahitiens
eux-mêmes — sur un monde de formes que,
faute de pouvoir les comprendre immédiatement, il
s'ingénie depuis le temps de la “ découverte ”
à dénaturer, aussi bien dans la peinture que, par
exemple, dans les panneaux publicitaires.
Les tiki détournés,
crânes
ornés et désacralisés, Marquesan beauties,
boucliers virtuels
et autres traces de
culture ont le double mérite d'inciter
les uns (“ nous ” ?)
à remonter au-delà d'une imagerie conventionnelle
et d'encourager les autres
(“ eux ” ?) à
prendre le risque de faire vivre des formes neuves sans renier
l'héritage.
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EXTRAIT |
En arrivant en Polynésie, Dettloff ne
regarde pas avec des clins d'œil la
réalité, il ne participe pas à la
fabrique des images saint-sulpicienne de Tahiti mais il constate
l'usure des mémoires et des signes, il comprend que l'image
survalorisante de la
« Polynésie-paradis »
est un écran produit par la culture occidentale, une mise en
scène de l'origine inaltérée, au
même titre que l'image coloniale du « bon
sauvage ». Depuis les bouleversements
économiques et anthropologiques des années 1960,
l'image de Tahiti produite ailleurs et intégrée
comme « nature » ne cesse de se
confronter avec la tentative de la part de la culture
polynésienne renaissante de trouver son image
véritable, entre l'héritage culturel et
l'invention du nouveau.
[…]
En partant de son versant européen le
travail de Dettloff participe pleinement à la
nécessité de transformer le conflit entre
« identité » et
« différence » du plan
du « fantasme » au domaine de la
confrontation des « formes »,
dont l'enjeu est la reconnaissance et non uniquement
l'échange et le troc d'imagerie.
☐ pp. 7-13
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Andreas
Dettloff, « Comment trouver une nouvelle
signification
à l'objet ancien ? », Bulletin
de la
Société des études
océaniennes, 267,
septembre 1995
- Andreas
Dettloff,
« Les graphismes marquisiens à Papeete,
laboratoire
des rencontres improbables » in Carol Ivory (dir.), Matahoata, arts et
société aux îles Marquises,
Arles : Actes sud, Paris : Musée du Quai
Branly, 2016
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- Riccardo Pineri,
« L'île
matière de Polynésie »,
Paris : Éd. Balland, 1992 ;
Papeete : Éd.
Le Motu, 2006 (nlle éd. revue et augmentée)
- Riccardo Pineri,
« Adriaan
Herman Gouwe, peintre de Polynésie »,
Taravao (Tahiti) : Éd. Avant et Après,
1998
- Riccardo Pineri
(dir.), « Paul
Gauguin : héritage et confrontations »,
Papeete : Éd. Le Motu, 2003
- Riccardo Pineri,
« Joan
Abelló en Polynésie »,
Mollet del Vallès : Museu
Abelló ;
Papeete : Musée de Tahiti et des îles,
2007
- Riccardo Pineri,
« Chroniques
du temps volé »,
Papeete : 'Api Tahiti, 2014
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| Les artistes de Tahiti et ses îles : Andreas Dettloff |
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mise-à-jour : 5
février 2015 |
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